Le destin d’une formule, peut-être, fournirait le schème axial de l’évolution des représentations coptes entre la fin du XIXe siècle et le début du XXIe : « Les coptes sont les descendants des pharaons ». L’origine de ce credo demeure difficile à cerner. Il aurait été formulé par les coptes dès la fin du XVIIIe siècle d’après les témoignages de voyageurs européens. Mais les premiers textes, à ma connaissance, qui fassent allusion à cet ancrage copte dans le monde pharaonique sont ceux des savants français qui accompagnèrent Napoléon dans son aventure égyptienne. Or si les Français nourrissaient quelques présupposés à ce sujet, admirateurs qu’ils étaient de la chose pharaonique, en allait-il de même des chrétiens égyptiens? Les Français, en introduisant en Égypte ce goût pour l’histoire pharaonique, auraient-ils contribué à éveiller dans l’esprit des populations coptes cultivées de l’époque cette idée qu’ils seraient les « vrais » descendants des pharaons? Ou l’ont-ils répétée après l’avoir entendue prononcer par des coptes ? Les premiers textes coptes à mentionner cette idée datent de la seconde moitié du XIXe siècle, mais cela ne prouve évidemment pas que l’idée ait été absente avant que d’être enregistrée. Peu importe. Ce qui mérite d’être souligné, c’est le destin de cette formule, et de ses corollaires. A ce destin se résume l’histoire de la création du hiatus entre les systèmes symboliques coptes et musulmans, malgré la persistance d’un code commun permettant de déchiffrer grossièrement le sens des représentations courantes et de leurs connotations les plus évidentes.
L'étude de Laure Guirguis est le N° 6 de la série des Cahiers de l'Institut Religioscope. Vous puvez en lire l'intégralité ci-dessous ou télécharger le cahier au format PDF (26 pages, 476 Ko).