Au sein de la population juive de France, l'identification avec la communauté s'est accrue, comme le montre une plus forte fréquentation des synagogues et centres communautaires. En revanche, le nombre de mariages mixtes augmente également, surtout chez les plus jeunes.
Depuis 1988, il n'y avait plus eu d'enquête sur la population juive en France. Le Fonds social juif unifié (FSJU) a donc pris l'initiative de se livrer à une recherche fondée sur un questionnaire soumis à un échantillon jugé représentatif. 1132 chefs de famille ont ainsi répondu à 300 questions en janvier 2002.
Il y a aujourd'hui entre 500.000 et 575.000 juifs en France, selon que l'on prend en compte ou non les personnes non juives (à commencer par les conjoints) vivant dans le ménage. Un peu plus du quart des juifs de France vivent à Paris, et 30% dans la région parisienne. La quasi-totalité des chefs de ménage juifs possède aujourd'hui la nationalité française (96,34%). Parmi ceux qui sont nés en dehors de la France, nombreux sont ceux qui viennent de l'Algérie. 70% des personnes interrogées sont sépharades, 24% ashkénazes, les 6% restants se reconnaissant dans les deux traditions.
30% des ménages juifs fréquentent très souvent la communauté (une fois par mois ou plus) - ce qui marque une augmentation, puisque le pourcentage n'était que de 22% en 1988. Le pourcentage de ceux qui ne fréquentent jamais la communauté est en baisse (18%). Dans la majorité des cas, cette fréquentation de la communauté fait référence à la synagogue.
"L'exogamie continue de prendre de l'ampleur parmi les juifs de France", observent les auteurs de l'enquête. 69% des chefs de ménage ont un conjoint juif, 1% un conjoint converti au judaïsme et 30% un conjoint non juif. Il faut noter que le taux des mariages mixtes monte à 40% parmi les moins de 30 ans.
Relevons également que trois ménages sur quatre ont un lien familial avec Israël. Cependant, 55% excluent d'aller s'installer en israël (40% en 1988). En revanche, 6% envisagent de faire leur alyatrès prochainement (3% en 1988).
Certains membres de la communauté expriment une inquiétude en lisant les résultats de ces sondages. Ainsi, Raphaël Drai, professeur à l'Université d'Aix-en-Provence, a déclaré à France-Amérique (éd. internationale du Figaro): "Nous sommes la dernière communauté de France [...]. Nous sommes dans un rapport de 1 à 10 comparés aux musulmans. Cela qui veut dire que notre poids politique est insignifiant." En revanche, les démographes juifs nuancent l'importance de la progression des mariages mixtes: "C'est un indicateur très sensible qui fluctue rapidement", a commenté Sergio DellaPergola, expert réputé de l'étude de la démographie juive. (JFM)