Le 13 février 2003, rapporte le magazine India Today, deux femmes sikhs habitant en Grande-Bretagne tentèrent de participer à un rituel nocturne appelé sukh-aasan, au cours duquel le livre saint de la religion sikh, le Guru Granth Sahib, est déplacé. Le temple d'Amritsar est en effet la seule gurdwara (temple) sikh dans lequel les femmes ne peuvent prendre une part active aux cérémonies religieuses, relève le journaliste Ramesh Vinayak - malgré un édit des autorités religieuses publié en 1996 et leur garantissant en principe des droits égaux.
Le Shiromani Gurdwara Prabandhak Committee (SGPC), qui constitue l'autorité administrative supérieure du sikhisme, est embarrassé par l'affaire et craint de diviser une communauté toujours prompte à s'enflammer.
En fait, le SGPC est bien conscient que la question doit être résolue, mais est favorable à une approche graduelle et craint que ce coup d'éclat ne crée des tensions inutiles. Il y a deux mois, l'un de ses responsables déclarait qu'il fallait accorder les mêmes droits aux femmes, y compris la participation au transport du palanquin doré contenant le Guru Granth Sahib, et suggérait: "Au début, il faudrait donner la possibilité à un groupe de femmes de chanter dans le sanctuaire. Par la suite, elles seront autorisées à effectuer tous les types de pratiques actuellement menées par des hommes." (Press Trust of India, 12 janvier 2003)
En principe, les femmes jouissent d'un statut d'égalité avec les hommes dans le sikhisme. Les mouvements de réforme du sikhisme au 20e siècle ont nettement affirmé ce principe. India Today rappelle que le débat autour de la participation des femmes aux rituels célébrés dans le temple d'Amritsar se poursuit depuis quelques décennies.
La pression des femmes sikhs vivant en Occident avait déjà débouché sur une décision positive en 1996, mais elle n'a pas réellement été suivie d'effets - même lors de l'accession à la tête du SGPC d'une femme, Bibi Jagir Kaur, qui craignit de susciter de trop vives résistances.
On assiste à un échange d'arguments et de contre-arguments entre sikhs libéraux et représentants d'autres courants du sikhisme. Des pétitions circulent en ligne pour que la décision de 1996 soit appliquée.
L'affaire se mêle inévitablement à d'autres controverses entre factions au sein du sikhisme: certains milieux contestent la manière dont le SGPC exerce son autorité et saisissent chaque incident pour relancer les critiques: ainsi, au début du mois de mars 2003, des groupes sikhs aux Etats-Unis ont publiquement contesté la procédure par laquelle le SGPC a congédié le prêtre d'une importante gurdwara du Pendjab, en déclarant que beaucoup de sikhs "perdaient confiance dans leurs institutions" (IANS, 9 mars 2003).
Selon India Today, la véritable signification de l'incident est cependant qu'il pourrait stimuler un nouveau réveil parmi les femmes de religion sikh. En revanche, des intellectuels sikhs viennent de dénoncer un "complot" et d'affirmer que ces revendications n'étaient nullement représentatives, soupçonnant des manipulations politiques: le SGPC aurait enregistré de nombreuses réactions négatives face aux exigences exprimées par quelques femmes (Times of India, 12 mars 2003)
Sur le site SikhWomen, une section explique les principes de l'égalité des femmes dans le sikhisme:
http://www.sikhwomen.com/equality/index.htm