L'an dernier, Religioscope s'est intéressé dans deux articles au développement de formes organisées d'athéisme à travers le monde — un pendant des religions, puisque les cercles athées, libres-penseurs et « humanistes » se structurent généralement autour de réactions par rapport aux religions. Notamment grâce au développement d'Internet et des réseaux sociaux, des groupes athées surgissent également dans des environnements non occidentaux, par exemple dans le monde arabe. Un récent article du magazine The Atlantic évoque l'activité de groupes athées dans l'environnement fortement chrétien des Philippines. C'est à la présence athée dans une autre société où la religion est très présente, le Ghana, que s'est intéressé David Signer : à la question « Êtes-vous religieux ? », 96 % des Ghanéens donnent en effet une réponse positive. Pourtant, raconte Signer dans son article « Gottlos in Ghana » (Neue Zürcher Zeitung, 4 mars 2017), une organisation d'athées s'est constituée au Ghana en 2012, tout d'abord sous le nom de Freethought Ghana, afin de permettre aux athées de se soutenir entre eux. Vu l'importance sociale des Églises dans le contexte africain, il est important pour les athées de pouvoir se retrouver dans une structure communautaire. Enregistrée légalement en 2015, la Humanist Association of Ghana (HAG) compte une quarantaine de membres officiels, d'origine tant chrétienne que musulmane. Ils sont certains que bien d'autres Ghanéens partagent leurs vues sans oser les exprimer : les réactions familiales et sociales peuvent en effet être vives. Ils préfèrent utiliser le qualificatif d'humanistes plutôt que d'athées, en raison de la perception négative associée à ce dernier terme et pour dire clairement que l'homme se trouve au centre. Une organisation aux objectifs similaires, la Common Sense Foundation, est établie à Kumasi, au centre du pays.
Une brève mention sur le site de la HAG nous apprend que le groupe a eu un précurseur : le Rational Center, fondé par Hope Tawiah (décédé en 2009). Selon un article de Modern Ghana, le groupe mis sur pied par Tawiahà la fin des années 1980 avait été l'un des premiers groupes « humanistes » en Afrique, même s'il n'a pas survécu à la mort de son fondateur. La HAG est membre de l'International Humanist and Ethical Union (IHEU), une organisation internationale qui compte également des affiliés au Nigeria, en Ouganda, au Burundi, au Kenya, en Tanzanie, au Malawi et en Afrique du Sud. L'appui de cette organisation est précieux pour soutenir les athées africains dans des contextes où ils font face à des oppositions. (JFM)
Site de la Humanist Association of Ghana :
http://ghanahumanists.org/
Un précédent site, plus mis à jour depuis 2014, mais contenant certains articles et témoignages :
https://ghanahumanists.wordpress.com/
David Signer, « Afrikanische Atheisten : Gottlos in Ghana », Neue Zürcher Zeitung, 4 mars 2017.
https://www.nzz.ch/international/afrikanische-atheisten-gottlos-in-ghana-ld.149172
Leo Igwe, « Humanism in Ghana », Modern Ghana, 11 mars 2014.
https://www.modernghana.com/news/528626/1/humanism-in-ghana.html
Article mentionné sur les athées aux Philippines : Michael French, « The New Atheists of the Philippines », The Atlantic, 5 mars 2017.
https://www.theatlantic.com/international/archive/2017/03/new-atheists-philippines/518175/