Après avoir subi comme les autres religions la vague destructrice de la « Révolution culturelle » (1966-1976), l'islam connaît une renaissance en Chine depuis la fin des années 1970. Selon l'Association islamique de Chine, il y aurait aujourd'hui plus de 25 millions de musulmans et 40.000 mosquées sur le territoire de la République populaire de Chine, dont une bonne moitié résidant dans le Nord-Ouest du pays, en particulier dans le Sinkiang. 10.000 musulmans de Chine se rendent chaque année en pèlerinage à La Mecque. On trouve aussi des étudiants venant de la Chine dans des institutions musulmanes réputées, par exemple l'Université d'al-Azhar. L'islam est reconnu comme l'une des cinq religions établies en Chine, explique Jianping Wang, professeur d'études islamiques à l'Université de Shanghai, dans un bref panorama de l'islam dans la Chine contemporaine, publié dans le dernier numéro de l'IIAS Newsletter (automne 2016). Même si l'islam bénéficie du traitement préférentiel concédé aux minorités ethniques, il n'en reste pas moins « une minorité vivant dans un pays dominé par une culture d'athéisme et de matérialisme ». Les préoccupations politiques internationales envers des courants radicaux de l'islam sont également sensibles. Selon le professeur Wang, il est donc crucial pour les musulmans dispersés (et ethniquement fragmentés) de s'appuyer sur un réseau dans le pays et à l'étranger. L'auteur identifie trois piliers de ce réseau. Tout d'abord, les mosquées, qui n'accueillent pas seulement les prières, mais jouent un rôle social, économique et culturel. Ensuite, les écoles (maktab, niveau primaire, et madrasa, niveau supérieur), qui permettent de donner une éducation islamique et de transmettre la tradition : la plupart de ces écoles sont liées à des mosquées, même si certaines existent aussi comme institutions indépendantes. Enfin, les qubba (tombes de figures révérées), qui occupent un rôle central pour les communautés soufies, dans un pays où plus du tiers des musulmans sont affiliés à une confrérie : autour de ces lieux de pèlerinage se sont établis des complexes religieux. Ces réseaux permettent de relier les communautés et enclaves musulmanes qui constituent l'islam en Chine, conclut Wang.
La République populaire de Chine entend développer sa présence au Moyen-Orient et ses liens avec la région. Elle veut donc donner une image positive de son attitude envers les musulmans. Cela se traduit également par des initiatives pour attirer des visiteurs de pays musulmans en Chine, par exemple à Yinchuan avec son Hui Culture Park. Dans le même registre, une récente chronique de Sébastien Le Belzic dans le quotidien français Le Monde évoquait les investissements chinois dans la finance islamique.
Ce que l'article résumé ci-dessus ne mentionne pas est la différence de situation considérable entre les musulmans ouïghours du Sinkiang, dont le gouvernement chinois se défie, et les musulmans Hui, de langue chinoise, considérés comme assimilés et jouissant d'une situation prospère, comme le rappelait un récent article de l'Economist (8 octobre 2016). L'hebdomadaire soulignait que les Hui sont divisés entre différentes tendances (allant du salafisme/wahhabisme au soufisme) et que le gouvernement chinois tolère même chez eux un certain degré de recours au droit islamique pour procéder à des médiations sur des questions familiales.
The Newsletter de l’International Institute for Asian Studies (IIAS) est un magazine publié trois ou quatre fois par an, avec des articles généralement brefs couvrant une grande variété de sujets. Ainsi, dans le même numéro de l’automne 2016, on peut également lire quelques courts articles sur les megachurches pentecôtistes en Asie du Sud-Est.
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