Les nouvelles consignes, rendues publiques le 28 février dernier et dont la date d'émission par le ministère est le 14 janvier 2003, paraissent peu suivies d'effet et les organisations concernées n'en ont eu connaissance que plusieurs semaines après leur entrée en application, par l'entremise non des autorités cambodgiennes mais de la presse locale qui les a relayées, peut-on lire dans le journal phnom-penhois.
A l'appui de son propos, le Cambodge-Soir met en avant le fait que la situation sur les ondes radiophoniques n'a pas varié: «Plusieurs radios n'ont rien changé à leur programmation et diffusent des émissions à la gloire de Jésus-Christ, financées par différentes organisations.»
Pour diffuser des programmes religieux, certains groupes chrétiens étrangers, présents dans le pays par le biais d'ONG, utilisent en effet les possibilités offertes aux organisations humanitaires de diffuser des messages sur les radios publiques du pays à des tarifs privilégiés.
Ainsi, cinq fois par semaine, une demi-heure durant, et contre une somme de 500 à 1.000 dollars US par mois, une Eglise chrétienne diffuse sur l'antenne de 103 FM , la radio de la municipalité de Phnom Penh. Selon Chhorn Pengleng, directeur des programmes de la station, 103 FM se contente de diffuser les émissions qui lui sont remises clés en main: «Il s'agit d'un contrat commercial conclu sur la base de la loi de l'offre et de la demande. C'est en fait de la publicité.» Chhorn Pengleng ajoute en outre que ces émissions sont programmées en raison des visées éducatives qu'elles offrent. «Nous ouvrons d'autres horizons à nos auditeurs. Chacun est ensuite libre d'écouter ou d'adhérer à ce qui est dit», déclare-t-il, ajoutant que sa station programme également des émissions consacrées au bouddhisme.
Sur une radio concurrente, Bayon FM , la direction précise qu'elle se réserve un droit de regard sur le contenu des émissions produites à l'extérieur de ses studios. L'une de ses responsables, Monida, affirme ainsi que des cassettes jugées trop dithyrambiques à l'égard de Jésus-Christ ou trop méprisantes à l'encontre des autres religions ont été refusées. «On s'efforce de ne pas froisser les auditeurs, bouddhistes pour la majorité», affirme-t-elle.
Pour Chéa Savoun, ministre des Cultes et des Religions, à l'origine de la directive anti-prosélytisme, la propagande religieuse «extrémiste» relayée par les médias radiophoniques est choquante. «Le Cambodge est ouvert aux autres religions mais nous ne les acceptons que jusqu'à un certain point. Nous ne tolérons pas, par exemple, qu'elles s'attaquent au bouddhisme, religion d'Etat», a-t-il déclaré au Cambodge-Soir, précisant qu'il avait l'intention de convoquer les directeurs des programmes des différentes stations de radio du pays pour leur signifier les règles en vigueur.
Cette information a été publiée dans le N° 372 (1er avril 2003) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).
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