Le site de la paroisse Saint Edouard décrivait à ses fidèles en termes enthousiastes, en 2001, l'Electronic Funds Transfer (EFT) au moment de l'introduction de celui-ci: plus besoin de remplir hâtivement des chèques à la dernière minute! et vos contributions sont versées à la paroisse même durant vos vacances, directement à partir de votre compte en banque! Quant à la paroisse, cela réduit sa charge administrative, le traitement des chèques et les autres tâches qui y sont liées.
Plusieurs articles de presse américains ont récemment prêté attention au rapide développement de l'e-tithing. De plus en plus de paroissiens apprécient de pouvoir verser leur obole par débit direct de leur compte bancaire ou par carte de crédit (parfois en se rendant sur un site web pour cela).
Il existe même des entreprises spécialisées, comme E-Giving Systems, "electronic funds tranfer for your ministry", dont le site affirme fièrement que le système permet aux communautés religieuses qui l'utilisent de "stabiliser et étendre leurs revenus". Comme le savent nos lecteurs, le climat religieux nord-américain est moins inhibé que celui de l'Europe pour aborder ouvertement les questions d'argent. Les fondateurs de E-Giving Systems ont commencé par développer des systèmes de transfert électronique de fonds pour des clubs de fitness dans les années 1980, avant d'appliquer leur expérience au monde ecclésiastique.
Un service financier luthérien propose pour sa part - parmi de multiples offres d'investissement - le programme Simply Giving ® [devenu Thrivent Financial - 20.09.2016], programme de donations automatisé destiné à faciliter les contributions à des paroisses ou à d'autres institutions luthériennes. Le service prélève la modeste somme de 25 cents par versement; d'autres services prélèvent un pourcentage sur les dons recueillis. Plus de 5.000 communautés et écoles luthériennes acceptent déjà des dons par ce canal (Associated Press, 9 février 2003).
D'autres entreprises actives dans la branche, comme Vanco Services, ne se consacrent pas uniquement à la clientèle religieuse, mais offrent également leurs services à différentes autres institutions et entreprises.
Certes, soulignait il y a deux ans Christianity Today (31 janvier 2001), seule une minorité des Américains utilisent ce mode de paiement pour soutenir leur Eglise ou communauté religieuse. Cela demeure vrai aujourd'hui: même dans les communautés qui ont introduit l'e-tithing, bien des fidèles conservent les méthodes traditionnelles. Mais tout le monde s'attend à un fort développement à l'avenir, en accord avec la diffusion des systèmes électroniques dans tous les domaines de l'existence. Nul ne doute que les donations électroniques sont promises à un bel avenir.
Cependant, tous les fidèles ne sont pas convaincus. Certains disent être attachés à l'acte concret qui consiste à déposer leur offrande dans le panier de la quête lors du culte. Il y a même des opposants déterminés, pour des questions de principe, parce qu'ils pensent que le don doit être un acte conscient. Ainsi, tel pasteur souligne que le système serait sans doute profitable pour les finances paroissiales, mais qu'il s'y oppose parce qu'il tient à ce que les fidèles continuent à apporter personnellement leurs offrandes: "Une offrande est un acte de culte." Les opposants voient dans le développement des offrandes électroniques une perte symbolique (Associated Press, 22 février 2003).
La pratique de la donation électronique n'est pas confinée à certaines communautés protestantes, mais intéresse aussi bien les catholiques romains que l'Archevêché orthodoxe grec. Fondée par un catholique, la société ParishPay a signé un contrat avec l'Archevêché de Chicago et le diocèse de San José; elle mène en outre un projet pilote avec vingt paroisses orthodoxes grecques aux Etats-Unis (Associated Press, 9 février 2003). Un système efficace permet à chaque utilisateur de gérer en ligne ses contributions, exactement comme il le ferait sur tout autre système de paiement électronique. Débités à dates fixes, les montants sont immédiatement transférés sur le compte des institutions bénéficiaires. ParishPay a même pensé à fournir la possibilité de dons anonymes!
Le développement des "quêtes électroniques" montre une fois de plus comment les innovations technologiques, sous différentes formes, ont également un impact dans le domaine religieux - et peut-être pas seulement un impact superficiel...
Jean-François Mayer