Parmi les groupes de vieux-croyants présents dans la partie orientale de la vaste Fédération de Russie, les branches avec prêtres (popovtsy) se révèlent les plus dynamiques, tandis que les courants sans clergé (bezpopovtsy) souffrent de vieillissement, rapporte Danila Rygovskij (doctorant à l'Université européenne de Saint-Petersbourg) dans un article publié en allemand par le mensuel Religion & Gesellschaft in Ost und West (déc. 2017). Rappelons que les circonstances postérieures aux réformes associées à la figure du patriarche Nikon (1605-1681) et au schisme entre vieux-croyants et Église russe amenèrent les vieux-croyants à être privés de clergé (sauf ceux qui acceptaient des prêtres se ralliant à eux), mais des groupes parvinrent à reconstituer des épiscopats au 19e et au 20e siècle grâce à la défection d'évêques qui les rejoignirent.
L'un des plus importants courants de vieux-croyants en Russie, l'Église orthodoxe russe vieille-ritualiste (hiérarchie de Belaïa Krinitsa), compte pas moins de quatre éparchies en Sibérie. La plupart des églises du groupe y ont été construites ou rénovées au cours des vingt dernières années. L'implantation est surtout urbaine et les membres ont un niveau de formation plutôt élevé, dont nombre de personnes dans des professions libérales, signale Rygovskij. Ce groupe développe une activité missionnaire vers des groupes de vieux-croyants sans prêtres et est aussi celui qui accueille le plus de néophytes : des personnes jeunes ou d'âge moyen, qui se convertissent au vieux-ritualisme sans origines familiales dans ce milieu, qu'ils associent à la préservation de l'héritage russe.
Autre branche de vieux-croyants avec prêtres, mais organisée au 20e siècle, l'Église vieille-orthodoxe russe (hiérarchie de Novozybkov) serait particulièrement implantée dans des zones méridionales de la Sibérie (en Bouriatie et dans l'oblast de Keremovo). Connue pour son activité éditoriale (ses publications, qui ont pu être éditées même pendant la période soviétique, sont appréciées dans les autres groupes de vieux-croyants), ce groupe entreprend également une activité missionnaire en direction des groupes sans prêtres.
Parmi ces derniers, l'Église vieille-orthodoxe pomore (pomorcy) est présente en Sibérie, mais son activité y est mal connue, et c'est surtout aux tchassovennyïe (moins structurés) que l'auteur prête attention. Des ermitages dans le bas Ienisseï sont leur centre spirituel. On trouve aussi parmi eux un groupe descendant de vieux-croyants émigrés aux États-Unis et revenu récemment en Russie pour s'installer dans la région du Primorié. Prudents envers les personnes extérieures et nullement enclins à une activité missionnaire, les tchassovennyïe manquent de dirigeants bien formés. L'interdiction des alliances matrimoniales jusqu'au septième degré de parenté dans cette branche des vieux-croyants pose également des difficultés pour les mariages avec des personnes de même orientation religieuse, relève Rygovskij.
Danila Rygovskij, « Altgläubige Traditionen in Sibirien und im Fernen Osten », Religion & Gesellschaft in Ost und West, 45/12, décembre 2017, pp. 26-27.
Ce mensuel est publié par l’Institut G2W, Birmensdorferstrasse 52, Postfach 9329, 8036 Zürich, Suisse. Site : www.g2w.eu.