Les Allemands qui jeûnent aujourd'hui sont plus nombreux à le faire pour des raisons de bien-être que de foi. Alors que débutera le mois prochain, comme chaque année, la période du Carême dans les Églises catholique et orthodoxe (c'est-à-dire la période traditionnelle d'abstinence de quarante jours durant le cheminement vers la fête de Pâques célébrant la résurrection du Christ), l'œuvre catholique d'entraide Misereor a mandaté un institut de sondages pour savoir dans quelle mesure les Allemands pratiquent le jeûne. L'enquête a porté sur un échantillon représentatif de plus de 2.000 personnes.
Si 45 % des Allemands interrogés déclarent qu'il est hors de question pour eux de jeûner, un quart environ n'y sont pas hostiles. Un tiers a déjà jeûné une fois, mais seulement 11 % pendant le temps liturgique du Carême. Les motivations pour jeûner sont majoritairement séculières : le désir de maigrir, la recherche d'une vie plus saine ou la volonté de prendre de la distance par rapport à la frénésie de la consommation sont souvent cités. À quoi renoncent ceux qui pratiquent le jeûne ? 48 % mentionnent l'alcool, 47 % les friandises et 30 % la viande. Le plus difficile semble être de renoncer au monde digital (ordinateur, smartphone...) : seulement 7 % (et 9 % pour la télévision). Ces résultats confirment dans les grandes lignes ceux d'enquêtes antérieures, par exemple un sondage YouGov en 2014.
Traditionnellement, les œuvres d'entraide catholiques organisent des collectes durant la période du Carême, afin que les efforts de renoncement par discipline religieuse puissent être conjoints avec l'aide aux plus démunis. Si cette attention portée à la pratique du jeûne est donc pertinente pour une organisation telle que Misereor, le sondage récemment effectué n'a délibérément pas mis l'accent sur les aspects religieux : comme l'a expliqué le porte-parole de cette œuvre en répondant à l'agence de presse chrétienne évangélique idea, la majorité des gens qui jeûnent aujourd'hui ne le font pas pour des raisons religieuses, mais les personnes éloignées de la religion peuvent également se montrer sensibles aux efforts d'entraide associés à la pratique du jeûne. S'il ne conduit pas nécessairement à franchir les portes des églises, le jeûne pourrait-il ainsi ouvrir celles de la solidarité ?
Sources :
“Verzicht auf Handy und Auto fällt schwer”, Misereor, 19 janvier 2018
https://www.misereor.de/presse/pressemeldungen-misereor/verzicht-auf-handy-und-auto-faellt-schwer/
“Handy-Fasten geht gar nicht”, Katholisch.de, 19 janvier 2018
http://www.katholisch.de/aktuelles/aktuelle-artikel/ein-drittel-der-deutschen-fastet-aber
“Wichtigstes Ziel beim Fasten ist die Gesundheit”, idea, 21 janvier 2018
http://www.idea.de/gesellschaft/detail/umfrage-wichtigstes-ziel-beim-fasten-ist-die-gesundheit-103973.html
En marge de cette information d’actualité, signalons un ouvrage historique et du côté français, encore en préparation, qui sera publié par l’éditeur Beauchesne à une date non précisée pour l’instant. À voir le sommaire, cet ouvrage devrait offrir de précieux éclairages sur l’évolution de la pratique du Carême entre le XVIIe et le XIXe siècles : Sylvio Hermann De Franceschi, Morales du Carême. Essai sur les doctrines du jeûne et de l’abstinence dans le catholicisme latin (XVIIe – XIXe siècle).
http://www.editions-beauchesne.com/product_info.php?60_61&products_id=1571