Après plus de trente ans d'existence de G2W, Religioscope vous propose un aperçu sur ses activités. Après l'effondrement des systèmes communistes, G2W a-t-il encore une raison d'être? Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce nouveau contexte? Et quel regard ses collaborateurs portent-ils sur l'évolution de la situation dans les pays qu'ils étudient? Afin d'en savoir plus, Religioscope a visité les bureaux de G2W et interrogé Gerd Stricker et Paul Meinrad Strässle. Ce dernier a en effet annoncé d'important changements dans le travail de G2W lors de l'assemblée générale de mai 2005, en raison notamment des contraintes matérielles qui ont résulté des changements de ces dernières années.
Paul Meinrad Strässle est depuis le 1er février 2005 le nouveau directeur et rédacteur en chef de G2W. Agé de 51 ans, c'est un expert du monde byzantin, qui enseigne cette spécialité à l'Université de Zurich. D'origine catholique, il s'est converti à l'Eglise orthodoxe en 1996. Officier de l'Etat-major général de l'armée suisse, il y a notamment travaillé sur les questions de logistique.
Né en Silésie, Gerd Stricker a grandi dans ce qui était alors la République démocratique allemande (RDA). À l'âge de 16 ans, en raison de ses activités dans le cadre de l'Eglise, il dut fuir la RDA pour s'installer en Allemagne dl'Ouest. Il vit depuis 18 ans en Suisse, où il exerce les fonctions de rédacteur en chef adjoint du mensuel Glaube in der 2. Welt. Gerd Stricker est slaviste et historien spécialisé sur l'Europe de l'Est. Avant de rejoindre à Zurich l'équipe de l'Institut Glaube in der 2. Welt, il avait travaillé à la Faculté de théologie de Münster (Westphalie).
Dans la première partie de l'entretien, Gerd Stricker répond à nos questions et pose un regard sur l'histoire et les développements de G2W et des régions auxquelles G2W a prêté jusqu'à maintenant attention. Dans la seconde partie de l'entretien, Paul Meinrad Strässle prend le relais pour nous expliquer comment il voit l'avenir de G2W.
[L'Institut G2W existe toujours, mais son mensuel s'intitule maintenant 'Religion & Gesellschaft in Ost und West' - 28.09.2016]
Adresse: G2W, Birmensdorferstrasse 52, Postfach 9329, CH-8036 Zürich.
Site: https://www.g2w.eu/
Religioscope - La notion de “tiers-monde” est familière au public francophone, mais celle de “deuxième monde" (2. Welt) l'est moins. Pourriez-vous nous en expliquer la signification?
Gerd Stricker - En fait, l'expression trouve son origine à Paris dans le milieu des sociologues. Les Occidentaux et les pays industrialisés constituaient le “premier monde”, les pays communistes le “deuxième monde”, tandis que le “tiers-monde” recouvre ce que nous savons, c'est-à-dire les pays plus pauvres du globe. Comme vous le savez, on parle aussi aujourd'hui de “quart-monde”.
Après la chute du communisme, le concept a été conservé et adapté. En effet, d'un point de vue économique, politique, éthique, philosophique également, ces régions resteront encore pour longtemps un monde particulier. Nous constatons cela même en Allemagne, dans ce qui fut autrefois la RDA: de gros efforts sont faits pour surmonter les différentes façons de penser et mentalités qui se sont développées. Il faudra cependant attendre pour cela la disparition des générations qui ont grandi en étant soumises à ce qui était un véritable lavage de cerveau. Ce qui vaut pour l'ex-RDA est encore beaucoup plus marqué dans d'autres zones du “deuxième monde”: ce phénomène y est encore renforcé par la détresse économique.
Religioscope - Intéressons-nous maintenant d'un peu plus près à l'histoire de Glaube in der 2. Welt, avant d'en arriver à la situation actuelle. En effet, à l'origine du Keston Institute (maintenant à Oxford) comme à l'origine de Glaube in der 2. Welt, nous trouvons une forte personnalité. Au début du Keston Institute, il y avait le prêtre anglican Michael Bourdeaux; dans le cas de Glaube in der 2. Welt, il s'agissait du pasteur Eugen Voss. Mais peut-on réellement dire qu'il fut seul à l'origine de Glaube in der 2. Welt, ou y avait-il un groupe de personnes, dans le monde germanophone, qui ont estimé que l'on n'en faisait pas assez pour les croyants dans l'espace sous domination communiste?
Gerd Stricker - Nul doute que la figure centrale était bel et bien le pasteur Eugen Voss. Tant Michael Bourdeaux avec Keston que Voss avec Glaube in der 2. Welt ont eu des initiatives semblables dans des pays différents et fondé des institutions soeurs qui existent jusqu'à aujourd'hui, fonctionnant séparément mais prenant aussi des initiatives ensemble. Leur personnalité aussi présentait des traits semblables: des visionnaires, avec un talent pour mettre en œuvre leurs projets. Tous deux avaient aussi un don tant pour recueillir des fonds que pour rassembler des gens qui avaient des idées semblables.
