4 janvier 2004 - En 2010, on estime que 30% des paroisses anglicanes et près de la moitié des anglicans pratiquants des Iles britanniques se reconnaîtront dans la tendance évangélique. Telle est l'une des informations fournies par Rachel Cooke, journaliste non pratiquante, mais qui est allée sur le terrain pour s'intéresser à l'évolution de l'Eglise d'Angleterre dans un long article publié par l'Observer (21 décembre 2003). Elle a découvert de grands contrastes. Tandis que les bancs de certaines églises demeurent désespérément vides, d'autres sont pleines: ainsi, la paroisse de Saint-Thomas, à Sheffield (qui est la plus grande du Nord de l'Angleterre), attire 800 à 1.000 fidèles le dimanche soir et a recueilli plus de 70.000 £ lors d'une récente quête dominicale... L'importance des évangéliques dans l'Eglise d'Angleterre se mesure en effet aussi à leurs contributions: leurs dons représentent déjà 40% du budget annuel de 650 millions de livres. Ce simple fait suffirait à lui seul à contraindre les dirigeants anglicans à leur prêter attention: "S'ils le voulaient, ils pourraient mettre l'Eglise en faillite", observe Cooke. Dans l'immédiat, malgré leur insatisfaction face à certains développements au sein de l'anglicanisme (notamment sur la question de l'homosexualité), ils ne semblent pas encore prêts à lui tourner le dos. Ce qui ne signifie pas que cette modération sera éternelle: certains interlocuteurs de la journaliste ne lui ont pas caché que, s'il ne restait plus d'autre solution, ils se sentiraient "chrétiens d'abord, et non anglicans" et pourraient donc franchir le pas. Le recteur de la prospère paroisse de Saint-Thomas, Mike Breen, estime pour sa part qu'il n'est pas certain que l'Eglise anglicane existe encore sous sa forme institutionnelle actuelle dans vingt ans: il se pourrait, suggère-t-il, que lui succède "un ensemble de réalités plus souples", une "Eglise réseau". Des anglicans d'autres orientations ne partagent cependant pas ces perspectives d'avenir: ils pensent plutôt, ont-ils confié à Cooke, que l'Eglise anglicane saura une fois de plus démontrer ses légendaires capacités d'adaptation et que les évangéliques sont également susceptibles de connaître des évolutions (notamment sur le plan liturgique, qui fait aujourd'hui l'attrait de l'anglicanisme), après avoir donné une nouvelle vitalité à l'Eglise.