L'évêque anglican de Jérusalem a déclaré lors d'une récente conférence à Jérusalem avoir déjà abordé cette question avec le président Yasser Arafat, rapporte l'agence de presse œcuménique ENI (30 mai 2003). Il a l'intention d'en discuter prochainement aussi avec le président du comité de rédaction.
La question de la religion ne pouvait manquer d'être un point sensible dans l'élaboration de la future constitution: cette nouvelle constitution constitue en effet un élément important dans la "feuille de route" en direction de la paix que proposent les Etats-Unis.
A vrai dire, la place particulière de l'islam est déjà reconnue dans la loi fondamentale provisoire adoptée en 1997 et entrée en vigueur au milieu de l'année 2002, après avoir finalement été signée par Yasser Arafat à la fin du mois de mai 2002.
L'article 4 de cette loi fondamentale provisoire déclare que "l'islam est la religion officielle en Palestine", mais que les autres "religions divines" doivent être respectées. Le même article affirme que les principes de la doctrine islamique sont une source fondamentale de législation.
La loi fondamentale de 1997 affirme en même temps le respect de la liberté de croyance et de culte, sous réserve du respect de l'ordre public.
Un projet achevé en 2001 par la commision chargée de la rédaction d'une constitution avait introduit un article 6 qui reprenait l'approche de la loi fondamentale de 1997 et était formulé en ces termes: "L'islam sera la religion officielle de l'Etat. Les religions monothéistes seront respectées." L'article 7 précisait que "les principes de la shari'a islamique sont une source première de législation".
L'article 44 réaffirmait la liberté de pratique religieuse et d'accès aux lieux de culte, sous réserve non seulement du respect de l'ordre public, mais également à condition que cela ne diffame pas la "religion monothéiste". Manifestement, de telles dispositions légales permettraient de poser des entraves à l'activité de groupes religieux nouveaux: l'on peut par exemple se demander si la Foi bahá'íe aurait liberté d'agir dans un tel cadre constitutionnel.
La plus récente version des projets de constitution qu'il nous ait été possible de consulter date de la fin du mois de mars 2003 et ne nous permet donc pas de prendre en compte d'éventuels amendements introduits depuis.
Mais l'on peut noter des modifications dans le texte de mars 2003, notamment une mention explicite du christianisme, ainsi que nous le découvrons en lisant l'article 5: "L'arabe sera la langue officielle et l'islam sera la religion officielle en Palestine. Le christianisme et toutes les autres religions monothéistes seront également révérées et respectées. La Constitution garantit l'égalité des droits et devoirs pour tous les citoyens indépendamment de leurs croyances religieuses."
En ce qui concerne le rôle de la loi islamique, une petite nuance a été introduite dans l'article 7: "Les principes de la shari'a islamique seront une source majeure de législation."
L'article 36 proclame la liberté de religion et de pratique religieuse ainsi que le libre accès aux sanctuaires. Le respect de la sainteté des sanctuaires des religions monothéistes sera garanti par l'Etat.
Les chrétiens ne sont qu'une minorité en Palestine, d'autant plus que nombre d'entre eux ont émigré au fil des dernières décennies. Selon certaines sources, ils ne seraient plus que 50.000 au sein d'une population de plus de 3 millions de Palestiniens. Ces chiffres ne tiennent bien sûr pas compte des chrétiens résidant sur territoire israélien: dans l'ensemble de la Terre Sainte, les chrétiens forment aujourd'hui environ 2,4% de la population, alors qu'ils représentaient 8% en 1948.
Mais, indépendament de la faible importance statistique des chrétiens, la question de la liberté religieuse sera d'autant plus importante qu'elle constitue un facteur important aux yeux des Etats-Unis et de différents secteurs de l'opinion publique internationale.
Il faut maintenant attendre pour voir si les interventions des représentants de la communauté chrétienne vont amener les responsables de la rédaction de la future constitution palestinienne à remettre sur le métier ces passages de leur projet.