Plusieurs médias allemands ont donné écho au nouveau rapport rendu public par les services de renseignement intérieur du Land de Berlin sur l'essor que connaîtrait le salafisme dans la capitale de l'Allemagne, où il a émergé publiquement depuis le début des années 2000. Selon les estimations policières, le nombre de salafistes augmente partout en Allemagne et serait aujourd'hui proche de 11.000 à l'échelle du pays. Si ces chiffres sont exacts, cela représente une très petite minorité des personnes de foi ou culture musulmane en Allemagne, dont une récente étude estime le nombre entre 4,4 et 4,7 millions, soit entre 5,4 et 5,7 % de la population. À Berlin, les salafistes étaient estimés à 350 en 2011, dont une centaine inclinant à la violence, et ce chiffre serait monté à 850 en mars 2017, dont 380 considérés comme potentiellement violents. L'étude reprend les catégories habituelles appliquées au salafisme (quiétiste, politique, jihadiste), tout en remarquant l'existence de zones grises entre elles.
La prédominance des homme serait écrasante selon cette enquête : 89 %, et seulement 11 % de femmes ; le manque de femmes salafistes explique probablement que, jusqu'à l'âge de 30 ans, la majorité des hommes salafistes sont encore célibataires. Près de la moitié des salafistes berlinois auraient entre 26 et 37 ans. 138 hommes et 16 femmes sont âgés de 25 ans ou moins. Les enquêteurs suggèrent que cet âge moyen, un peu plus mûr qu'on n'aurait pu s'y attendre, pourrait être la conséquence de l'établissement relativement précoce de structures salafistes à Berlin, par rapport à d'autres villes allemandes. Au plus tard en 2004, la mosquée Al-Nur (aux affinités wahhabites) organisa des séries de cours pour diffuser une interprétation salafiste de l'islam, qui attirèrent des centaines d'auditeurs. Ces structures salafistes, orientées principalement autour de quatre mosquées (dont l'une fermée par la police en février 2017 pour cause d'activités jihadistes), incluent aussi des commerces de vêtements, des librairies et des magasins d'alimentation.
Un peu plus de la moitié des salafistes dont la nationalité est connue sont détenteurs d'un passeport allemand (près d'un tiers d'entre eux conservent en même temps une seconde nationalité). Parmi les étrangers, un point est frappant est le fort pourcentage de personnes originaires de la Fédération de Russie (88 sur 297 salafistes étrangers dont la nationalité est établie) : ils viennent pour la plupart du Nord du Caucase (tchétchènes, Ingouches, Daghestanais, Ossètes). Le second groupe étranger est constitué par les Turcs (58), suivis des Syriens (36) et des Palestiniens (24). (JFM)
Intitulée Hintergründe zu den Angehörigen des salafistischen Spektrums in Berlin et longue de 29 pages, l’analyse de situation de janvier 2018 peut être téléchargée au format PDF à partir du site de l’Administration du Sénat pour l’intérieur et les sports ; lien de téléchargement direct :
https://www.berlin.de/sen/inneres/verfassungsschutz/publikationen/lage-und-wahlanalysen/lageanalyse-hintergruende-zu-den-angehoerigen-des-salafistischen-spektrums-in-berlin.pdf
Site du Verfassungsschutz Berlin :
www.verfassungsschutz-berlin.de
En Allemagne, en effet, les activités susceptibles de mettre en danger les principes ancrés dans la Constitution peuvent faire l’objet d’une surveillance, qu’il y ait ou non préparation ou commission d’actions violentes. C’est la raison pour laquelle ce travail der surveillance est appelé Verfassungsschutz, c’est-à-dire protection de la Constitution.