«L'économie islamique» a d'abord fonctionné dans une perspective identitaire: adossée à une vision de l'islam comme système globalisant, elle se voulait troisième voie, alternative aux autres paradigmes économiques dominants, le capitalisme libéral et le communisme. Pourtant, la réflexion sur l'économie islamique traça moins une troisième voie qu'elle n'oscilla entre les deux paradigmes qu'elle entendait au départ dépasser avant de rallier progressivement les réseaux et les credos de la globalisation libérale.
En effet, si elle se caractérise par son indétermination politique (elle peut s'ancrer à gauche comme à droite), le premier moment « socialisant » de l'économie islamique (dans les années 1950 et 1960), plutôt narratif et théologico-philosophique, va céder la place, dès les années 1970, à la finance islamique, savoir technique et modélisable plus à même de se fondre dans la mondialisation financière. Il est aussi beaucoup plus en phase avec ses nouveaux promoteurs : les institutions de finance sharia compliant qui se développent à cette époque dans les pays du Golfe.
Ces institutions vont arracher l'économie islamique à sa matrice militante initiale et imposer son virage à droite. Ce ne sont plus des idéologues, mais un corps de spécialistes, techniciens et «oulémas de la finance», qui vont contribuer à la diffusion des pratiques bancaires légitimées par la référence à l'islam et assurer leur intégration dans les circuits de la finance internationale.
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