En complément à notre recension de deux ouvrages récents publiés en français par des auteurs néo-païens, nous reproduisons ci-dessous - avec l'aimable autorisation de l'auteur - le chapitre de son livre La Religion sans Dogmes dans lequel Frédéric Lamond présente le courant auquel il appartient lui-même, la Wicca. C'est donc un point de vue de l'intérieur que nous offre ce document. Nous rappelons que l'auteur est de langue anglaise et a traduit lui-même son ouvrage en français, ce qui explique quelques tournures un peu particulières. Pour les lecteurs que cela intéresse, il est possible de commander La religion sans dogmes chez Amazon.fr.
La plupart des religions ont des ordres initiatiques, dont les membres se vouent au service de leurs divinités (mais pas forcément professionellement à plein temps) et à l'étude des courants profonds et “occultes” (=cachés) de la vie sous les apparences superficielles. Ce sont les ordres monastiques catholiques et orthodoxes, les soufis musulmans, les tantriques et védantistes hindous.
Le paganisme contemporain n´est pas différent. À côté de mouvements éxotériques druidiques, nordiques, Companionat d'Isis et Church of All Worlds, il compte aussi des mouvements initiatiques, dont certains ordres druidiques païens (tous les ordres druidiques ne sont pas initiatiques, ni même forcément religieux) et la Wicca. L'Ordo Templis Orientis (OTO) et les Illuminati de Thanateros (IOT) sont des ordres initiatiques de magie cérémonielle qu´on accepte comme païens, bien qu'ils se vouent uniquement au dèveloppement spirituel de leurs membres et non à l'adoration de la Nature ni de divinités qui la représentent.
Comme je suis Wiccan je vais essayer d'expliquer ses buts et sa pratique, et laisser les membres d'autres traditions païennes parler pour eux-mêmes.
Les origines de la Wicca
Wicca est le mot saxon dont le pluriel wicce (prononcé witché) a donné le mot anglais contemporain witch pour sorcier ou sorcière. Dans les années 1950 et 1960, ses membres s'appelaient tous simplement witches (sorciers) et en Amérique witch et Wicca sont encore toujours traités comme synonymes. Cela a le désavantage toutefois que le mot anglais witch comme le français sorcier sont des mots génériques, qui décrivent les sorciers de village, qui ont appris leurs connaissances des herbes curatives, de la psychologie et de la magie dans leur familles. Ces noms ne peuvent donc être appropriés par une tradition initiatique fermée, même quand celle-ci pratique quelques-unes des mêmes techniques de guérison spirituelle que les sorciers de village. D'où la pratique anglaise de faire une distinction entre la Wicca initiatique et les witches des villages.
Comme la plupart des ordres initiatiques magiques la Wicca veut promouvoir le dèveloppement spirituel de nos initiés, et aider chaque individu à reconnaitre puis à accomplir sa vraie vocation; mais elle le fait dans un cadre d'harmonie avec la Nature. Pour ouvrir nos imaginations et les voies de communication entre les niveaux conscients et inconscients de nos esprits, nous utilisons des rites magiques dérivés de la comaçonnerie (une forme de franc-maçonnerie qui admet les hommes et les femmes), de l'Aube dorée (Golden Dawn) et - à travers eux - de la magie de la Renaissance et des temples égyptiens d´il y a deux à cinq mille ans. Nous apprenons aussi et pratiquons les techniques de la sorcellerie de campagne, que nous utilisons pour les guérisons spirituelles et pour aider nos membres et amis dans leurs problèmes.
Jusqu'au milieu des années 1950 la Wicca était, comme tous les ordres magiques de l´époque, une tradition très secrète connue seulement de ses quelques membres. Gerald Gardner, un administrateur colonial à la retraite, en publia l'existence dans ses livres Witchcraft Today (1954) et The Meaning of Witchcraft (1959). Depuis, le nombre de ses membres a grandi de façon exponentielle dans tous les pays anglophones et, plus récemment, dans les autres pays protestants de l´Europe du Nord Mais la Wicca n'a rien de commun avec la secte luciférienne française et wallonne de feu Diane Luciféra et Jacques Coutela, qu'ils appelaient perversement et sans autorisation Wicca française et Wicca Belgium.
