Dans les études portant sur les confessions, ou plus précisément l’espace du religieux dans les sociétés moyen-orientales, on trouve pléthore de travaux qui mettent en rapport religion et frontières. Toutefois, ces travaux traitent la notion de frontière dans son acception classique, celle de l’enveloppe de la souveraineté nationale. Beaucoup plus rarement, la frontière fait l’objet d’un traitement spécifique, d’un angle d’attaque pour la recherche ou au moins l’objet d’une problématisation.
Le présent travail se centre sur l’évolution et les changements intervenus, surtout depuis le début de la révolte syrienne en 2011, dans les régions frontalières libano-syriennes, en explorant les relations que les acteurs et militants libanais de différentes confessions entretiennent avec les régions frontalières.
Deux axes de recherches sont envisagés. Dans un premier temps, nous voudrions suivre la nature des liens qui se sont formés entre les communautés confessionnelles de la région frontalière du Nord (y compris de la Bekaa Nord) entre sunnites et alaouites d’abord, mais aussi avec les chrétiens et les chiites, en tant qu’elles apparaissent toutes liées à l’espace et au pouvoir syrien. L’objectif est ici de comprendre les vecteurs de l’articulation entre les trois pôles conceptuels que sont le pouvoir, l’espace et l’altérité. On pourra ainsi mieux apprécier comment les différents groupes ont élaboré leur relation à l’espace, à la fois symboliquement et empiriquement, sur le terrain urbain tripolitain, mais aussi dans la région frontalière libano-syrienne, avant et après 2011.
Dans un second temps, il s’agira d’observer les usages militants de la frontière, tant du côté sunnite que chiite, pour comprendre l’effet paradoxal qu’ils produisent dans le redoublement de la frontière identitaire entre les groupes alors qu’on a pu observer un effacement de la frontière libano-syrienne comme limite de leur influence. Ce second axe devrait également permettre de souligner la nature profondément politique des enjeux qui traversent et médiatisent cette articulation entre frontière et religion.
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