Religioscope n'est bien sûr pas seul à se pencher sur les courants de la théologie de la libération, leur rôle et leur évolution.
L'histoire, tout d'abord. – Dans son N° 97 (automne 2007), la revue Catholica consacre un long article au rôle de certaines figures de l'Université catholique de Louvain (Belgique) dans l'élaboration de la réflexion théologique qui a conduit à la théologie de la libération; le prestige de cette université en Amérique latine et son réseau de relations contribuèrent, explique l'article de Stéphane Wailliez, à la diffusion de ces idées.
L'article est complété par un entretien avec le chanoine François Houtart, sociologue et président fondateur du Centre Tricontinental. Ce témoin privilégié partage ses souvenirs sur le contexte d'émergence de la théologie de la libération. Il explique également comment il s'est lui-même tourné vers l'analyse marxiste, à l'origine, non à travers l'Amérique latine, mais en étudiant "la situation socio-religieuse précapitaliste au Sri Lanka", en 1968, tandis que le rapprochement avec des communistes sur le plan pratique s'était opéré en Europe dans les luttes pour des causes considérées comme progressistes (contre la guerre du Vietnam, pour les étudiants étrangers, etc.). Houtart souligne aussi que Louvain n'a été qu'une source d'inspiration parmi d'autres (il mentionne Heidelberg, Lyon et Münster, notamment), et estime que la théologie de la libération s'est bien formée en Amérique latine, même si elle a intégré certaines idées venues de l'Europe. Les théologiens de la libération de l'Amérique du Sud "ont reçu des éléments en Europe mais ils ont réalisé une synthèse eux-mêmes".
La situation présente, ensuite. – Lors de son 29e congrès, à Leipzig, en juillet 2007, la Société internationale de sociologie des religions a consacré pour sa part une session au thème: "Théologie de la libération - évaluation et perspectives".
Selon les observations de Lemuel Dourado Guerra (Université de Campina Grande, Brésil), des enquêtes récentes ont montré que les mouvements charismatiques catholiques comptent deux fois plus de membres que les "communautés de base" associées à la théologie de la libération, qui ont connu un recul depuis les années 1990 et se trouvent en majorité dans des zones rurales.
Cependant, fait observer Pedro Ribeiro de Oliveira (Université catholique de Minas Gerais, Brésil), les communautés de base montrent des capacités d'adaptation à de nouvelles réalités, en s'élargissant pour envelopper d'autres luttes sociales.
Tel est précisément le sujet auquel s'intéresse aujourd'hui Religioscope, grâce à une étude introductive de la jeune chercheuse suisse Sylvie Ayer. Après un panorama concis des théologies de la libération et de l'altermondialisme, elle s'interroge finalement sur les liens entre ces deux courants.
Vous pouvez lire ci-dessous cette étude de 19 pages ou la télécharger en cliquant ici (format PDF, 348 Ko).