Cependant, autour de l'un comme de l'autre, il y avait aussi certains cercles d'Eglise. Dans le cas du pasteur Voss, il s'agissait avant tout du Synode évangélique réformé du canton des Grisons, en Suisse, ainsi que de l'évêque catholique romain de Coire, Johannes Vonderach. L'idée remonte à un exposé qu'avait présenté le pasteur Voss devant le Synode évangélique des Grisons sur la situation des chrétiens en Union soviétique. L'exposé fit une forte impression et causa aussi une vive émotion: il fit naître le sentiment qu'il fallait faire quelque chose. Mgr Vonderach fut également sensibilisé. Cette initiative naquit ainsi dans les Grisons. Tant le Synode évangélique que Mgr Vonderach décidèrent qu'il fallait aider à créer un institut pour s'occuper de ces questions.
Le pasteur Voss était tout indiqué pour s'occuper de ces questions: sa famille était originaire de la Saxe, mais s'était installée au 19ème siècle en Russie. Il s'agissait donc d'Allemands de Russie. Ses grands-parents avaient envoyé les enfants étudier en Suisse, ce qui fait que le pasteur Voss vint pour ainsi dire en Suisse en tant que Suisse de Russie, pour ainsi dire. Mais il est important de souligner qu'il avait (et a toujours) de la parenté en Russie. Ce fut en leur rendant visite qu'il prit conscience de ce qu'était réellement la répression, la persécution subie sous le régime soviétique par les chrétiens, en particulier par l'Eglise orthodoxe.
Muni de ces connaissances, avec les soutiens obtenus aux Grisons, il établit tout d'abord à Küsnacht (dans le canton de Zurich), dans un petit appartement, un centre de recherche, qui devint par la suite l'Institut Glaube in der 2. Welt.
Religioscope - Et rapidement, de même que Keston, Glaube in der 2. Welt se retrouva sur la liste des ennemis du système soviétique. Nombreuses furent les critiques contre ces initiatives, d'ailleurs non seulement de l'Union soviétique, mais aussi de certains cercles ecclésiastiques... Il y eut même des tentatives d'espionnage dont Glaube in der 2. Welt fut la cible. À quoi ressemblait donc la vie de l'Institut durant cette période? Sans doute fallait-il mener les activités avec une certaine prudence?
Gerd Stricker - La presse soviétique, mais aussi celle de la RDA et d'autres pays communistes, tirèrent rapidement à boulets rouges contre l'Institut. De l'autre côté du rideau de fer, G2W était présentée comme une institution dirigée - ou en tout cas financée - par la CIA, afin de mener la guerre froide sur le terrain ecclésiastique. Dans le Lexique des athées de l'Union soviétique, G2W avait aussi droit à une mention: l'Institut était décrit comme une initiative destructrice menée par des combattants de la guerre froide.
Simple exemple: j'ai guidé un jour, en 1986, un groupe de vingt pasteurs au Kazakhstan, au Tadjikistan et en Russie. Je photographiais, je prenais des notes, et ces notes, avec les adresses qu'elles contenaient, me furent dérobées au Kazakhstan, à Karaganda, par le responsable d'une communauté mennonite, qui était russe - c'était alors typique, toutes ces communautés avaient un chef russe. Mes notes me furent restituées quelques jours plus tard, en m'expliquant qu'il s'agissait d'un malentendu. Après la chute du Mur, lorsque j'ai eu accès au dossier me concernant à la Stasi (services de sécurité est-allemands), j'y étais présenté en gros comme un ennemi des religions en Union soviétique. Et j'y ai retrouvé le programme quotidien de ma visite, beaucoup plus détaillé que mes propres notes. Dans les dossiers de la Stasi se trouvait une traduction de mes notes et l'original russe qui - signalait le dossier - “nous a été communiqué par notre organisation soeur russe, le KGB”.
C'était ainsi que l'on observait nos activités. Mais ce n'était là qu'un aspect. Il y eut également des tentatives non pas d'infiltrer l'Institut, mais d'obtenir un aperçu sur ses activités par l'intermédiaire de visiteurs et des étudiants - notamment des étudiants venus à Zurich dans le cadre d'un programme d'échange avec l'Université de Leipzig. Il est très intéressant de voir aujourd'hui, dans les dossiers de la Stasi, ce que contenaient ces rapports: qui a prié à table, quel collègue est revenu de la pause de midi à 14h, précisant que ce collègue mesurait 1m87, avait des cheveux roux et était ventripotent - tout cela figurait dans ces rapports! en définitive, pas grand chose...
Il y a eu aussi des tentatives d'accéder à nos archives, mais nous avons toujours été en mesure, sans fermer la porte, de bloquer l'accès aux informations qui ne devaient pas être divulguées. Nous leur avons simplement laissé voir des informations sans conséquences, en évitant tout accès à nos dossiers sensibles. Nous avons toujours agi de cette manière.
