L'Eglise néo-apostolique revendique à travers le monde plus de 10,8 millions de fidèles, ce qui en fait – de très loin – la plus importante communauté issue du mouvement catholique apostolique du XIXème siècle. 8,3 millions de membres résideraient en Afrique; le continent asiatique vient en deuxième position avec 1,4 millions d'adhérents. Durant de longues années, l'Eglise néo-apostolique avait principalement été implantée dans les pays germanophones d'Europe: elle compte toujours 385.000 membres en Allemagne, sur un total de 519.000 en Europe.
Contrairement à d'autres confessions chrétiennes minoritaires numériquement moins fortes qu'elles, l'Eglise néo-apostolique reste relativement discrète et fait rarement la une des médias. Cependant, depuis quelques années, elle se trouve confrontée en Allemagne à des critiques provenant notamment d'anciens membres, parfois relayées par la presse ou des ouvrages. Elle connaît en outre une évolution interne, qui la conduit à une plus grande ouverture et à une réévaluation de certaines de ses doctrines, comme l'illustrent les récentes déclarations.
En effet, le 24 janvier 2006, la communauté d'Uster (Suisse) a été le siège d'un événement sans précédent dans l'histoire de l'Eglise néo-apostolique: lors d'une soirée d'information transmise en direct par satellite dans 700 communautés (puis relayée dans d'autres pays grâce à des cassettes en plusieurs langues), l'apôtre-patriarche (Stammapostel) Wilhelm Leber, chef mondial du mouvement, a présenté des modifications et précisions doctrinales portant sur le baptême ainsi que sur le caractère exclusif de l'Eglise néo-apostolique.
Dès maintenant, l'Eglise néo-apostolique reconnaît pleinement les actes de baptême accomplis dans d'autres Eglises chrétiennes, à condition que ceux-ci aient été dispensés au nom du Dieu trinitaire et avec de l'eau (elle ne peut donc reconnaître les baptêmes des Témoins de Jéhovah et des mormons, les premiers ne reconnaissant pas la Trinité et les seconds ayant une autre définition de celle-ci).
Jusqu'à maintenant, l'Eglise néo-apostolique considérait que le baptême d'eau ne pouvait "être dispensé que par des serviteurs mandatés par des apôtres". La nouvelle pratique implique que "Dieu lui-même valide l'acte et le rend efficace", indépendamment de l'appartenance religieuse de celui qui le dispense. Si une personne baptisée dans les formes requises au sein d'une autre communauté chrétienne devient membre de l'Eglise néo-apostolique, il n'est donc plus nécessaire de confirmer son baptême.
"Donné une fois pour toutes, le saint baptême d'eau ne peut pas être réitéré", affirme la déclaration. Rappelons que l'Eglise néo-apostolique confère également le baptême aux enfants, "les parents professant leur foi en Jésus-Christ".
Dans la compréhension de l'Eglise néo-apostolique, le "régénération d'eau et d'Esprit" est constitué à la fois par le baptême d'eau et par le saint-scellé, "la communication du Saint-Esprit", une pratique néo-apostolique approximativement équivalente à ce que représente la confirmation dans l'Eglise catholique romaine ou la chrismation dans l'Eglise orthodoxe, mais avec des implications liées à l'insistance eschatologique (c'est-à-dire relative au destin ultime de l'homme et à la fin des temps) propre à l'Eglise néo-apostolique:
"Au moyen du saint-scellé, le croyant est inscrit par le Christ dans le livre de vie de l'Agneau. Il est marqué du sceau du rachat par l'Agneau et appelé à faire partie de l'Epouse du Seigneur et des prémices dans le royaume de Christ à venir."
Le saint-scellé "consiste en la prière et l'imposition des mains d'un apôtre à des croyants baptisés d'eau." Il ne peut donc évidemment être conféré que dans l'Eglise néo-apostolique, à un être humain baptisé d'eau qui professe "sa foi en l'enseignement de Jésus et des apôtres". A l'instar du baptême, il ne peut être réitéré. Comme le baptême, il est également donné aux enfants.
Une seconde déclaration diffusée le 24 janvier 2006 précise la position de l'Eglise néo-apostolique sur le salut, qui peut se résumer en une formule: "Exclusivité, oui, mais droit absolu, non."
Certes, l'Eglise néo-apostolique "déclare ouvertement que les chrétiens scellés du Saint-Esprit dans l'Eglise néo-apostolique se considèrent comme l'Epouse de Christ et, de ce fait, ont une possibilité de prendre part au retour du Seigneur. Pour l'Epouse, le salut éternel réside dans le fait d'entrer dès le jour du Seigneur dans la communion éternelle avec Dieu." Mais, par l'intermédiaire de son Fils, Dieu offrira encore, au Jugement Dernier, le salut aux âmes qui subsisteront de lui. Le communiqué de presse qui accompagne cette second déclaration commente:
"Finalement, Dieu offre le salut et la libération à tous les hommes, même s'ils n'ont pas été membres de l'Eglise néo-apostolique. Pour l'Eglise néo-apostolique, il ne fait aucun doute qu'il existe de multiples éléments de vérité dans d'autres Eglises et que le Saint-Esprit se manifeste aussi en dehors de l'Eglise néo-apostolique."
Ces nouvelles inflexions des enseignements de l'Eglise néo-apostolique représentent une importante manifestation des évolutions en cours dans cette communauté et de l'ouverture d'un dialogue prudent avec d'autres confessions chrétiennes. Il s'agit manifestement pour l'Eglise néo-apostolique, tout en conservant sa spécificité (liée notamment à la conviction d'être placée sous l'autorit&eacueacute; d'apôtres équivalents à ceux des débuts du christianisme), de s'affirmer comme composante du christianisme mondial, ce qui marque à certains égard un retour aux sources du mouvement catholique apostolique. Il reste cependant à voir si cette évolution se poursuivra et sous quelles formes – ainsi que l'accueil qui sera réservé à ces initiatives par les autres courants du christianisme.