La Wicca doit sa popularité en partie au fait que jusqu'aux années 1970 c'était la seule religion organisée de la Déesse. Beaucoup de ses membres, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne, la considèrent encore comme une religion à part entière. Mais nous ne réservons plus notre théologie et nos mythes à nos initiés, mais les partageons avec la communauté païenne plus large: je les ai décrits dans la deuxième partie de ce livre. Seules nos techniques magiques restent secrètes et réservées à nos initiés.
Une tradition magique chthonique
Nous nous aidons nous-mêmes et nos amis par la sorcellerie: des techniques mentales et spirituelles pour développer la capacité de nos esprits conscients de communiquer volontairement avec nos sous-conscients, et à travers ceux-ci avec l´inconscient collectif de la race humaine, et au-delà avec la vie tout entière, y compris les puissances chthoniques et cosmiques que nous appellons Déesse(s) et Dieu(x). Quand nous avons maitrisé ces techniques nous pouvons influencer nos états d'esprit et de santé ainsi que ceux de nos connaissances avec leur consentement, notre destin et nos chances ainsi que ceux des autres, et même le temps qu'il fait. J'en donnerai quelques exemples dans le chapitre suivant.
Comme pour les drogues l'efficacité de ces techniques mentales et spirituelles est directement proportionnée à leur danger pour l'équilibre mental de leurs pratiquants. S'il est possible de devenir un magicien solitaire effectif en lisant des livres de techniques magiques, cela peut aussi produire une inflation de son égo, des délusions de grandeur ou, au contraire, de la paranoïa et de la possession démoniaque. (Un “démon” dans ce contexte est un complexe d'énergie destructive telle qu'une addiction, ou une forme de pensée projetée sur nous par une personne refoulée, frustrée ou schizophrène.)
Voilà pourquoi les Wiccans n'apprennent à pratiquer la magie qu'uniquement dans nos covens, dans lesquels nous utilisons des techniques d´autoprotection éprouvées, et chaque membre peut tenir les autres à l'oeil et aider ceux qui se sont plongés plus profondément dans l'univers psychique qu'ils ne sont en mesure de comprendre et d'utiliser. Les covens à leur tour n'admettront comme nouveaux membres que ceux qu´ils aiment, et dont ils ont confiance qu'ils n'abuseront pas des techniques magiques qu'on leur apprend à des fins nocives ou immorales.
Ces précautions sont communes à tous les ordres magiques. Mais les Wiccans diffèrent des druides et des ordres de “mystères occidentaux” dans le type d'énergie que nous utilisons dans notre travail magique. Ces derniers utilisent surtout de l'énergie céleste ou solaire qui nous pénètre par le dessus de nos têtes. Ils portent donc des robes magiques, qui sont suffisamment différentes des vêtements de tous les jours pour impressionner les participants qu'ils se trouvent dans un ordre de réalité différent, mais couvrent quand même tout le corps à part la tête.
Si nous Wiccans ne négligeons pas l'énergie céleste ou solaire, nous travaillons tout autant avec l'énergie lunaire de nuit qui stimule nos imaginations, ainsi qu'avec l'énergie chthonique de la terre et de nos corps physiques. Nous cultivons donc la nudité intégrale quand nous le pouvons, dans des coins cachés en plein air pendant les mois d´été, et à l'intérieur de nos foyers pendant l'hiver. La nudité nous permet d´échanger de l'énergie avec notre milieu vivant par chaque pore de nos peaux au lieu d'uniquement par nos têtes, et nous donne un sentiment d'unité avec le courant de la vie qu´on ne peut comprendre que si l'on en a fait l´expérience. (La nage et les bains de soleil nus peuvent avoir le même effet).
Les danses en rond pour dynamiser l´énergie des participants jouent aussi un rôle important dans la magie Wicca: celles-ci sont à la fois plus aisées et plus effectives si l'on n´est pas entravé par des habits. Dans ces caractéristiques la Wicca resemble davantage à la magie tribale africaine qu'aux traditions des mystères occidentaux.
Pourquoi être secret?
Le secret fait partie du mur de protection d´un coven wiccan. Il nous aide à faire l'expérience d´une autre réalité mystérieuse, et contient l'énergie que nous produisons et projettons dans notre magie pour la rendre plus effective.