Tout cela ne nous a pas vraiment mis sous pression: nous en avons plutôt pris connaissance avec amusement. Bien entendu, il faut toujours un certain temps jusqu'à ce que l'on remarque que quelque chose cloche avec quelqu'un. Dans un cas, nous ne l'avons même pas du tout remarqué.
Il faut se replacer dans le contexte de l'époque: le mouvement pacifiste, la Conférence pour la paix de Prague, l'atmosphère anti-américaine... Pour des personnes qui ne pensaient pas très loin, anti-américanisme signifiait adopter une attitude prosoviétique. Ces gens ont développé une vision idéalisée de l'Union soviétique et ont tout fait pour fermer les yeux. Plus d'un d'entre revint en réalité désillusionné après un voyage en Union soviétique, mais préféra se taire.
Dans les Eglises, au nom de l'œcuménisme, du rapprochement entre les chrétiens, de stratégies pour associer les orthodoxes à ces efforts, des concessions étaient également faites. Bien entendu, quand on parlait en privé avec un ecclésiastique occidental, il disait lui aussi très clairement que la plupart des partenaires du dialogue oecuménique venant des pays communistes étaient envoyés par le KGB, qu'il y avait peu de véritables interlocuteurs avec lesquels on pouvait discuter et qui étaient réellement intéressés à développer une collaboration. Cependant, cela n'a pas empêché de poursuivre les efforts de rapprochement.
Et les ecclésiastiques du monde communiste, en particulier les orthodoxes, mais aussi les baptistes, voulaient maintenir ces contacts dans les cercles œcuméniques, qui leur permettaient de se rendre à l'étranger, dans une atmosphère différente de celle du système soviétique. Bien entendu, il y avait dans tout groupe de visiteurs quelqu'un qui était chargé de surveiller les autres. Parfois, cela était visible, mais pas toujours. Bien entendu, les visiteurs russes ou bulgares savaient lequel d'entre eux avait ce rôle: en revanche, il y avait pour les hôtes occidentaux une certaine incertitude.
Il faut aussi souligner que l'on ne venait pas simplement en Occident pour respirer un air de liberté: à leurs yeux, qui était connu en Occident ne subissait pas la répression et ne risquait n'était pas d'être arrêté à l'Est. Chacun de ceux qui réussissait à voyager à Genève, à Berlin, à Hanovre ou ailleurs - et ce n'était pas facile de se retrouver dans ces cercles - y voyait une protection personnelle, mais aussi une protection pour l'Eglise. Ils s'imaginaient que, s'ils étaient connus, leurs Eglises ne seraient pas réprimées. Cela était pourtant une illusion: les églises étaient fermées malgré tout.
En 1948, quand d'Amsterdam vint l'invitation à coopérer avec le Conseil oecuménique des Eglises (COE), Staline décida que non, et le patriarche Alexis Ier écrivit dans ce sens. Ce nouveau groupe oecuménique était dépeint comme d'orientation trop fortement capitaliste. Puis, subitement, en 1961, l'Eglise orthodoxe russe demanda à devenir membre: Kroutchev avait en effet ordonné d'aller à Genève. En effet, on avait appris dans le monde occidental qu'une nouvelle vague de persécutions se déroulait en URSS: durant la période Kroutchev, les chiffres montrent que la moitié environ des établissements ecclésiastiques orthodoxes furent fermés. Kroutchev entendait donc donner le change à l'Occident: des évêques devaient aller au COE à Genève et expliquer qu'il n'y avait pas de persécution en Union soviétique, que les croyants y vivaient en liberté.
Mais il y avait un second objectif: dans la ligne du mouvement pour la paix alors encouragé par les Soviétiques, expliquer au monde que la politique soviétique était une politique en faveur de la paix. Ce fut le sens d'initiatives telles que la “protection de la Création contre la destruction nucléaire”, des discussions sur le désarmement: il s'agissait d'amener les Américains à réduire leur arsenal nucléaire, tandis que les Soviétiques pourraient dans le même temps secrètement développer celui-ci. Il fallait donc convaincre les Eglises de protester contre les armes nucléaires - ce qu'elles firent naïvement. Des ecclésiastiques protestants, souffrant parfois presque d'un complexe d'infériorité face à ces impressionnants évêques orthodoxes avec leurs amples soutanes, firent leurs ces déclarations sur la politique soviétique comme politique favorable à la paix... L'on ne saurait dire que l'action des groupes qui répercutaient les mots d'ordre du mouvement pour la paix d'inspiration soviétique aient réellement eu une influence sur la politique étrangère de leurs pays respectifs; en revanche, ils ont exercé une forte influence sur leurs sociétés.
Certains milieux ecclésiastiques imaginaient en fait une division du travail: leur tâche était de maintenir les relations œcuméniques, m'avait ainsi expliqué un dignitaire protestant, tandis que celle de G2W était de faire écho aux problèmes des croyants dans le monde communiste - mais pas trop quand même, pour ne pas perturber les relations œcuméniques!...
