Le 11 janvier 2017 ont eu lieu, dans l'église réformée de Zell (canton de Zurich), les obsèques de Jacques Kuhn (15 février 1919 - 30 décembre 2016) qui, avec son frère Henri (décédé en 1969), a joué un rôle important dans l'accueil de réfugiés tibétains et l'établissement d'institutions bouddhistes tibétaines en Suisse. Une notice nécrologique de Christoph Wehrli (Neue Zürcher Zeitung, 9 janvier 2017) rappelle le parcours de cet industriel, codirecteur d'une fabrique d'ustensiles métalliques à Rikon, que rien ne semblait destiner à croiser la route de la diaspora tibétaine. Comme nombre d'autres Suisses, il sympathisa avec la cause de ce peuple montagnard soumis à l'occupation chinoise. En 1963, le gouvernement suisse autorisa l'accueil d'un millier de réfugiés tibétains. Après la visite d'une réunion de bienfaisance pour soutenir cette cause, les frères Kuhn décidèrent d'accueillir à Rikon des réfugiés tibétains, en leur procurant travail dans leur entreprise et logement dans une période de haute conjoncture. La population locale fut soigneusement préparée à l'arrivée des nouveaux résidents, ce qui permit une installation sans friction. En octobre 1964, un groupe de 22 réfugiés tibétains furent accueillis à Rikon, bientôt suivis par d'autres.
Si l'intégration professionnelle s'effectua avec succès, rappelle Wehrli, des problèmes intergénérationnels et d'alcoolisme surgirent bientôt. Consulté à ce sujet, le Dalaï Lama suggéra que cela résultait d'un manque d'autorité et d'orientation, et que l'envoi de quelques moines permettrait de résoudre ces problèmes. En collaboration avec des spécialistes du Tibet, les frères Kuhn décidèrent de mettre à disposition un terrain et de créer une fondation pour l'établissement d'un institut monastique, qui pourrait à la fois assurer l'encadrement spirituel des réfugiés tibétains et jouer un rôle de centre d'enseignement et de passeur entre Orient et Occident. La fondationTibet-Institut Rikon fut établie en 1967. L'Institut tibétain de Rikon ouvrit ses portes en 1968, devenant le premier monastère tibétain en Europe. Avec d'autres donateurs, les frères Kuhn contribuèrent très généreusement à la couverture des frais de construction. Après sa retraite en 1984, Jacques Kuhn consacra du temps à l'Institut. Comme le rappelle fièrement le site de l'entreprise Kuhn Rikon, nombre de collaborateurs d'origine tibétaine y travaillent encore aujourd'hui parmi ses 200 employés ; la plupart sont devenus des citoyens suisses. Quant à l'Institut, il abrite l'une des plus importantes bibliothèques tibétaines du monde.
Nécrologie de Jacques Kuhn sur le site de son entreprise (en français) :
https://www.kuhnrikon.com/fr/cms/ch/fr/news/Jacques-Kuhn.html
Fiche de présentation de l’Institut tibétain de Rikon sur le site de l’Université de Lucerne (en français) :
https://www.unilu.ch/fr/fakultaeten/ksf/institute/zentrum-religionsforschung/religionen-schweiz/forschung/coupole-temple-minaret/gebaeude/tibet-institut-rikon/
Également proposé par l’Université de Lucerne, un document offrant une présentation plus détaillée (28 pages) du Tibet-Institut, par Angela Müller (en allemand) :
http://religionenschweiz.ch/pdf/tibetinstitut-rikon.pdf
Site de l’Institut tibétain de Rikon (en allemand, en anglais et en tibétain :
http://www.tibet-institut.ch/index.html
Outre des documents écrits, on peut y voir plusieurs documents vidéos, notamment sur des visites du Dalaï Lama, venu pour la première fois à Rikon en 1973 (treize visites au total à ce jour).
Un résumé de l’histoire de l’Institut à l’occasion de son trentième anniversaire en 1998 (en allemand) :
http://www.tibet-institut.ch/content/tir/de/documents/30_jahre_tir.pdf
Une brochure de présentation de l’Institut en 2005 (en anglais) :
http://www.tibet-institut.ch/content/tir/en/documents/brochure_tir.pdf