EDA, 16 novembre 2006 -- Fort de 800 membres, le Comité électoral est constitué en plusieurs étapes, dont les premières se sont déroulées entre le 1er et le 8 novembre dernier. Outre des membres de droits (les députés du Legislative Council [Legco], le parlement local, et les délégués de Hongkong à l'Assemblée nationale populaire, qui siège à Pékin), le Comité électoral est formé par des délégués élus au sein d'une quarantaine de collèges socio-professionnels qui ne rassemblent pas 200.000 électeurs potentiels - le taux d'abstention étant généralement élevé.
Au sein de ce Comité électoral, la représentation des différentes confessions religieuses obéit à un schéma particulier. Sans jamais demander l'avis de la population ni des Eglises, le gouvernement de Hongkong a créé «un sous-groupe des confessions religieuses» ayant pour fonction d'envoyer des représentants au sein du comité électoral. Six principaux groupements religieux apparaissent ainsi collectivement et officiellement sous la catégorie «religion» en tant que groupe d'électeurs. A savoir l'Association bouddhiste, l'Académie confucéenne, l'Association des musulmans chinois, l'Association taoïste, le diocèse catholique de Hongkong et le Conseil chrétien de Hongkong (Eglises protestantes). Chacune de ces organisations dispose de six à sept sièges, afin de former un tout de quarante sièges, appelé à représenter le sous-groupe des religions au sein du Comité électoral.
Lors des précédentes sélections de ce Comité électoral, en 1996 puis en 2002, l'Eglise catholique à Hongkong a fait savoir qu'elle objectait à la qualification d'électeurs prêtée aux religions, estimant que celles-ci «devaient promouvoir l'harmonie sociale et religieuse et s'abstenir d'entrer en politique». Toutefois, ainsi que l'a rappelé, le 1er novembre dernier, le chancelier du diocèse de Hongkong, le P. Lawrence Lee Len, le diocèse, cette année encore, comme les autres années, maintient sa politique de «coopération passive» face à ce processus de sélection des délégués au Comité électoral. Le diocèse, a précisé le chancelier, ne soutient pas un tel «système électoral contraire à la démocratie» et ne participe donc pas activement au processus de nomination des délégués; toutefois, le diocèse ne souhaite pas abandonner les sièges alloués à l'Eglise catholique car il «ne veut pas léser les droits civiques des catholiques». Par conséquent, le diocèse ne voit pas d'inconvénient à ce que des catholiques se présentent de manière individuelle à ce processus de nomination.
Pour cela, la chancellerie du diocèse a vérifié l'identité catholique de chacune des dix-neuf personnes qui ont présenté leur candidature ainsi que leurs liens avec l'Eglise. Quatre d'entre elles ont déjà siégé au Comité électoral. «Nous présenterons leurs candidatures à la Commission des affaires électorales sans indiquer aucun ordre de priorité», a indiqué le chancelier, qui a précisé que la dite commission procédera plus tard à un tirage au sort pour choisir les sept délégués catholiques.
A la Commission 'Justice et paix' du diocèse, quelques jours avant ce processus de sélection des délégués, il était souligné que la vaste majorité des Hongkongais n'était pas appelée à voter et qu'il était donc potentiellement dangereux pour l'Eglise de s'associer, même «passivement» à un processus injuste et contraire à la démocratie. «Le danger est que l'Eglise soit perçue comme privilégiée et trahissant un peuple laissé sans voix», a ainsi souligné Jackie Hung Ling-yu, de la Commission diocésaine.
Pour sa part, le Conseil chrétien de Hongkong a annoncé, le 30 octobre dernier, les noms des sept délégués qui ont été choisis sur la base du principe «un homme, une voix». Quatre d'entre eux sont pasteurs, deux sont des laïcs actifs - un homme et une femme - et le septième est un retraité. Ils ont été élus, le 29 octobre, par 17.473 protestants qui se sont déplacés pour voter dans 193 bureaux de vote, installés dans des temples et des lieux publics; vingt-sept candidats se disputaient leurs suffrages.
Alice Yuk Tak-fun, qui a coordonné les opérations électorales du groupe protestant, a déclaré que le Conseil chrétien avait opté pour ce mode de sélection afin de montrer au gouvernement, aux fidèles et à l'opinion publique qu'il était possible de mettre en ouvre le suffrage universel à Hongkong. Le Conseil chrétien n'approuve pas le mode de sélection actuel du chef de l'exécutif, a rappelé Alice Yuk, en précisant que le Conseil chrétien souhaite que tant les députés du Legco que le chef de l'exécutif soient désignés au suffrage universel direct. Mettre en œuvre une élection au suffrage universel pour le choix des délégués protestants s'apparente donc à une action pédagogique en faveur d'une véritable démocratie à Hongkong, a encore déclaré Wan Hoi-wing, un des responsables du Conseil chrétien.
Cette information a été publiée dans le N° 451 (16 novembre 2006) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).
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