Genève : l’archevêque du Diocèse de l’Europe occidentale de l’Église orthodoxe russe à l’étranger est relevé de ses fonctions

Au lendemain des solennelles célébrations du 150^e anniversaire de la cathédrale orthodoxe russe de Genève (27 septembre 2017), qui marquaient également l’achèvement des travaux de rénovation du plus ancien lieu de culte construit à l’usage du culte orthodoxe en Suisse et ont fait l’objet de reportages dans des médias suisses et russes ainsi que sur des sites orthodoxes de différents pays, un événement inattendu secoue la communauté orthodoxe russe en Suisse. L’archevêque Michel (Donskoff, né en 1943), qui dirige depuis 2006 le Diocèse de l’Europe occidentale de l’Église orthodoxe russe à l’étranger et a présidé les cérémonies du 150^e anniversaire, a été « libéré provisoirement » de ses fonctions dès le lendemain des festivités, par un décret (oukase) du Synode de l’Église orthodoxe russe à l’étranger. Ce décret a été émis à la suite de sa séance du 13 septembre 2017, mais communiqué seulement au moment de son entrée en vigueur. Ce décret n’a pas encore été publié sur le site du Synode à l’heure où sont rédigées ces lignes, mais sa version russe a été communiquée aux membres du clergé ; des médias russophones y ont déjà donné écho, à commencer par le site suisse d’information en langue russe Nasha Gazeta (2 octobre 2017), qui publie l’oukase en fac-similé, accompagné de commentaires.

Selon les termes du décret, Mgr Michel n’est plus autorisé à célébrer dans les églises du Diocèse de l’Europe occidentale, mais peut le faire dans d’autres diocèses. De même, il n’est plus commémoré liturgiquement dans les églises du diocèse. L’archiprêtre Paul Tsvetkov a été nommé recteur provisoire de la cathédrale de Genève et administrateur du Diocèse, dans l’attente d’une décision du Synode, dont la prochaine réunion doit avoir lieu le 2 décembre 2017 à Moscou.

Contrairement aux allégations qui ont commencé à circuler, aucune infraction personnelle (canonique ou autre) n'est reprochée à Mgr Michel à notre connaissance. La sanction n’est d'ailleurs pas motivée, ne faisant référence qu’à la « situation complexe à la cathédrale de l’Exaltation de la Croix », sans autre précision. Cette situation découlerait avant tout de l'hostilité envers l'Archevêque d'un groupe de laïcs exerçant des fonctions importantes à la cathédrale russe de Genève et s'opposant aux orientations ainsi qu'au fonctionnement ecclésial voulus par Mgr Michel. Ce conflit a débouché au printemps 2017 sur un ultimatum adressé au Primat de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger par plusieurs signataires dans une lettre émettant une série de reproches à l’encontre du prélat. Faute d'autres explications de la part du Synode, il semble que la mise à l'écart de l'Archevêque découle avant tout d'une volonté de prévenir une escalade du conflit, en donnant satisfaction à cet ultimatum.

ADDENDUM

Le 4 octobre 2017, le Synode des évêques de l'Église orthodoxe russe à l'étranger a communiqué publiquement sur cette affaire par un texte publié en russe et en anglais sur son site. L'interprétation des événements qui y est proposée tend à confirmer l'analyse esquissée dans la note ci-dessus. En outre, par un nouveau décret daté du 2 octobre 2017, le Synode demande à Mgr Michel de quitter le territoire de son diocèse et de se retirer dans un monastère qui lui a été désigné en Allemagne, dans l'attente de la réunion du 2 décembre 2017 à laquelle il est invité à participer. Cette nouvelle mesure est motivée par une « désobéissance » : apparemment, il est imputé à l'Archevêque d'avoir assisté, comme invité, à une séance d'urgence du Conseil diocésain, convoquée avec la bénédiction du Synode au lendemain de son retrait forcé. Le même décret annonce que le Président du Synode des évêques (c'est-à-dire le Métropolite Hilarion de New York) prend en charge l'administration du Diocèse de l'Europe occidentale, tandis que l'archiprêtre Paul Tsvetkov devient recteur adjoint de la cathédrale de Genève. - 5 octobre 2017, 01:20

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