Religioscope - Ensuite vint l'effondrement du système soviétique, avec le changement de situation qu'il entraîna. Certains problèmes de la période précédente ont disparu ou sont atténués, d'autres sont apparus. Cela signifie sûrement aussi une transformation des tâches de G2W. Qu'est ce que cela a changé?
Gerd Stricker - Il faut commencer par expliquer quelle était notre tâche auparavant. Avant le tournant, notre tâche était de faire connaître en Occident les persécutions. Pendant longtemps, la répression contre les croyants à l'époque de Kroutchev (pas seulement contre les chrétiens de toutes les confessions, mais aussi contre les musulmans et les juifs) ne fit pas l'objet d'une grande publicité en Occident. Nous faisions par exemple connaître ce qui se passait dans les camps, quels croyants y étaient détenus et ce qui leur arrivait.
Dans le domaine ecclésiastique, en URSS, on peut dire que le tournant a déjà été amorcé avant l'effondrement du système soviétique, sous Gorbatchev. Le point tournant a été 1988, le millénaire du baptême du prince Vladimir à Kiev. Le patriarche Pimène et le Saint-Synode l'Eglise orthodoxe russe furent officiellement reçus au Kremlin, devant les caméras de la télévision, le 4 avril 1988: quel contraste avec la façon dont Staline avait reçu nuitamment et sans publicité les derniers métropolites, bien des années plus tôt! Gorbatchev ne devint pas chrétien pour autant, il ne le prétend d'ailleurs toujours pas aujourd'hui, contrairement à d'autres présidents russes, mais il tint les promesses faites à l'occasion du millénaire du baptême du prince Vladimir: il restitua des églises; il abrogea le 1er décembre 1989, à l'occasion d'une visite au Pape à Rome, l'interdiction de l'Eglise grecque-catholique par Staline en 1946; etc.
En octobre 1990 entrèrent aussi en application de nouvelles lois sur la religion, l'une pour l'Union soviétique et l'autre pour la République soviétique de Russie, plus libérales l'une que l'autre: ainsi furent introduites la liberté religieuse et une égalité absolue entre les communautés religieuses.
L'on se réjouit d'abord de voir la liberté religieuse garantie sur le papier, et aussi mise manifestement en application par Gorbatchev. Mais l'on put bientôt constater, et de plus en plus, combien cette situation était inconfortable pour l'Eglise orthodoxe russe. On peut d'ailleurs le comprendre. Une Eglise qui avait marqué pendant 1000 ans l'histoire et la culture du pays se retrouvait subitement, sur le plan juridique, à égalité avec les scientologues ou les moonistes!
Cela conduisit, en 1997, à l'adoption d'une nouvelle loi sur les religions de la Fédération de Russie. Le préambule de cette loi reconnaît le rôle historique de l'Eglise orthodoxe russe, tout en reconnaissant également les contributions historiques d'autres communautés religieuses, ce que l'on qualifie de religions traditionnelles, c'est-à-dire l'islam, le bouddhisme et le judaïsme. Par la suite y a été ajouté le christianisme, c'est-à-dire les chrétiens non orthodoxes, avant tout catholique et luthériens.
Il y a une troisième catégorie, contre laquelle est en fait dirigée la loi: il s'agit des nouveaux groupes religieux (ce qui inclut certaines nouvelles communautés baptistes et pentecôtistes), qui ne bénéficient pas d'un statut de personne juridique. Cette différenciation existe aujourd'hui non seulement dans l'ex-URSS, mais aussi dans d'autres pays de l'ancienne sphère soviétique. Autrefois Eglises d'Etat, ces Eglises orthodoxes revendiquent comme leur un territoire, qu'elles qualifient de territoire canonique. À noter que le Patriarcat de Moscou ne considère pas simplement l'actuelle Fédération de Russie comme son territoire canonique, mais l'ensemble de l'ancienne Union soviétique, à l'exception de la Géorgie, qui a sa propre Eglise.
Les autres Eglises se trouvent reléguées au second rang et limitées dans leurs droits. Elles ne sont pas persécutées par l'Eglise orthodoxe russe, mais celle-ci entend les maintenir dans leurs limites actuelles, notamment l'Eglise catholique, pour éviter qu'elles ne se développent. Selon ce point de vue, les athées en Russie, c'est-à-dire les athées d'origine ethnique russe, ont tous des racines orthodoxes; leurs ancêtres ont été éloignés de leur foi par le régime soviétique; seule l'Eglise orthodoxe a donc, estime-t-elle, le droit de les reconduire vers le christianisme. Si les catholiques ou les luthériens se livrent à une telle activité, ils font du prosélytisme.
Dans un tel contexte, la tâche de G2W est très difficile. Comme par le passé, cela ne rend pas toujours G2W très apprécié. Nous devons dire à nos amis de l'Eglise orthodoxe russe que nous pouvons certes comprendre leur point de vue, mais qu'ils ont oublié quelques siècles et que nous vivons aujourd'hui dans une époque de mondialisation. En outre, dans la pratique, 80% des Russes ne sont pas vraiment des croyants, même s'ils se qualifient d'orthodoxes, et la notion de territoire canonique n'a pas de sens par rapport à cette population. La théorie du territoire canonique ne correspond absolument pas aux réalités de notre époque.
