À partir de la célèbre thèse de Peter Berger sur la «désécularisation du monde», Christopher Marsh (US Army School of Advanced Military Studies) utile l'exemple de la Tchétchénie et de ses interactions avec la Russie depuis 1785 pour soutenir que se produit une «désécularisation de la guerre et de la paix». Dès la fin du 18e siècle, les Tchétchènes s'étaient appuyés sur l'islam pour organiser la résistance contre les envahisseurs russes. En raison de la sécularisation qui marqua la période soviétique, les aspirations indépendantistes au moment de la chute de l'URSS présentèrent tout d'abord le conflit en termes ethniques et nationaux. Cependant, bien que la religion n'ait pas été la source du conflit, la dimension religieuse émergea rapidement, avec une imagerie religieuse associée au conflit dans les deux camps. S'efforçant d'élaborer une théorie plus générale à partir de cette étude de cas, Marsh estime que des différences religieuses entre les deux camps rend plus vraisemblable une interprétation du conflit en termes religieux, quelles que soient les autres causes. Dans tout conflit violent, la mort est présente et pousse à chercher également des réponses transcendantes aux engagements des uns et des autres, particulièrement quand les adversaires n'appartiennent pas à la même tradition religieuse. Finalement, la tendance à la sécularisation n'aurait pas été durable: à l'heure où la religion est invoquée dans différents théâtres de conflits à travers le monde, Marsh pense que le modèle de la désécularisation offre un modèle interprétatif utilisable. (JFM)
Christopher Marsh, «The Desecularization of Conflict: The Role of Religion in Russia’s Confrontation with Chechnya, 1785-Today», The Review of Faith and International Affairs, 14/1, printemps 2016, pp. 66-79
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