De même que la vapeur et les gaz pétroliers ne peuvent faire marcher des moteurs que si on les contient dans un cylindre, le pouvoir mental humain ne peut affecter son milieu que s'il est aussi contenu par une concentration intense, les limites d´un cercle magique et un secret très strict tant sur les techniques utilisées que sur le but de l'opération. Toute discussion d´un enchantement après sa projection peut dissiper son énergie et diminuer ses chances d'arriver à son but, surtout si la discussion a lieu en dehors du cercle magique. Les techniques doivent rester secrètes pour que personne ne puisse les utiliser en dehors d'un coven et sans nos méthodes de protection.
Toutes les formes de magie défient le modèle matérialiste occidental, selon lequel nous ne pouvons agir sur notre milieu qu´avec nos mains et nos paroles: elles font donc peur aux gens dont la sécurité mentale est liée à ce modèle. La Wicca va encore plus loin en défiant la pudeur de nos corps nus que les religions patriarcales encouragent, ce qui nous rend vulnérables aux spéculations scabreuses de la presse jaune. Nous attendons donc pas mal d'hostilité de la part de la société conventionnelle, de sorte que le secret est une précaution élémentaire, surtout sur l'identité de nos camarades.
Le modèle des trois grades
La Wicca a trois grades d'initiation, comme les loges de franc-maçonnerie qui ont repris ce modèle des corporations de métiers médiévaux. Ces corporations gouvernaient tous les métiers pendant des siècles: leur système de trois grades est donc un modèle très puissant que nous devons comprendre pour l´utiliser effectivement, bien que son application dans la Wicca diffère en quelques points.
Au Moyen-Âge, quand un garçon (c'était presque toujours un garçon) voulait devenir boulanger, par éxemple, ses parents demandaient à un maître boulanger de le prendre comme apprenti. Si le maître boulanger était d'accord, le garçon quittait sa maison paternelle à l'âge de quatorze ans pour vivre dans la maison du maître boulanger et devenir pratiquement un membre de sa famille. Il devait obéïr son maître en toutes choses et l'observer au travail à toutes les heures requises, y compris se lever à quatre heures du matin pour allumer les fourneaux pour cuire le pain que les clients voudront acheter frais à partir de sept heures du matin.
Au fur et à mesure que le jeune apprenti apprenait le métier de boulanger on lui confiait d'abord de petites tâches puis d'autres plus importantes. Au début ce ne serait que de servir tout seul dans le magasin. Plus tard on lui permettait de cuire le pain du matin tout seul. Enfin on lui apprenait à acheter la farine, à distinguer la bonne de la mauvaise, et à négocier le prix.
Quand le maître boulanger considérait son apprenti tout à fait compétent en tout ce qu´il lui avait appris, il l'élevait formellement au grade de compagnon ou journalier, généralement entre l´âge de dix-huit et vingt-et-un ans. Il avait maintenant droit à un salaire pour son travail dans la boulangerie ainsi qu'à changer de patron. C'est ce qu´il faisait en général pour aller dans d'autres villes, parfois d'autres pays, pour y travailler avec des boulangers du lieu et apprendre leurs méthodes de cuire le pain ou de confectionner les gâteaux, ce qui variait d´un pays à l'autre comme encore aujourd'hui.
Après dix à douze ans de voyages dans toute la France ou toute l´Europe, quand le compagnon boulanger estimait avoir appris tout ce qu'il pouvait sur l'art de cuire le pain, il retournait dans sa ville natale et la boulangerie où il avait appris son métier. Là il travaillait pendant ses heures de loisir à son chef d'oeuvre sous la direction de son maître: le pain ou gâteau le plus artistique et succulent qu'il était capable de faire. Puis il le présentait à tous les maîtres boulangers de la ville lors de la prochaine fête de la corporation.
Si les maîtres boulangers appréciaient le chef d'oeuvre, son créateur était alors cérémonieusement élevé au grade de maître boulanger. Il était alors autorisé à se marier, très souvent à la fille de son premier maître, à ouvrir sa propre boulangerie et d'y employer à son tour des compagnons et apprentis-boulanger.
L´initiation dans la Wicca et les élévations au deuxième et troisième grade suivent ce modèle de très près. Les différences principales sont qu´on initie autant de femmes que d´hommes, et que les initiés sont beaucoup plus âgés quand ils entrent dans la Wicca: l'âge minimal d´admission est dix-huit ans.