Bien sûr, nous nous posons aussi la question de savoir si l'Eglise catholique romaine a agi de façon appropriée dans certaines circonstances, par exemple en établissant des diocèses en Russie. Je l'ai d'ailleurs écrit dans un article.
Mais ce ne sont pas les seuls conflits. Je pourrais par exemple mentionner les tensions et disputes entre luthériens dans l'ex-Union soviétique entre des groupes fondamentalistes et des groupes libéraux. Nous rapportons aussi ces développements, qui voient des affrontements entre protestants libéraux en Occident et conservateurs dans les pays autrefois communistes, par exemple dans les pays baltes. A la fin des années 1990, nous avons prêté attention aux conflits entre orthodoxes de nationalité estonienne et orthodoxes de nationalité russe en Estonie.
Un autre thème important et particulièrement intéressant est celui du type de relations entre les Eglises et les Etats. Quelle est la relation entre une confession et la direction de l'Etat? En dehors de l'Ukraine - un thème important pour nous aussi - où les orthodoxes sont divisés entre trois Eglises, c'est un fait qu'en Russie, en Bulgarie, en Roumanie, les Eglises orthodoxes s'efforcent d'être proches de l'Etat et aspirent en fait à être des Eglises d'Etat, même si elles s'en défendent.
Nous voyons comment le Patriarche russe Alexis apporte un soutien à Poutine, comment Poutine rend visite au Patriarche dans les monastères et s'y fait photographier. Il rend visite au Patriarche à l'hôpital, lui envoie ses médecins personnels. À beaucoup d'égards, nous ne sommes pas très loin d'une Eglise d'Etat, même si ce statut n'est pas ancré dans la Constitution.
Cependant, remarquons que Poutine ne va pas jusque-là. Si Poutine a accepté la bénédiction du Patriarche à la télévision russe le 31 décembre 1999, il ne l'a pas pour autant invité à officier à son assermentation.
Notons aussi la politique très intelligente de Poutine face à l'islam, qui rappelle les théories de l'eurasisme. Selon ces théories, la Russie n'est un pays ni asiatique ni européen: la Russie est l'un et l'autre, elle est Eurasie. L'eurasisme, c'est l'orthodoxie et l'islam. L'islam est l'Asie, l'orthodoxie est l'Europe, la Russie est tous les deux. Cette coopération de l'orthodoxie et de l'islam a été formulée par Poutine dans le cadre de son idéologie d'Etat, même si ces principes ne se retrouvent peut-être pas toujours dans la pratique. Ce sont bien sûr des idées qui n'enthousiasment pas tellement la direction de l'Eglise orthodoxe russe.
La nouvelle idéologie de la Russie de Poutine est le nationalisme grand-russe. Cependant, malgré l'islam, malgré l'eurasisme, l'Eglise orthodoxe reste le noyau spirituel de l'idéologie de l'Etat russe.
Dans ce contexte, il est intéressant d'observer comment se sentent les autres Eglises, dans cette hiérarchie établie par l'Etat. Comment réagissent les catholiques (surtout de nationalité polonaise et allemande), comment agit l'Etat par rapport aux théories du “territoire canonique”? À voir les refus de visas qu'ont subis des prêtres catholiques venus de l'étranger, on a l'impression que l'administration de l'Etat fait parfois sienne la théorie du territoire canonique.
L'Eglise luthérienne de la minorité allemande de l'ex-Union soviétique ne fait l'objet d'aucune mesure de ce genre. Cela s'explique par la présence à sa tête de l'archevêque Georg Kretzschmar, qui vient de Munich et se trouve depuis quelques années à la tête de l'Eglise luthérienne avec siège à Saint-Pétersbourg, a participé en Russie à tous les dialogues théologiques depuis trente ans et, en tant que théologien et historien de l'Eglise, jouit d'une telle considération dans les rangs de l'Eglise orthodoxe russe que, aussi longtemps qu'il exercera la fonction d'archevêque, son Eglise ne sera probablement jamais prise pour cible. Mais il est probable que la situation pour les luthériens changera lorsqu'il n'occupera plus le devant de la scène: âgé de 80 ans, il va partir à la retraite en octobre 2005.
La relation de l'Eglise orthodoxe est particulièrement tendue avec les néo-baptistes, les pentecôtistes et autres groupes de la sphère protestante, car elle dit, non sans raison, que tous leurs fidèles sont issus de l'orthodoxie - si ce n'est eux, leurs ancêtres.
