La couverture médiatique des destructions volontaires et apparemment religieusement motivées d’objets culturels dans le champ islamique, sensiblement depuis le dynamitage par les Talibans au printemps 2001 des Bouddhas en haut-relief dans la province de Bamyan en Afghanistan, laisse à penser que cette pratique, dans la période moderne, est un produit dérivé naturel du fondamentalisme islamique, une sorte d’irruption d’anachronisme dans un XXIe siècle au désenchantement supposément achevé. Il s’agit là d’un trompe-l’œil; l’iconoclasme est une pratique ancienne, nullement spécifique au champ islamique, et qui se déploie sur une multiplicité de registres.
Plutôt que d’y voir simplement une nouvelle manifestation d’un puritanisme islamique, l’iconoclasme de l’EI doit se comprendre comme un acte à la fois instrumental, visant à atteindre des objectifs de nature identitaire, politique et pécuniaire, et expressif, c’est-à-dire chargeant parfois l’acte lui-même d’une valeur symbolique (hérésie chiite, idolâtrie nationaliste). La destruction de symboles et de structures est un langage qui s’adresse, selon les objets visés, à différents publics cibles: l’«axe chiite» et les adversaires sunnites, l’opposition au régime de Bashar al-Assad, les nationalismes arabes ou encore les audiences «occidentales».
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