Le premier grade (d'apprenti)
Un païen qui sent une vocation de devenir Wiccan doit demander à la “haute prêtresse” d´un coven Wicca de l'initier: ce qui n´est pas facile, puisque la plupart des hautes-prêtresses gardent secrets tant l'identité de leur coven que leur propre rôle dans celui-ci. Mais si le candidat a été actif dans les fêtes saisonnières ouvertes et d'autres activités païennes, il aura lié les amitiés nécessaires et sera reconnu.
Une année et un jour. Jusqu'il y a dix ans il y avait un délai minimum d'une année et d´un jour entre la demande initiale et l´initiation même: ce qui donnait suffisamment de temps à tous les membres éxistants du coven d'apprendre à connaître le candidat et se satisfaire du sérieux de sa demande. Sera-t-il tout aussi intéressé dans un an, ou n'était-ce qu'une fantaisie passante?
Une année et un jour est également la durée d'un cycle complet des saisons. On demandera au candidat d'observer ce cycle soigneusement dans un bois ou pré près de son domicile, d'apprendre à connaître ses arbres, buissons et petits animaux, et comment ils se comportent à chaque saison, ce qui mettra la Wicca fermement dans son contexte d´adoration de la Nature.
Aujourd'hui un candidat sera généralement bien connu des membres du coven qu'il ou elle veut joindre, par sa participation à des fêtes saisonnières ouvertes, groupes de discussion, et rencontres de café. S'il ou elle s´est aussi montré familier avec la nature et le cycle des saisons, on pourra raccourcir la période probatoire. Elle peut aussi être raccourcie pour les candidats que les membres du coven estiment avoir une aptitude naturelle pour la sorcellerie: je n'eus à attendre que quatre mois après ma première visite à Gerald Gardner.
La plupart des covens donnent aussi aujourd´hui une certaine formation préinitiatique à leurs candidats: dans les principes spirituels de la Wicca et ses techniques de méditation de base. Cela permet au candidat de confirmer que la Wicca et le coven qu'il a choisi est bien sa meilleure voie.
Le rééquilibrage
La tradition Wicca suppose que la plupart de ses candidats auront été influencés par les moeurs ambiantes. Celles-ci refoulent les sentiments des hommes et surchargent leur agression, tandis qu'elles refoulent l'autoaffirmation des femmes et les encouragent d´être douces et soumises de façon “féminine”. Chaque sexe a ainsi été estropié psychiquement différemment, et doit apprendre de l'autre ce qui lui manque dans son caractère.
Cela est symbolisé par la pratique Wiccan d´initiation par l'autre sexe. La haute prêtresse initie toujours les candidats masculins, et les avertit ainsi qu´ils ont beaucoup à apprendre des femmes du groupe, notamment à être plus tolérants et intuitifs. En même temps la haute prêtresse “enfiche” les candidats masculins dans le courant magique fort mais doux de la Déesse. Le haut prêtre initie toujours les candidates féminines et les “enfiche” dans le courant du Dieu cornu, ce qui les aidera à gagner en confiance en elles-mêmes et à s´affirmer.
Au fur et à mesure que les initié(e)s se défoulent et se rééquilibrent entre les côtés receptifs et assertifs de leurs caractères, ils gagneront en confiance pour suivre leurs vraies vocations quelles que soient les pressions auxquelles ils ou elles sont soumis.
L'initiation
Le rite d'initiation aura normalement lieu lors d´un des grands festivld païens saisonniers, mais bien entendu dans une réunion privée à laquelle seuls les autres membres du coven participent. La cérémonie est structurée psychologiquement comme un rite de renaissance dans la famille du coven, mais en même temps dans la famille mondiale des Wiccans “enfichés” dans le courant énergétique de la Déesse et du Dieu.
Au cours de cette cérémonie l'initié doit jurer un serment de garder secret tout ce qui se passe dans le coven. Il apprend ainsi qu´il y a un mur de secret et de mystère qui entoure le coven et permet à tous ses membres de travailler avec les courants de la Déesse et du Dieu. Il permet aussi à chaque membre de communiquer ses sentiments les plus intimes aux autres membres d'une façon qu'il ou elle ne le ferait jamais dans le monde extérieur, et d'apprendre davantage sur la vie intérieure de chacun des autres membres du coven qu´il ou elle n'apprendrait sur personne d´autre en dehors de sa propre famille. Cette confiance mutuelle intime serait détruite si on gagnait l'impression que ses rêves et craintes intimes deviendraient des racontars de café en dehors du coven.
