À la suite de l'attentat qui a frappé les fidèles de deux mosquées de Christchurch le 15 mars 2019, le site Religioscope a enregistré de très nombreuses visites d'internautes en quête d'informations sur l'islam en Nouvelle-Zélande. Le seul article que nous avions publié à ce sujet remonte à 2004. Les données statistiques concernant la population musulmane de ce pays ont bien sûr évolué depuis. Afin de répondre aux interrogations de nos lecteurs, nous disposons heureusement d'une étude publiée en 2017 dans une revue spécialisée sur les minorités musulmanes par Yaghoob Foroutan, professeur associé de l'Université de Mazandaran (Iran), qui collabore également avec des universités d'Australie et de Nouvelle-Zélande.
La Nouvelle-Zélande comptait 6.000 musulmans en 1991, 36.000 en 2006 et 46.000 en 2013. Selon les projections, elle pourrait dépasser le nombre de 100.000 en 2030 et atteindrait alors 2 % de la population. Pour l'instant les minorités hindoue (1,6 %) et bouddhiste (1,3 %) sont plus nombreuses. La moitié de la population est encore chrétienne, mais Yaghoob Foroutan relève la forte progression de la population sans affiliation religieuse en Nouvelle-Zélande et cite des chiffres frappants : 27 % en 2001, 31,5 % en 2006 et 42 % en 2013.
Parmi les musulmans résidant en Nouvelle-Zélande, 75 % sont nés en dehors du pays. Environ 20 % sont des Fidjiens, tandis que 8 % sont d'origine irakienne et 6 % d'origine afghane. Ils sont suivis, en ordre décroissant, par des musulmans originaires de la Somalie, du Pakistan, d'Inde, d'Iran, du Bangladesh, de la Malaisie et de l'Indonésie. L'âge moyen des musulmans en Nouvelle-Zélande est de 25 ans (comme celui des personnes sans affiliation religieuse), tandis que l'âge moyen des chrétiens est de 40 ans ; cette moyenne d'âge varie cependant selon les origines nationales. Les variations nationales sont également fortes quand on considère le niveau de formation atteint : il est très élevé chez les musulmans de l'Inde et du Bangladesh (la moitié d'entre eux ont atteint une formation supérieure), mais très faible chez les musulmans originaires de l'Afghanistan et de la Somalie (ce qui se traduit également par un taux de chômage élevé dans ces deux derniers groupes).
Yaghoob Foroutan, « Muslim Minority of New Zealand in Global Context : Demographic Perspective », Journal of Muslim Minority Affairs, 37/4, 2017, pp. 511-519.
Le Journal of Muslim Minority Affairs a succédé en 1996 à une précédente revue, intitulée Institute of Muslim Minority Affairs. Journal, dont la parution avait débuté en 1979. La revue est publiée par Taylor & Francis :
https://www.tandfonline.com/loi/cjmm20