L'histoire a été relatée par plusieurs agences de presse indiennes. Hildegard Jacob se savait atteinte d'un cancer incurable et avait décidé de rendre le dernier soupir en Inde.
Elle avait installé dans sa maison les statues de plusieurs déités, dont le Seigneur Jagannath. Elle les vénérait chez elle et organisait à son domicile des réunions de chants dévotionnels (bhajans). Chaque jour, elle allait prier devant le temple de Jagannath, auquel son statut de non-hindoue ne lui donnait pas accès.
Elle avait fait part à plusieurs personnes de son désir d'être incinérée à Swargadwar ("porte d'accès au ciel"), un site exclusivement réservé à la crémation d'hindous défunts. Elle allait régulièrement y prier dans l'espoir que ce désir serait exaucé.
Après son décès, le 19 décembre 2004, à l'âge de 48 ans, un guide local qui avait aidé Hildegard Jacob à trouver un logement prit soin du corps et fit connaître les dernières volontés de la défunte.
La police consulta le consulat d'Allemagne et la famille de Hildegard Jacob. Le consulat ne fit aucune objection et aurait même donné un peu d'argent pour les frais. Quant aux parents de la défunte, ils confirmèrent le désir exprimé par celle-ci.
"Elle portait des saris et vénérait le Seigneur Shiva, le Seigneur Jagannath et la déesse Lakshmi. Il n'y avait aucun symbole d'une autre religion dans sa demeure", précisa un officier de police.
La police décida donc d'autoriser la crémation à Swardagar. Selon les médias indiens, il n'y eut aucune objection dans la population locale, touchée par la foi de la défunte. "Ils ont permis cela parce que, par ses actes, elle était hindoue", commenta le guide qui l'avait assistée.
Un prêtre de Puri fit remarquer pour sa part: "Les non-hindous ne sont pas autorisés à accéder au temple, mais le Seigneur donne son darshan [le fait de voir la divinité ou une expression de celle-ci] à ses dévots non hindous à l'extérieur du temple. Elle peut avoir été une authentique et innocente dévote du Seigneur Jagannath, ce qui fait que le Seigneur a voulu lui accorder le salut par la crémation sur ce site."
Après la crémation, les cendres de Hildegard Jacob ont été dispersées dans la mer.
L'histoire illustre des situations qui promettent de se représenter de plus en plus fréquemment. Il est vrai que les traditions dévotionnelles au sein de l'hindouisme offrent une certaine souplesse pour dépasser des règles sinon strictes (castes, etc.), en prenant en considération l'intensité de la dévotion.
Sources principales: Indo-Asian News Service, 23 décembre 2004; Sify News, 23 décembre 2004; Asian News International, 24 décembre 2004.