Vers la fin de la cérémonie l'initié(e) est proclamé(e) “prêtre(sse) et sorcièr(e)” pour bien indiquer qu'il ou elle est considéré(e) dès le début comme membre égal du coven avec un accès égal aux courants de la Déesse et du Dieu.
La croissance spirituelle
L'initiation accélérera normalement la croissance spirituelle et émotionnelle du nouveau Wiccan. Il ou elle aura peut-être à confronter des mémoires douloureuses refoulées de son passé avant de les expurger et de croître au-delà d'elles. Cela pourrait être une expérience douloureuse et terrifiante que l'initié(e) devrait pouvoir discuter avec une personne d´expérience, mais peu de personnes en dehors de la Wicca sauraient ce qui se passe.
C'est là que le sentiment familial du coven Wiccan typique devient si important, ainsi que les forts liens émotionnels qu´une initiation compétente tisse en général entre un(e) initié(e) et son initiateur ou initiatrice. Il est de la plus haute importance qu'en cette période un(e) initié(e) puisse participer à toutes les réunions du coven de plein droit, et puisse entre réunions appeller son initiateur ou initiatrice en cas de crise psychologique.
Ces liens chaleureux entre membres du coven et leur haute prêtresse et haut prêtre attirent beaucoup de personnes solitaires vers la Wicca dans nos grandes villes impersonnelles, et produisent une demande toujours grandissante d´initiations Wiccanes. Face à cette demande quelques hautes prêtresses wiccanes ont initié beaucoup plus de candidat(e)s qu'il n´y avait de places dans leur coven, ou dont elles pouvaient suivre le dèveloppement psychologique de près. Elles les invitent alors de façon irrégulière à participer à des fêtes saisonnières. Elles pensent sans doute que, même s'il leur est impossible de leur offrir lpintégration dans un coven, elles peuvent au moins les enficher dans le courant wiccan et les mettre ainsi en contact direct avec la Déesse et le Dieu.
Bien que leurs intentions étaient des meilleures, l'effet sur les initié(e)s semiabandonné(e)s a parfois été dévastateur: cpest comme si après leur renaissance psychologique on les avait mis à la rue pour se débrouiller eux-mêmes. Les Wiccans conseilleront donc généralement aux chercheurs d'écouter leurs intuitions, de ne demander admission qu´aux groupes dont ils ont rencontré tous les membres et qui leur donnent une impression positive et équilibrée, et de s'assurer que s'ils sont initiés ils feront partie du coven à part entière.
Les activités du coven
Pendant leur apprentissage les initié(e)s Wiccans apprennent par la participation aux réunions du coven les techniques d'autoprotection psychique, d'excitation et de projection énergétiques, les rites saisonniers et leur signification symbolique.
Quelques covens utilisent toujours les mêmes phrases traditionnelles dans chaque rite, à cause de la résonance morphique (voir Rupert Sheldrake) qu'elles ont acquise en étant répétées des milliers de fois autour du monde pendant des décennies: les initiés du premier grade devront donc les mémoriser. D'autres covens pensent qu´il est plus effectif d´utiliser de nouvelles phrases chaque fois: les initié(e)s apprennent alors à improviser des phrases fidèles au symbolisme du rite.
La plupart des covens encouragent aussi leurs nouveaux initié(e)s à dèvelopper des connaissances spéciales dans un domaine proche de leur tempérament. On encouragera les psychiques à apprendre une technique de divination traditionnelle, telle que la contemplation d´une image de miroir, la lecture de cartes du tarot, ou le calcul et l'interprétation d´horoscopes astrologiques. On encouragera les initié(e)s aux doigts verts de dèvelopper leurs connaissances des herbes. Et on encouragera les initié(e)s plus extroverti(e)s à organiser une fête saisonnière ouverte pour l'ensemble de la communauté païenne.
Le deuxième grade (de compagnon)
Quand l'apprenti sorcier a maîtrisé toutes les techniques magiques du coven pour contrôler sa propre énergie, la connaissance spéciale qu'il ou elle a choisie, et fini de construire ses propres outils magiques, il ou elle peut demander à la haute prêtresse et au haut prêtre d'être élevé(e) au deuxième grade.