Religioscope - Nous voyons surgir cette question du prosélytisme dans des contextes très variés du monde contemporain, pas seulement dans les pays ex-communistes, mais un peu partout sur le globe, et avec des arguments d'ailleurs semblables. Mais en ce qui concerne les luthériens, la meilleure relation avec l'Eglise orthodoxe ne s'expliquerait-elle pas par le fait que les Russes ne se convertissent guère au luthéranisme? En revanche, même s'il n'y a pas des conversions de masse au catholicisme, il y a quand même ici et là des individus, par exemple dans des milieux intellectuels, qui se tournent vers Rome.
Gerd Stricker - Non, ce n'est pas comme cela que la situation se présente. Mais j'ai peut-être omis de mentionner un élément dans l'argumentation. L'Eglise catholique est accusée de prosélytisme, parce qu'elle a mis en place des structures diocésaines et parce qu'un nombre non négligeable de Russes se sont effectivement convertis au catholicisme dans les villes. Et aussi, l'on ne peut pas dire que tous les prêtres catholiques se comportent en Russie comme le clergé bien élevé auquel appelle le Pape. Il est notoire que certains prêtres, particulièrement du clergé originaire de la Slovaquie et de la Pologne, se montrent particulièrement actifs pour approcher des Russes. Je connais des prêtres qui, une fois retraités, sont partis au Kazakhstan, avec des vues très conservatrices et des rêves missionnaires. Mais les consignes du Vatican sont très claires.
Je connais l'Eglise luthérienne en Russie encore mieux que l'Eglise catholique. Je dirais que le pourcentage des Russes y est probablement beaucoup plus élevé que dans les communautés catholiques - en tout cas dans les villes, alors que c'est moins le cas dans les campagnes, où les prêtres orthodoxes veillent à prévenir ce genre de situation. Si je pense par exemple à la communauté luthérienne de Saint-Pétersbourg, je dirais que 60% des membres sont d'origine russe, et plus encore à Mo
scou.
Religioscope - Et il s'agit de gens qui se sont convertis au cours de la décennie écoulée?
Gerd Stricker - Oui, depuis le tournant. Dans les villes se sont aussi développées certaines communautés protestantes qui, vues des campagnes, apparaissent comme un protestantisme culturel: on y fait de la musique, on y lit des poèmes, et parfois on y organise un culte! Ces initiatives font l'objet de critiques des vieilles communautés luthériennes allemandes des zones rurales. Elles se montrent très soupçonneuses face à ces développements.
Autrefois, il était impensable, tant dans les communautés luthériennes que dans les communautés catholiques, de voir apparaître un Russe. Les Russes étaient à l'origine des déportations, de tous les malheurs de ces minorités nationales. Un Russe n'aurait pas été accepté. Et pourtant, aujourd'hui, en peu d'années après le tournant, nous en sommes arrivés au point où, dans les paroisses urbaines, jusqu'à la moitié des fidèles et plus sont des Russes. C'est la raison pour laquelle je pense que les luthériens seront aussi visés le jour où l'archevêque Kretzschmar se sera retiré.
Religioscope - Vous constatez une certaine frustration dans les milieux qui, pendant des années, avaient vécu en Occident dans l'attente de la liberté religieuse, et observent aujourd'hui des rivalités entre Eglises et au sein des Eglises? Il y a sans doute eu des déceptions...
Gerd Stricker - Après l'effondrement du communisme, il y a en effet d'abord eu une considérable euphorie, un espoir, un enthousiasme. Nous ne cessions de recevoir des nouvelles encourageantes, sans même parvenir à les suivre: ici des églises rouvertes, là un monastère, ailleurs un séminaire...
Mais il est petit à petit devenu clair que se répandaient des idées qui n'avaient rien d'œcuménique. Soudainement, on prit conscience d'un manque d'intérêt tant pour les activités dans le cadre des institutions œcuméniques (COE, Conférence des Eglises européennes) que des relations œcuméniques bilatérales. Les dignitaires orthodoxes commencèrent à briller par leur absence aux réunions du COE à Genève, pour aboutir ensuite à la formulation d'une critique lors de la conférence de Harare. Ce fut là que les orthodoxes explicitèrent pour la première fois leurs critiques.
Notre tâche est aussi d'expliquer pourquoi cela se produit. Il faut dire - et je le dis depuis longtemps - que ce qui se passe dans les milieux oecuméniques ne peut tout simplement pas du tout intéresser les orthodoxes et ne peut pas les satisfaire, mais ne peut au contraire qu'engendrer chez eux des frustrations. Ces questions sont devenues des points de friction, à commencer par le processus démocratique des prises de décision. À bon droit, les orthodoxes font remarquer qu'on ne peut pas mettre aux voix les questions spirituelles, avec un système de vote majoritaire. Si une décision importante sur des questions spirituelles est prise par 51% des voix contre 49%, ce n'est pas une vraie décision que l'on peut accepter. Comme on le sait, le COE comprend quelque 300 dénominations protestantes, souvent très petites, face auxquelles se trouvent seulement 10 à 12 Eglises orthodoxes, représentant plus de 100 millions de fidèles. L'atmosphère est nettement marquée par le protestantisme.
