Le secrétaire du SGPC qui a déploré cet état de choses a fait toutefois remarquer qu'aucun des élèves sikhs n'a été renvoyé de l'école et que des négociations étaient en train d'avoir lieu entre les écoles et les familles.
Dans son communiqué, le secrétaire a qualifié de «hautement déplorable» l'attitude des autorités scolaires françaises qui, selon lui, ont directement offensé l'identité et la foi des sikhs en France. Pour les sikhs, a-t-il expliqué, le turban est une part intégrante du sikhisme et il n'existe pas pour eux de circonstance où ils pourraient se dispenser de le porter. C'est pourquoi les dirigeants religieux sikhs ont demandé au Premier ministre Manmohan Singh, qui, lui-même, est un adepte de cette religion, d'aborder ce problème avec les autorités françaises lors de son prochain voyage en France.
La semaine précédente, le Premier ministre a déclaré avoir envoyé en France, au mois d'août, un conseiller de la Sécurité nationale, J.N. Dixit, pour y rencontrer le président Jacques Chirac et lui faire part de l'inquiétude de la communauté sikh à propos de la loi sur le port des signes religieux. Cependant, le représentant du SPG a estimé que le simple envoi d'un émissaire n'était pas suffisant puisque le problème auquel doivent faire face les sikhs en France est particulièrement difficile et devrait trouver une solution immédiate au lieu de promesses fallacieuses.
Par ailleurs, Manjit Singh, président de l'Organisation sikh, une association qui comporte des sections dans le monde entier a déclaré qu'il allait lancer le mot d'ordre de manifestations de rues, en de nombreuses villes, de Londres à New York, à partir du 16 septembre. «Les fidèles sikhs , a-t-il souligné, vivant sur toute la surface de la terre, au Canada, en Allemagne, aux Etats-unis, coiffés du turban couleur safran manifesteront contre le gouvernement français pendant une semaine à partir du 16 septembre.»
La loi en question a été votée le 24 septembre 2004 par le parlement français. Elle précise: «Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port des signes qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.» Elle a pour objectif d'essayer de freiner un mouvement poussant un certain nombre de jeunes à affirmer leur identité religieuse dans les écoles.
Même si les sikhs n'ont pas une réputation de prosélytisme, leurs turbans tombent sous le coup de la nouvelle loi, avec un certain nombre d'autres signes religieux ostensibles comme par exemple, le voile islamique, la kippa juive, les croix chrétiennes de grande dimension. Déjà, au moment du vote de la loi, les dirigeants sikhs indiens avaient protesté contre elle et demandé au Saint-Siège et à l'ONU de soutenir leur réclamation.
Le sikhisme fondé il y a 500 ans compte aujourd'hui plus de 20 millions de fidèles à travers le monde et est classé cinquième religion du monde. C'est une religion qui enseigne la dévotion et l'attention à Dieu à chaque instant de la vie. Elle préconise aussi l'égalité de tous les hommes, la sincérité et dénonce superstition et fanatisme. Elle interdit aux fidèles de sexe masculin de couper cheveux et poils et prescrit de porter un turban et d'autres attributs vestimentaires. On estime à 5.000 les sikhs vivant en France.
Cette information a été publiée dans le N° 403 (16 septembre 2004) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).
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