Son président, Askok Singhal, a ainsi explicité les objectifs visés par le mouvement: «Nous voulons que le gouvernement rende nos temples aux croyants.» Cette campagne, déjà désignée par le slogan: «Rendez-nous nos temples!» est en train de s'étendre sur tout le territoire du Kerala, dans les divers lieux de culte où se tiennent des manifestations qui rassemblent des groupes hindouistes et des fidèles.
Le responsable du VHP a aussi précisé que la cible principale de cette campagne de libération sera constituée par le très vaste temple de Sabarimala, aujourd'hui placé sous contrôle gouvernemental. Ce temple forestier consacré au Seigneur Ayyappa est situé au cour de l'Etat et est visité, chaque année, par près de cent millions de personnes. Selon des estimations officielles, le temple aurait reçu en offrandes, l'année dernière, un total de 1,2 milliards de roupies (24 millions d'euros). C'est un fonctionnaire qui préside la Commission d'Etat (du Kerala) chargée d'administrer le temple et de gérer ses finances. Le gouvernement est également responsable de la gestion de dix autres temples par l'intermédiaire de ses fonctionnaires.
Selon le responsable du VHP, un tel système est de caractère hautement discriminatoire et injuste. Il arrive, en effet que les gestionnaires ne soient pas de bons hindous et les fidèles se scandalisent de cet état de choses. Il a également ajouté que ce mode de gestion des temples par l'Etat viole la constitution indienne dont les dispositions spécifient que l'Etat respecte toutes les religions mais n'en privilégie aucune. En conséquence, l'administration des temples devrait être confiée aux dirigeants religieux et spirituels.
Les dirigeants du VHP ont déjà préparé un mémorandum sur ce sujet qu'ils comptent soumettre au Premier ministre Atal Behari Vajpayee et aux gouvernements des différents Etats de l'Union indienne. Ils y exposent leur désir de voir confier la gestion des temples du pays à des commissions autonomes composées de personnalités religieuses. Le VHP a déjà étendu sa campagne à l'Etat voisin de l'Andhra Pradesh où le gouvernement contrôle les temples les plus riches. L'un de ceux-ci, à Tirupati, affiche un bénéfice annuel de 3,2 milliards de roupies (65 millions d'euros).
Beaucoup de milieux politiques ou religieux considèrent d'un oil méfiant cette nouvelle campagne d'esprit hindouiste au Kerala où précisément le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) n'a jamais réussi à bénéficier d'une implantation solide. Dans cet Etat, en effet, les hindous ne représentent que 57,2% de la population alors que 23,3% des habitants sont musulmans et 19,3% chrétiens. Un homme politique, membre du Parti du Congrès, a déclaré que cette campagne était un mouvement destiné à fixer sur un abcès nouveau les passions religieuses de la région.
De nombreux hindous ont protesté devant cette campagne. Le député hindou Vayalar Ravi s'est étonné de voir le VHP s'instituer ainsi le gardien de l'hindouisme et de ses lieux de culte dans la région. Selon ses déclarations, c'est le gouvernement qui est le mieux placé pour administrer les temples les plus importants visités chaque année par des millions de visiteurs. Seul, il peut leur assurer la transparence de la gestion financière et maintenir la loi et l'ordre dans leur enceinte.
Le gouvernement du Kerala s'est refusé à tout commentaire sur la campagne entreprise par l'association hindouiste pour privatiser la gestion administrative et financière des temples de la région.
Cette information a été publiée dans le N° 375 (16 mai 2003) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).
© Missions Etrangères de Paris – 2003