A première vue, un site féminin comme les autres. Si vous entrez sur le nouveau site www.chinesewomentoday.com, principalement en chinois, mais avec des sections en anglais, peut-être aurez-vous à première vue l'impression de pénétrer sur un site féminin de type courant, avec ses conseils pratiques: comment soigner votre peau à tout âge, comment défriser des cheveux?...
Mais il ne faut pas longtemps pour y découvrir autre chose. L'article "Vous sentez-vous belle?" se conclut par une insistance sur la "beauté spirituelle": "Lorsque nous nous parons des vertus de Dieu, notre attention se détourne des choses extérieures." Et plus loin: "Désirez-vous un sentiment de confiance intérieure? Seule une relation avec le Christ peut remplir ce vide."
En effet, à côté d'articles que l'on pourrait lire dans n'importe quel autre magazine féminin, Chinese Women Today fait la promotion du christianisme dans sa version évangélique. En fait, la plupart des articles paraissent être pour l'instant directement traduits de l'anglais.
Le magazine Chinese Women Today appartient au Women Today Network, qui publie en anglais Women Today et en français Femmes aujourd'hui [ce site n'existe apparemment plus - 20.09.2016]. Dans les différentes versions linguistiques, un certain nombre d'articles ne font pas mention des questions religieuses. D'autres, en revanche, les abordent de front: "Avoir la foi ou non fait-il une différence?"
C'est bien sûr le lancement d'une version chinoise de ce magazine qui retient notre attention et celle des observateurs du Web chrétien. Rédacteur du Web Evangelism Bulletin, Tony Whittaker est enthousiaste et commente: "Il y aura bientôt cent millions d'utilisateurs du Web en Chine continentale. Ce site est stratégique!"
La Chine représente en effet pour bien des groupes religieux l'un des terrains missionnaires aux perspectives les plus prometteuses pour les prochaines décennies.
A noter par ailleurs que l'achat des noms de domaine en .cn (Chine) vient d'être ouvert au public au milieu du mois de mars (les terminaisons .com.cn, .net.cn et .org.cn étaient déjà accessibles). Les règles de réservation de noms de domaines sont beaucoup plus libérales que celles de certains autres pays: les noms sont réservés selon le principe "premier venu, premier servi" et peuvent l'être par n'importe qui, y compris des personnes n'habitant pas en Chine et n'ayant aucun lien avec la Chine.
En revanche, il est intéressant de lire le règlement du 30 septembre 2002 sur l'enregistrement de sites Internet chinois: l'article 19 précise plusieurs interdictions d'utilisation des noms de domaines, restrictions qui incluent non seulement les atteintes à la sécurité ou à l'honneur du pays, l'incitation à la haine ou la pornographie, mais également la violation de la politique religieuse de l'Etat ou la propagation de "superstitions sectaires ou féodales" (cult and feudal superstition).
Nul doute que, pour des groupes désireux de développer une action missionnaire en Chine, la réservation de noms de domaines chinois sur Internet sera tentante - mais cela pourrait bien déboucher aussi sur quelques frictions. (JFM)