11 août 2003 - Les services de protection de l'Etat du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie viennent de publier leur rapport annuel pour l'année 2002. En effet, comme les services fédéraux de protection de l'Etat et ceux de différents Länder, ils publient régulièrement tant sur leur site que sous forme imprimée d'abondantes informations sur leur travail: la version imprimée du rapport représente plus de 300 pages, presque entièrement consacrées aux activités extrémistes. A côté des extrémistes de droite ou de gauche - violents ou simplement considérés comme idéologiquement dangereux par rapport aux principes constitutionnels - les 374 collaborateurs du Ministère de l'Intérieur affectés à cette tâche dans le Land s'intéressent à des extrémistes religieux. La lecture du rapport révèle qu'il s'agit presque uniquement d'islamistes; les groupes sikhs Babbar Khalsa et International Sikh Youth Federation sont également mentionnés brièvement, mais ne compteraient au total que 220 membres dans le Land. Le groupe turc Millî Görüs est longuement mentionné, en raison de son influence (26.000 adhérents en Allemagne): le rapport considère que son but est de mettre en application des conditions juridiques particulières pour les musulmans, fondées sur la sharia. Mais les développements au sein de l'islamisme turc pourraient l'influencer dans un sens modernisateur, estime le rapport. Quant au groupe extrémiste Hilafet Devleti (Etat du Califat), avec son centre à Cologne, il continue de perdre des membres et n'en rassemblerait plus que 800 à l'échelle de tout le pays. Ce groupe, qui entend remplacer au moyen d'une révolution le système laïciste turc par un Etat islamique, est sous le coup d'une interdiction depuis décembre 2001, mesure confirmée en appel. Son chef, Metin Kaplan, a été libéré en mai 2003, après avoir subi une peine de prison pour appel au meurtre contre un concurrent. Malgré le déclin et l'interdiction du mouvement, des membres continuent de se réunir. Le rapport s'intéresse également à la présence de groupes islamistes algériens (FIS, GIA...) et libanais (Hezbollah) sur territoire allemand ainsi qu'au Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération islamique), qui compterait une centaine de membres en Allemagne (dont une trentaine en Rhénanie du Nord-Westphalie) et se trouve interdit depuis janvier 2003. A noter qu'aucun acte violent ne semble avoir pu être directement reproché à une organisation islamiste dans le Land en 2002: en revanche, quelques cas de menaces auraient été poursuivis par les organes compétents.