A la fin du mois de juillet dernier, le site Internet de l'Assemblée populaire municipale de Shanghai a indiqué que son Comité permanent avait décidé lors de sa réunion du 1er avril 2004 de procéder à une révision des Règlements sur les Affaires religieuses de la municipalité. Votés en 1995, entrés en vigueur l'année suivante, ces règlements devaient être étudiés pour être amendés, selon le site Internet, à partir du mois d'août 2004 pour être rendus publics avant la fin de cette année. Selon Yan Kejia, vice-directeur de l'Institut d'études religieuses de l'Académie des sciences sociales de Shanghai, les règlements qui ont été édictés il y a neuf ans ne correspondent plus à la situation actuelle d'une ville profondément transformée ces dernières années par l'essor économique et l'ouverture vers l'étranger. Les propos de Yan Kejia ont été cités le 3 juillet dernier par le Wen Wei Po, quotidien de Hongkong en langue chinoise considéré comme proche de Pékin.
Un comité comprenant des universitaires, des responsables religieux et des membres de la Commission pour les Chinois d'outremer et les Affaires ethniques et religieuses de la municipalité a été mis sur pied avec pour mission de refondre ces règlements. Ce comité comprend aussi des représentants du Bureau de Shanghai pour les Affaires ethniques et religieuses, une instance gouvernementale. Selon Yan Kejia, une clause pourrait notamment être incluse dans la nouvelle mouture du texte réglementaire afin de permettre aux religions autres que les cinq religions (bouddhisme, taoïsme, catholicisme, protestantisme et islam) reconnues par les autorités de fonctionner dans la légalité. L'objectif est de répondre aux demandes apparues depuis l'augmentation du nombre d'étrangers et de Chinois d'outremer, de Macao et de Hongkong résidant à Shanghai [1]. Yan Kejia a ajouté qu'étant donné que les activités religieuses ont un recours de plus en plus fréquent à Internet aussi bien pour s'organiser que pour informer et se faire connaître, les nouveaux règlements comprendront un volet relatif à la gestion des sites Internet à caractère religieux.
Selon le professeur Li Tiangang, de l'Institut d'études religieuses de l'université shanghaïenne Fudan, un certain nombre d'universitaires spécialistes des questions sociales et religieuses contactés par les autorités de Shanghai à propos de la révision de ces règlements ont fait savoir aux autorités que la politique religieuse de la ville devait être améliorée et que cette amélioration passait non seulement par une refonte des règlements existants mais aussi par une prise en compte d'une nécessaire liberté religieuse. Lors d'un symposium organisé en mai dernier à l'université Fudan au sujet du droit et de la religion, des universitaires ont dit qu'il était nécessaire d'adopter une loi sur la religion qui protège les religions et la liberté religieuse. Sur un plan concret, ils ont préconisé que les religions autres que les cinq religions reconnues officiellement aient droit de cité, afin de promouvoir «la tolérance religieuse, la liberté religieuse et le pluralisme culturel».
Interrogé le 23 juillet par l'agence Ucanews, le vicaire général «officiel» du diocèse de Shanghai, le P. Joseph Ai Zuzhang, a déclaré que l'Eglise catholique n'avait pas été consultée sur ce sujet. Selon un universitaire catholique de Shanghai, les autorités ont initié cette refonte des textes réglementaires dans la foulée de la mise en conformité du droit chinois avec les normes internationales consécutive à l'entrée en 2001 de la Chine dans l'OMC (Organisation mondiale du commerce). A ce stade, on ne sait pas encore si la municipalité de Shanghai, en révisant ses règlements en matière religieuse, cherche à prendre de vitesse les autorités centrales ou si elle agit en éclaireur. Pékin prépare en effet un règlement sur les activités religieuses qui s'appliquerait à l'ensemble du territoire et qui viendrait remplacer la myriade de textes et de pratiques en vigueur dans le pays. L'universitaire catholique déjà cité souligne que de nombreuses réformes en matière religieuse ont débuté à Shanghai. Après la Révolution culturelle (1966-1976), c'est dans cette ville qu'un grand séminaire avait rouvert ses portes (en 1982) et qu'une messe en anglais à l'attention des catholiques étrangers avait été autorisée (en 1993).
1) Shanghai compte plus de 60 000 résidents étrangers - sans compter les Chinois de Hongkong, Macao et Taiwan. Ces dernières années, la fréquentation des lieux de culte ouverts aux étrangers a nettement augmenté. L'Eglise protestante de la Communauté, rue Hengshan, attire environ 700 fidèles tous les dimanches ; ils n'étaient que 200 en 1996. Plus de 300 catholiques fréquentent l'église que le diocèse de Shanghai a mise à leur disposition dans la rue Julu ; en 1995, ils n'étaient qu'une soixantaine. Pour les catholiques, le culte est célébré en coréen et en anglais et il existe une forte demande de la part de la communauté étrangère pour que des messes puissent être célébrées en français, en allemand et en cantonais.
Cette information a été publiée dans le N° 402 (1er septembre 2004) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).
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