La vieille dame n’en revenait pas. À l’issue de la première conférence entamant la semaine de festivités et de réflexions organisée autour du centenaire de la confrérie Alawiyya, pas une référence religieuse n'avait rythmé le propos. Le conférencier, s'attelant à démontrer avec force graphiques et théories physiques que le réchauffement de la planète s’inscrivait dans un enchaînement de cycles et non dans une progression linéaire, en a assurément surpris plus d’un dans l’auditoire: «c’est intéressant, releva la vieille dame un peu décontenancée, mais ils auraient dû mettre un peu d’islam là-dedans».
En concentré, le quiproquo résume bien la situation de la Confrérie Alawiyya dirigée aujourd’hui depuis sa demeure à Antibes par Shaykh Khaled Bentounes. Réformiste impétueux, désireux de dépoussiérer le soufisme des soupçons d’obscurantisme et de collaboration, il prône l’accouchement au forceps d’une modernité musulmane encore – pense-t-il – en incubation. Il s’est engagé à projeter sa confrérie sans transition du temps du maraboutisme à celui, postmoderne, du religieux comme éthique et comme humanisme.
Reste alors, pour lui, à trouver un moyen de dépasser une certaine orthodoxie doctrinale sans se faire marginaliser pour autant. La célébration du centenaire de la confrérie et les controverses qui l’accompagnèrent sont venues rappeler les embûches sur le chemin d’un réformisme religieux lorsque celui-ci tend à la postmodernité.
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L'analyse de Patrick Haenni a incité Eric Geoffroy (Université de Strasbourg) à nous adresser sa propre lecture du rassemblement de l'été 2009 à Mostaganem. Nous l'en remercions. A titre documentaire et comme contribution au dossier, Religioscope met le texte d'Eric Geoffroy à disposition de ses lecteurs. Vous pouvez lire ci-dessous ou télécharger ce texte de 8 pages au format PDF (197 Ko).