Dans une série de quatre articles intitulés « La silhouette familière des clochers s'estompe », publiés entre le 26 janvier et le 6 mars 2017 sous la signature de Judith Albisser, l'Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), établi à Saint-Gall, a dressé un panorama s'appuyant sur les données statistiques les plus récentes pour circonscrire l'évolution des appartenances et pratiques religieuses en Suisse, où la part des deux Églises chrétiennes historiques continue de diminuer, même si leur place reste importante : mais elles regroupaient encore près de 95 % de la population en 1970... Trois développements cruciaux sont identifiés : l'individualisation des choix religieux dans le sillage de la révolution culturelle des années 1960, l'augmentation massive des personnes sans confession et l'immigration. En 2015, la population résidente âgée de 15 ans et plus comptait 37,3 % de catholiques romains, 24,9 % de réformés, 5,8 % d'autres communautés chrétiennes, 5,1 % de musulmans et 23,9 % de personnes sans confession. Contrairement à une fréquente perception, 53 % des migrants sont chrétiens, avec les catholiques romaines qui se taillent ici la part du lion (37,3 %). 28,6 % des migrants sont sans confession, 13,4 % sont des musulmans et 9,1 % appartiennent à d'autres communautés chrétiennes. Il est vrai que la part des Européens est importante dans la migration vers la Suisse.
Alors que le nombre de mariages civils reste relativement stable (mais la population augmente), la baisse du nombre des mariages religieux se poursuit. En 2015, une célébration religieuse a suivi le mariage civil pour 30 % des couples dont l'un des conjoints au moins était réformé (31 % en 2011) et pour 23 % des couples dont l'un des conjoints au moins était catholique (28 % en 2011). « Les chiffres disponibles montrent que les deux grandes Églises ont perdu le rôle qui était le leur dans le domaine du mariage, un rôle autrefois incontesté », souligne Judith Albisser, mais en ajoutant : « Le nombre de mariages religieux est certes aujourd’hui inférieur à celui d’autrefois, mais le choix d’un couple de se marier à l’église aujourd’hui s’est transformé de simple respect de la tradition en une décision à caractère religieux consenti. En particulier l’Église catholique est confrontée aujourd’hui à une tâche délicate, celle de surmonter le fossé qui s’est creusé depuis les années 1960 entre la doctrine ecclésiale et les réalités du couple et du mariage. »
Pour prendre la mesure de profondes transformations qui touchent fortement les environnements urbains, sans doute vaut-il la peine d'ajouter l'exemple éloquent d'un canton au rayonnement international, celui de Genève. Dans ce qui a longtemps été considéré comme la « Rome protestante », les protestants ne représentent plus que 10 %, indiquait en décembre 2016 l'Office cantonal de la statistique (OCSTAT). À leurs côtés, 36 % de catholiques romains, 6 % de musulmans — et 37 % de personnes sans appartenance religieuse. Les protestants genevois ont la moyenne d'âge la plus élevés, les musulmans résidant à Genève contrastent avec la moyenne d'âge la plus jeune. (JFM)
Site du SPI, section de langue française: https://spi-sg.ch/fr/
Lien direct pour le téléchargement du feuillet d’information sur la statistique ecclésiale (PDF):
https://spi-sg.ch/wp-content/uploads/2017/03/albisser-j-2017-1-factsheet-kirchenstatistik-f.pdf
Jean-François Mabut, “Les Genevois sans religion sont toujours plus nombreux”, Tribune de Genève, 22 décembre 2016
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/genevois-religion-toujours-nombreux/story/14290044
République et Canton de Genève – Statistiques cantonales – Langues et religions
(c’est notamment à partir de cette page qu’il est possible de télécharger le document “Religions et spiritualités à Genève en 2014”, 4 pages, 12 décembre 2016)
http://www.ge.ch/statistique/domaines/apercu.asp?dom=01_05