C'est en effet l'un des paradoxes de grandes organisations chrétiennes mondiales (comme le Conseil œcuménique des Eglises) ou régionales (comme le National Council of Churches aux Etats-Unis): elles aspirent à constituer une plate-forme pour toutes les communautés chrétiennes, mais la plus grande d'entre elles, l'Eglise catholique romaine, n'y appartient pas toujours et n'est souvent présente que comme observatrice.
Des représentants de l'épiscopat catholique romain américain étaient présents à la réunion qui s'est tenue le 29 janvier 2003 au Fuller Theological Seminary (Pasadena, Californie) et a appelé à la création d'une organisation qui pourrait remplacer le National Council of Churches. Ils avaient déjà participé à des réunions précédentes. Ils ont déclaré que la hiérarchie catholique pourrait se prononcer sur la proposition dans un délai de deux ans, relate Richard Ostling, spécialiste des affaires religieuses auprès d'Associated Press.
Cependant, la démarche n'a pas pour unique objectif d'intégrer les catholiques romains: idéalement, la nouvelle initiative devrait également accueillir les évangéliques, dont beaucoup sont actuellement regroupés au sein de la National Association of Evangelicals (NAE).
Même si le NCC a été le catalysateur de cette initiative, comme l'expliquait l'été dernier à Religioscope l'un de ses représentants, les représentants de la NAE ont participé aussi aux réunions préparatoires, qui se sont tenues en septembre 2001 à Baltimore et en avril 2002 à Chicago. Il est cependant notoire que la puissante Southern Baptist Convention (qui avait envoyé un observateur à la réunion de Pasadena, précise Ostling) est réticente à se joindre à la nouvelle structure envisagée. D'autres groupes ou théologiens évangéliques ont également fait état de leurs réserves pour différentes raisons: ce n'est pas un nouvel oecuménisme, mais la "régurgitation du vieil oecuménisme", déclarait ainsi le théologien méthodiste Thomas Oden à l'organe presbytérien Layman Online (14 mai 2002) [aujourd'hui 'The Layman' - 20.09.2016]. Le cheminement vers une éventuelle intégration des principaux groupes évangéliques promet de susciter encore bien des débats.
Selon des sources bien informées, il est probable que non seulement les catholiques romains, mais également d'autres Eglises qui n'appartiennent ni au NCC ni à la NAE pour l'instant décident d'adhérer à la nouvelle structure. Il est considéré comme vraisemblable que les adventistes du septième jour décident de s'y joindre, selon les mêmes sources consultées par Religioscope.
Quant aux parachurch groups, c'est-à-dire les différentes organisations chrétiennes se consacrant à des activités particulières (évangélisation, aide humanitaire, etc.), qui sont puissantes aux Etats-Unis, elles pourraient être intégrées à la nouvelle structure par le truchement d'un statut d'associées.
Le fondement de Christian Churches Together sera la croyance trinitaire et la confession de Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Ecritures. Les auteurs de cette initiative espèrent qu'elle pourrait donner une nouvelle vigueur au témoignage chrétien à travers ce que les différentes communautés partagent: il s'agirait non seulement – selon la déclaration adoptée en avril 2002 – de "s'engager dans la prière commune", mais également de "s'adresser à la société avec une voix commune", entre autres objectifs.
La conséquence de la naissance de cette nouvelle organisation marquerait donc un élargissement des perspectives œcuméniques aux Etats-Unis. Dans un reportage sur ces efforts publié il y a quelques mois, l'agence Ecumenical News International (24 mai 2002) soulignait que cette démarche reflétait également les habitudes prises de collaboration étroite entre catholiques romains, protestants et évangéliques à l'échelle locale, une situation à laquelle les fidèles sont maintenant habitués. (JFM)
© 2003 Religioscope