Cette élévation prend la forme d'un nouveau rite initiatique au cours duquel le candidat(e) est conduit(e) dans un voyage au royaume des morts pour y apprendre la signification du cycle de la vie. Il ou elle se dédie alors à être un canal propre pour l´energie de la Déesse ou du Dieu, après avoir été averti(e) que cela peut impliquer une purification douloureuse de son être de tous les éléments indignes de ces énergies pures.
L´effet du rite d'élévation varie d´une personne à l'autre mais n´apparait souvent pas au moment du rite mais quelque temps après. Dans mon cas, je ne sentis pas de contact plus fort avec les courants de la Déesse et du Dieu que je n'avais senti lors de mon initiation et des réunions mensuelles du coven, bien que je trouvai la descente au royaume des morts très belle et poétique. Mais deux jours après ce rite j'eus l´expérience mystique de conscience cosmique que j´ai décrite dans le premier chapitre.
D'autres entrent parfois dans la “nuit sombre de l´âme” après leur élevation au deuxième grade, et deviennent beaucoup plus conscients d´imperfections de leur propre caractère ou de leur liaison ou mariage, ou d´insatisfaction avec leur travail civil. Dans de tels cas le soutien moral du coven est une fois de plus essentiel.
Après son élevation le nouveau compagnon ou compagne du deuxième grade apprendra à contrôler non seulement sa propre énergie mais celle du coven tout entier. En tant que tel elle devra de temps en temps jouer le rôle de haute prêtresse à une réunion, et lui le rôle du haut prêtre, mais au début toujours en présence de la haute prêtresse et du haut prêtre véritable, qui seront là pour encourager le compagnon ou la compagne et l'aider en cas de défaillance.
À part ça les compagnons et compagnes du deuxième grade continuent à participer aux réunions de leur coven comme lorsqu´ils ou elles étaient apprentis.
Les voyages
Quelques covens ont imité la pratique médiévale des voyages en encourageant leurs compagnons et compagnes du deuxième grade à accepter des invitations d´autres covens de participer à leurs réunions, soit comme invités occasionnels soit comme membres permanents de plein droit pour apprendre leurs techniques.
Au cours des quinze dernières années ma profession d'informaticien m'a conduit en Californie au moins une fois par an. Au cours de ces visites j'ai souvent été invité par un coven Wiccan ou un “nid” de la Church of All Worlds à participer à leurs réunions, et ai appris pas mal de choses. Si mon coven londonien était expert en guérisons spirituelles, ce n'est que dans les cercles californiens que j'appris la facilité avec laquelle on peut influencer le temps qu´il fait, comme je le montrerai dans le chapitre suivant.
Je dois toutefois insister que le fait d'être membre d´un coven wiccan, que ce soit comme apprenti ou compagnon, ne donne à personne le droit automatique d´assister aux réunions d'autres covens. Il ou elle doit être explicitement invité pour cela, et ne le sera que si son caractère et tempérament sont compatibles avec ceux du coven-hôte. Une sympathie et confiance réciproques sont absolument essentiels pour une magie effective de coven..
Récemment beaucoup de compagnes et compagnons du deuxième grade se sont inscrits dans des cours d'assistant(e) social(e) ou de psychothérapeute en dehors du coven, pour maîtriser des techniques utiles à un animateur ou animatrice de coven et pouvoir s'offrir comme prêtre(sse) à la communauté païenne non-initiée.
Prêtres et prêtresses pour le mouvement païen?
Les Wiccans initiés des deuxième et troisième grades se mettent à la disposition du mouvement païen général pour donner des conseils, guérir, conduire des fêtes saisonnières ouvertes, bénir et nommer les nouveaux-nés, présider aux noces et aux rites funèbres. Certains païens indépendents ou membres d'autres traditions trouvent cela très prétentieux de notre part. "La Déesse et le Dieu sont aussi immanents en nous. Nous n'avons pas besoin d'intermédiaires pour les contacter!"
Nous n'avons pas de telles prétentions. Chaque homme et femme doit trouver sa propre voie vers ses divinités intérieures: nous sommes là simplement pour aider ceux qui en ont besoin. Nous ne prétendons pas non plus à un monopole de l'animation de fêtes saisonnières ouvertes, ni de la bénédiction des nouveaux-nés, des noces ou des rites funèbres: les druides et prêtres asatru sont tout aussi capables de le faire. C'est tout simplement qu'aider et servir les autres fait partie des devoirs d'un Wiccan du deuxième ou troisième grade.
Frédéric Lamond
© Frédéric Lamond 2003