Mis sous très forte pression depuis la tentative de putsch de juillet 2016 en Turquie, que le gouvernement du président Erdoğan les accuse d'avoir machinée malgré leurs constantes dénégations, les disciples du prédicateur Fetullah Gülen subissent aussi les contrecoups de la répression dans les pays où les réseaux du Hizmet (nom sous lequel ce courant de l'islam turc est généralement connu) ont développé des projets. Des menaces sont proférées envers les partisans de Gülen, qui font l'objet de dénonciations dans des mosquées proches du gouvernement turc et se retrouvent qualifiés de « traîtres à la patrie ». La dégradation des relations entre le Hizmet et l'AKP du président Erdoğan avait déjà commencé avant les événements de l'été 2016 : pour des raisons de principe, des disciples de Gülen évitaient déjà d'aller prier dans des mosquées idéologiquement proches de l'actuel gouvernement turc ou de courants islamiques apparentés. Cependant, avec les événements des derniers mois, le problème est devenu plus aigu et les gülenistes ne se sentent plus les bienvenus dans certaines mosquées turques, rapporte Johannes Nitschmann (KNA - Katholische Nachrichten-Agentur). En Allemagne, où le Hizmet est bien implanté, avec quelque 300 initiatives et associations dans le domaine éducatif (dont une trentaine d'écoles), culturel et économique à l'heure actuelle, selon ses propres chiffres, cela conduit les disciples de Gülen à envisager la mise sur pied de leurs propres lieux de prière. L'article note au passage que des cours de Coran sont de plus en plus fréquemment organisés dans les associations gülenistes en Allemagne.
Il reste à voir si les perspectives évoquées par les interlocuteurs du journaliste se concrétiseront. L'évolution qui semble ainsi s'amorcer ouvre cependant la réflexion sur deux axes. D'une part, alors que les efforts du Hizmet ne mettaient pas jusqu'à maintenant l'accent sur des activités religieuses classiques, les revers éprouvés pourraient conduire le mouvement à des réorientations sur ce plan comme sur d'autres. D'autre part, l'éventuelle création de mosquées sous l'égide de Fetullah Gülen ajouterait une nouvelle composante aux formes religieuses organisées de l'islam dans des pays comme l'Allemagne, avec des conséquences prévisibles également pour la coordination des activités islamiques à travers des structures faîtières. (JFM)
Intitulé “Gülen-Anhänger erwägen eigene Moscheegemeinden in Deutschland”, l’article de Johannes Nitschmann a notamment été repris sur le site DomRadio.de (5 décembre 2016) :
Notons que cet article figure dans la liste des informations reprises par la lettre mensuelle du mois de décembre 2016 de la Stiftung Dialog und Bildung (Berlin), vitrine publique du Hizmet en Allemagne.