Nous devons ensuite nous représenter ce qui arrive à un évêque ou prêtre orthodoxe qui se retrouve à une réunion du COE à Genève. La majorité des délégués sont des déléguées, des femmes. Celles-ci - je caricature bien sûr! - passent leur temps à demander à chaque orthodoxe quand ils vont enfin ordonner des femmes! Puis on va leur poser des questions sur la bénédiction des homosexuels! Tel était le climat dans lequel se retrouvaient les délégués orthodoxes: chacun d'entre eux était heureux de ne plus devoir y aller!
Et puis les cultes œcuméniques! Nous avons vu ces prières qui mélangeaient un peu tout. Si moi, luthérien, j'ai vécu tout cela avec irritation, on peut imaginer quels ont été les sentiments d'orthodoxes...
Il y avait donc beaucoup de choses que les orthodoxes n'avaient eu d'autre choix que d'avaler pendant la période communiste, d'autant plus que cela leur offrait une protection politique. Ensuite, une fois que tout cela n'était plus nécessaire... il y a d'abord eu Harare, ensuite Graz... Malgré les aménagements finalement consentis par les partenaires des Eglises orthodoxes au sein du COE, les Eglises de Géorgie et de Bulgarie s'en sont retirées. L'Eglise orthodoxe russe s'est repliée sur un statut d'observatrice.
En septembre 2002, une commission spéciale du COE a adopté un rapport par lequel on s'efforce de répondre aux attentes orthodoxes à travers plusieurs mesures importantes: les décisions seront prises par un processus de consensus (au lieu de prise de décision majoritaire, comme jusqu'à maintenant), afin que les Eglises orthodoxes, qui se trouvent en minorité, aient de meilleurs possibilités de présenter leur point de vue. Outre la qualité de membre officiel du COE, la possibilité d'un statut de "membre associé" doit être ouverte, permettant par exemple une collaboration limitée à des Eglises orthodoxes qui ne peuvent s'identifier avec le COE dominé et marqué par le protestantisme. Malgré tout cela, les Eglises de Géorgie et de Bulgarie ne sont pas revenues au COE et l'Eglise russe se cantonne également de facto dans sa position attentiste.
Religioscope - Il faut dire que ces décisions furent aussi la conséquence de tensions internes à ces Eglises, notamment en Géorgie...
Gerd Stricker - Oui, tout à fait - en Bulgarie aussi, d'ailleurs.
Religioscope - Et que voyez-vous pour les dix prochaines années?
Gerd Stricker - Envers et contre tout, je suis optimiste. Je pense qu'il doit y avoir malgré tout une forme de normalisation. La Russie aussi ne vit pas dans un espace isolé. Poutine est un homme très intelligent. La Tchétchénie a pris une telle importance parce que l'idéologie de l'Etat y est mise à l'épreuve. Avec la seconde guerre de Tchétchénie, Poutine a fait appel aux ressources du patriotisme.
Tôt ou tard viendra cependant une normalisation. Mais il faut probablement vingt ans pour atteindre ce stade. Cela correspondra au moment où les dernières traces du système soviétique disparaîtront. L'homo sovieticus avait assimilé tout ce système. Ce n'est donc pas simplement une question politique: il est très difficile de discuter avec des collègues russes au sujet de certaines questions, parce qu'ils pensent autrement, parce qu'ils ont une autre mentalité.
Nous ne devons certainement pas nous imaginer que la Russie deviendra un jour l'Europe. Dans le dialogue théologique, nous avons toujours constaté que ce ne sont pas des facteurs théologiques qui posent problème: de la même façon, entre Rome et Byzance, les problèmes n'étaient pas avant tout théologiques, mais des mentalités différentes qui se sont développées au cours des siècles.
La Russie et les autres pays orthodoxes seront toujours quelque chose d'autre que les pays occidentaux. Mais dans ce cadre, lorsque l'homo sovieticus ne sera plus, il y aura aussi une certaine normalisation. Il y aura toujours des slavophiles, il y aura toujours des occidentalisants. Il y aura toujours des échanges, des rivalités, les uns et les autres prendront successivement le dessus. Mais cela se déroulera dans un cadre normal, avec une juste place pour les autres communautés religieuses dans le cadre étatique.
Religioscope - Nous nous tournons maintenant vers Paul Meinrad Strässle, nouveau directeur et rédacteur en chef de G2W. Plusieurs observateurs ont souligné que le contexte actuel imposait à G2W des adaptations: vous avez d'ailleurs annoncé des transformations majeures dans le travail à venir de l'Institut lors de sa dernière assemblée générale...
Paul Meinrad Strässle - C'est exact. G2W souhaite atteindre au cours des trois prochaines années plusieurs objectifs stratégiques: devenir un centre de compétence reconnu, pouvant proposer ses services dans les domaines de l'information, de la communication, du coaching, du consulting, des projets d'aide et du tourisme; se transformer en organisation à but non lucratif, mais rentable grâce aux services fournis. Les champs couverts seront la religion, la société et la culture en Europe, en Asie - en particulier au Proche-Orient - et en Afrique (Egypte, Abyssinie).
