14 octobre 2003 - Si le nombre de sympathisants du bouddhisme tibétain et zen augmente en France, le nombre de pratiquants reste stable: quelques dizaines de milliers. Telle est l'évaluation du sociologue des religions Frédéric Lenoir dans un entretien accordé au quotidien Libération (13 octobre 2003) à l'occasion de la visite du Dalaï Lama en France. En 1994, rappelle-t-il, 2 millions de Français désignaient le bouddhisme comme la religion dont ils se sentaient le plus proches; ce nombre avait plus que doublé en 1999, avec 5 millions de réponses. Cependant, Lenoir souligne que cette catégorie de sympathisants est floue: le bouddhisme attire parce qu'il perçu comme "porteur d'une sagesse humaniste" et "l'inverse d'une religion fanatique". Mais la sympathie affichée ne débouche pas sur un engagement réel: selon Lenoir, la période de plus fort essor du bouddhisme tibétain s'est située dans les années 1970-1980, avec "la présence en France de lamas au charisme très fort". Beaucoup de sympathisants occidentaux du bouddhisme "en attendent une sorte de développement personnel". - Notons que le Dalaï Lama lui-même ne pousse pas ses auditeurs à la conversion au bouddhisme: au public venu l'écouter à Paris, il déclare: "Il est préférable de rester fidèle à sa religion, que ce soit le christianisme, le judaïsme ou l'islam quand on est issu de ces cultures", et précise: "Il est préférable de préserver et d'approfondir vos propres traditions spirituelles plutôt que d'en changer (...) car autrement il y a risque de confusion."
Sur la fascination occidentale pour le Tibet et le merveilleux qui lui est associé dans l’esprit de beaucoup, signalons l’excellente étude du spécialiste américain Donald Lopez, récemment traduite en français et que les personnes intéressées peuvent commander chez leur libraire – ou directement chez Amazon.fr en cliquant sur le lien: Fascination tibétaine: du bouddhisme, de l’Occident et de quelques mythes, Paris, Autrement 2003 (284 p.).