Ce n'est pas une revue luxueuse, mais un bulletin produit de façon artisanale. On ne le trouve ni dans les kiosques ni dans les librairies, et rarement en bibliothèque. Depuis des années, il rassemble cependant un cercle de lecteurs attentifs, aussi bien catholiques que francs-maçons.
Paul Pistre, enseignant retraité et catholique en dialogue avec les milieux maçonniques depuis longtemps, avait été le co-organisateur d'un colloque à Toulouse en février 1987. Dans le sillage de cette réunion, le 18 juillet 1988, il publia le premier numéro de sa Lettre - quelques pages photocopiées.Son objectif était de "faire circuler l'information maçonnique, dans un domaine où elle n'abonde pas", et de créer quelques liens entre personnes. Deux ans après son lancement, la lettre atteignait quelque 70 lecteurs, et en 1993 déjà 150 personnes.
"L'antimaçonnisme courant [est] encore largement partagé chez des catholiques de bonne volonté", écrivait Paul Pistre dans le N° 47 de la Lettre. A son avis, cet antimaçonnisme porte le poids du passé (dénonciations et condamnations de la franc-maçonnerie par l'Eglise catholique romaine) et aussi celui d'une "grande méconnaissance de ce qu'est la maçonnerie". Il souligne que la franc-maçonnerie n'est pas "un bloc homogène".
Il écrivait: "Il est non moins important de saisir la maçonnerie pour ce qu'elle est: ni une religion sans Dieu personnel ni une contre-religion, mais un phénomène à la fois culturel et spiritualiste."
Le N° 50 est exceptionnellement épais (32 pages) et donne la parole à plusieurs lecteurs de la Lettre, aussi bien catholiques que maçons. On y trouve ainsi des articles de Gérard Cholvy (Université de Montpellier), d'André Combes et de Jean Crouzet (Grand Orient), du jésuite José Antonio Ferrer-Benimeli (auteur d'une thèse volumineuse sur l'Eglise et la maçonnerie), du sociologue et historien Emile Poulat (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), du dominicain Jérôme Rousse-Lacordaire (notamment auteur d'un ouvrage que nous signalons plus bas), etc.
Comme nous en avons déjà fait état sur ce site, les milieux chrétiens sont loin d'être tous aussi sympathiques à la franc-maçonnerie. La Lettre de Paul Pistre illustre la diversité des approches qui existent aujourd'hui parmi les catholiques français. (JFM)
Références
Adresse du responsable de la Lettre aux catholiques amis des maçons: Paul Pistre, 7 rue du Docteur Bernardbeig, 31100 Toulouse [ce périodique n’existe plus – 21.08.2016].
Paul Pistre est l’auteur d’un livre intitulé Francs-maçons du Midi. Maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine du XVIIIe siècle à nos jours, Perpignan, Ed. Mare Nostrum, 1995 (302 pages).
Sur la question du catholicisme et de la franc-maçonnerie, nous recommandons l’ouvrage de Jérôme Rousse-Lacordaire, Rome et les francs-maçons: histoire d’un conflit, Paris, Berg International, 1996 (196 pages). Si vous le souhaitez, vous pouvezcliquer ici pour connaître le prix de cet ouvrage chez notre partenaire Amazon.fr et éventuellement l’y commander directement.
A lire également sur le même sujet, un autre ouvrage bien documenté: Luc Nefontaine, Eglise et franc-maçonnerie, Paris, Chalet, 1990 (156 pages). Ce livre peut également être commandé directement chez Amazon en cliquant ici.
Signalons enfin un petit volume de J. Rousse-Lacordaire, B.A.-BA de l’Antimaçonnisme, Puiseaux, Pardès, 1998 (118 pages). Pour le commander chez Amazon, cliquez ici.