Nous avons déjà commencé à élaborer ce nouveau modèle pour G2W. Nous avons commencé par une analyse des forces et faiblesses de l'organisation telle qu'elle se présente actuellement, avant de formuler des visions, c'est-à-dire des idées que nous avons pour l'avenir, mais que nous estimons pouvoir réaliser dans des délais prévisibles. Il faut aussi pouvoir rêver si l'on veut se transformer et se développer! Il s'agit d'être ouvert et prêt à réagir à des impulsions extérieures pour s'adapter à de nouvelles circonstances. Il s'agit également d'avoir le courage de prendre certains risques.
Religioscope - Oui, mais par rapport à ces considérations très générales, où se situera la spécificité de G2W?
Paul Meinrad Strässle - Dans sa vocation à créer des ponts sur la base d'une vision du monde qui est celle de l'Occident chrétien, la nouvelle organisation s'occupera beaucoup plus intensivement non seulement du christianisme, mais également de l'islam, du judaïsme et d'autres voies spirituelles (nouveaux mouvements religieux). La rencontre et l'échange constituent des conditions essentielles pour réduire les oppositions, les images négatives de l'autre et la méfiance, afin de rendre possible la coexistence et la vie commune de différentes religions, confessions et cultures.
Dans le cadre de nos compétences, nous nous proposons de rechercher des mandats et d'offrir des prestations multiples et adaptées au “marché”. Grâce à une plus forte présence médiatique, à un travail d'information, de marketing et de recherche de fonds, le réseau autour de G2W devrait s'élargir considérablement.
Aujourd'hui déjà, l'objectif de G2W est de réduire - à travers un travail d'information en profondeur - le potentiel de conflits dans le domaine des confessions religieuses et de favoriser la coexistence des Eglises et des chrétiens à l'Est et à l'Ouest, au Nord et au Sud, ainsi que le dialogue interreligieux et interconfessionnel.
Nous y contribuons aussi en travaillant sur l'histoire des communautés religieuses dans différents pays, en nous consacrant à un travail d'information global et qui dépasse les frontières confessionnelles, et en analysant les problèmes au sein des Eglises et entre celles-ci ainsi que les conflits interethniques et interculturels avec un arrière-plan religieux. Ce travail est rendu possible par les compétences scientifiques et linguistiques des membres de l'Institut ainsi que par l'expérience qu'ils ont de ces pays, sans oublier un large réseau de relations internationales, qui devrait encore se renforcer.
Religioscope - Et qu'en est-il du public cible?
Paul Meinrad Strässle - G2W s'adresse à tous les cercles de lecteurs ayant un intérêt religieux, culturel ou scientifique pour ces thèmes, aux institutions ecclésiastiques et universitaires, au clergé de toutes les confessions, mais aussi à des personnes et institutions intéressées en dehors des Eglises, en Europe, au Proche-Orient, en Afrique...
En Occident, G2W aide déjà des responsables d'Eglises et d'œuvres à s'orienter face aux problèmes croissants dans le domaine œcuménique, à prendre des décisions et à agir de façon adéquate - en consultation avec l'Institut - dans des situations de conflit. En outre, G2W s'adresse de plus en plus à des clients et partenaires du monde politique, économique, culturel, de même qu'à toutes les personnes intéressées qui souhaitent être informées des questions interreligieuses et interculturelles et auxquelles le travail religieux et humanitaire en Europe de l'Est et au Proche-Orient tient à cœur.
Il faut rappeler la particularité de l'approche de G2W. Le centre de compétence travaille à partir de positions qui sont celles de l'Occident chrétien, mais n'est pas lié à une confession. Etant une institution suisse, G2W entend aussi rester neutre sur le plan politique, économique et social.
Religioscope - Finalement, quels autres accents pour l'avenir?
Paul Meinrad Strässle - L'interaction et la conjonction entre l'information et les projets d'aide dans le domaine ecclésial et social auront un poids nettement plus fort.
Outre les analyses de l'actualité et de son arrière-plan, du présent et de l'histoire, l'évaluation prospective devra aussi être développée.
La nouvelle mouture de G2W entend mettre en avant une fonction de conseil et offrir un service dans le cadre d'une activité de médiation et de promotion de la paix.
A côté du périodique et d'Internet, du travail éditorial et de dossiers, une agence doit diffuser rapidement les informations recueillies et évaluées. Cela conduira à mettre l'accent sur l'exclusivité et la valeur d'actualité des informations (hot news).
Ces activités exigent des méthodes de travail interdisciplinaires et comparatives avec des compétences multilingues. Afin d'accomplir ces tâches ainsi que d'organiser des séminaires et conférences, le centre sera soutenu par un groupe de conseil spécialisé.
L’entretien de Religioscope avec Gerd Stricker et Paul Meinrad Strässle a été mené par Jean-François Mayer.