Invité par le ministre russe des Affaires étrangères, Serguéï Lavrov, l'archevêque Giovanni Lajolo a également rencontré le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad, chef du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et un groupe de parlementaires. Ses entretiens ont notamment porté sur la possibilité de transformer en ambassades les missions diplomatiques des deux États.
Il s'agit d'une visite significative pour l'Eglise orthodoxe russe et pour le Vatican. Elle laisse espérer une amélioration des relations bilatérales.
Les dirigeants de l'URSS avaient multiplié leurs pressions sur les catholiques locaux après le lancement par le précédent souverain pontife Jean-Paul II d'une véritable attaque contre le "rideau de fer". Ce n'est qu'en avril 1991, en pleine perestroïka, que les chrétiens catholiques sont devenus plus libres, bénéficiant de la démocratisation de la société russe.
Deux ans auparavant, pour la première fois dans l'histoire du Vatican, le Pape avait accordé une audience au dirigeant d'un parti communiste, Mikhaïl Gorbatchev. Cette visite historique marqua le début de la renaissance de l'Eglise catholique romaine en Russie. Moscou établit alors des relations diplomatiques avec le Vatican.
A présent, la Conférence des évêques catholiques de Russie contrôle 300 diocèses qui regroupent plus de 500 000 croyants, dont le ministre du Développement économique et du commerce, Guerman Gref. Les rapports entre l'Eglise catholique et les autorités russes se sont sensiblement améliorées, estiment les évêques.
Mais l'État n'est pas en mesure de changer l'attitude traditionnellement négative de l'Eglise orthodoxe russe vis-à-vis des missionnaires catholiques en Russie. L'Eglise orthodoxe accuse les catholiques de prosélytisme, autrement dit de vouloir convertir les orthodoxes sur son territoire canonique.
Le Vatican rejette ces accusations indiquant que le mot "prosélytisme" a une signification "plus vaste" dans le monde orthodoxe. Les hiérarques orthodoxes rappellent que le Vatican recourt aux mêmes catégories linguistiques pour défendre ses intérêts. Ainsi, le Saint Siège dénonce en permanence le prosélytisme agressif au Brésil où les activités de groupes protestants, notamment pentecôtistes, portent préjudice aux diocèses catholiques.
La situation délicate des chrétiens gréco-catholiques, ou uniates, d'Ukraine est un autre sujet de discorde entre les Églises orthodoxe et catholique. L'Eglise uniate (sous la juridiction de Rome, mais de rite oriental) a déplacé en août 2005 le siège de son patriarcat à Kiev, ce qui a suscité l'irritation du Patriarcat de Moscou.
Les dirigeants de l'Eglise orthodoxe russe s'attendaient à ce que le nouveau Pape Benoît XVI, réputé pour son conservatisme, poursuive la politique de son prédécesseur. Au contraire, les relations entre le Vatican et l'Eglise orthodoxe russe s'améliorent.
"Avec l'Eglise orthodoxe russe, la glace est rompue. L'Age de glace œcuménique n'existe pas", a indiqué le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, au cours d'une conférence de presse à Rome. Selon Mgr Walter Kasper, la visite du Pape en Russie n'est pas pour demain, mais le Saint Siège œuvre pour surmonter les obstacles qui entravent l'organisation d'une telle visite. Le déplacement de l'archevêque Giovanni Lajolo à Moscou en serait la preuve.
Cela confirme l'opinion du Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies Alexis II: l'arrivée d'un nouveau Pape marquera le début d'une ère nouvelle dans la vie ecclésiastique de Rome et permettra de "rénover" les relations avec les chrétiens orthodoxes.
Vladimir Simonov
© RIA-Novosti 2005.