La question est particulièrement sensible pour les juifs, ne serait-ce que parce que de telles pratiques évoquent à leurs yeux les baptêmes forcés qu'ils ont parfois subi dans des sociétés chrétiennes à certaines époques. Au milieu des années 1990, des généalogistes juifs s'étaient ainsi émus de découvrir que des milliers de leurs coreligionnaires qui avaient perdu la vie dans des camps de concentration au cours de la 2e guerre mondiale avaient été baptisés à titre posthume dans des temples mormons. Le nombre total aurait atteint 380.000.
Un accord entre l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours et une association de survivants juifs avait ainsi été signé à New York au début du mois de mai 1995. L'Eglise avait accepté de supprimer de ses registres les noms de toutes les victimes juives connues dont les descendants ne sont pas mormons. Les dirigeants de l'Eglise avaient expliqué que les volontaires qui avaient eu l'initiative de ces baptêmes avaient cru faire une bonne action (après avoir visité des musées de l'Holocauste) et n'avaient pas eu conscience qu'ils heurteraient ainsi gravement des sensibilités.
L'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours avait ainsi procédé à l'élimination de tous les nomns litigieux de sonInternational Genealogical Index (IGI). En 2001, cependant, le Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles était à nouveau intervenu, cette fois-ci en raison de la présence de 200 noms, dont ceux d'Albert Einstein et de David Ben Gurion, qui fut le premier ministre d'Israël au moment de la naissance de cet Etat.
Les groupes juifs qui contrôlent de près l'IGI se montrent vigilants et encouragent les juifs intéressés par la généalogie à rechercher s'ils ont des ancêtres défunts dans l'index et à demander l'élimination de ces noms.
Le 10 décembre 2002, une nouvelle réunion a eu lieu à New York entre représentants de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours et délégués de l'American Gathering of Holocaust Survivors. Une généalogiste juive de Salt Lake City avait en effet découvert 20.000 nouveaux noms, rapporte la Jewish Telegraphic Agency (11 décembre 2002). La même généalogiste avait déjà eu la surprise, en 1999, de trouver les noms d'Anne Frank et des membres de la famille de celle-ci.
Un autre généalogiste a trouvé dans la liste de nombreux juifs célèbres, y compris Maïmonide et Menahem Begin...
Les groupes juifs actifs dans cette affaire demandent donc à l'Eglise d'exercer sur ses membres un contrôle plus strict.
A l'occasion de la réunion de ce mois de décembre 2002, l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours a renouvelé son engagement d'éliminer de l'IGI non seulement les juifs ayant péri durant la 2e guerre mondiale, mais tous les juifs, rapporte Associated Press (14 décembre 2002). L'Eglise a souligné que l'élimination de tous ces noms représentait un travail considérable, puisqu'il s'agit de contrôler nom par nom. (JFM)