Novembre 2002 - Le texte ci-dessous a tout d'abord été présenté sous forme d'exposé à l'occasion du Premier Congrès mondial des études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (WOCMES), qui s'est tenu à l'Université de Mayence du 8 au 12 septembre 2002. Il a ensuite été discuté au mois d'octobre 2002 en Egypte avec des représentants chrétiens et musulmans.
Pour une description d'ensemble du projet: Wolfram Reiss, "Zum besseren Verständnis der Kulturen und Religionen erziehen. Revision der Darstellung des Islams und des Christentums in der Schule dringend notwendig", in KNA/ÖKI, N° 43, 23.10.2001, pp. 6-12.
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Introduction
Ce rapport constitue une petite partie d'un important projet de recherche intitulé "La représentation du christianisme dans les manuels scolaires de pays à prédominance islamique".
Cette enquête a permis d'analyser non seulement les manuels scolaires égyptiens, mais également des manuels turcs, iraniens et palestiniens. L'an prochain, si nous continuons à recevoir le soutien financier de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, nous étendrons probablement notre recherche à la Jordanie, au Liban, à la Syrie et à l'Algérie afin d'ouvrir un aperçu plus large sur les différentes perspectives à l'égard du christianisme dans les systèmes éducatifs du Proche-Orient.
L'idée de cette enquête est née en Allemagne dans les années 1980. Elle commença par un projet sur "La représentation de l'islam dans les manuels scolaires allemands". Ce projet était dirigé par un chercheur musulman, le professeur Abd al-Javad Falaturi (Académie scientifique islamique) et un chercheur chrétien, le professeur Udo Tworuschka (Cologne).
L'analyse des manuels scolaires allemands démontra que - malgré beaucoup de bonnes intentions - il existait de nombreuses déformations ou présentations unilatérales. Ces résultats furent examinés attentivement. Les chercheurs qui avaient participé à l'enquête émirent des suggestions en vue d'améliorations: celles-ci ont déjà été prises en compte dans les manuels scolaires les plus récents en Allemagne. Ce projet a été étendu à tous les pays européens.
Après le succès de ce projet, la question a souvent été posée de savoir quand pourrait débuter une analyse de la représentation du christianisme dans les manuels scolaires de pays musulmans. Cette entreprise a commencé en 1999, sous la direction du professeur Klaus Hock (Université de Rostock, Faculté de théologie, Histoire des religions, 18051 Rostock, Allemagne - klaus.hock@theologie.uni-rostock.de) et du professeur Johannes Lähnemann (Erlangen-Nuremberg), qui est également le président de la Commission permanente sur l'éducation à la paix de la World Conference for Religion and Peace (WCRP).
Notre objectif est de lire et d'analyser les manuels scolaires en usage dans les écoles primaires et secondaires de tous les niveaux et de toutes les disciplines dans les pays étudiés. Nous prêtons particulièrement attention aux sciences humaines (étude de la société, histoire, géographie, éducation religieuse, langues).
Ainsi, en Egypte, l'enquête se fonde sur l'analyse de l'édition complète des manuels scolaires qui étaient utilisés durant la dernière année scolaire (2001-2002). Cela signifie que nous avons examiné environ 200 livres, officiellement désignés et distribués par le Ministère de l'Education.
Nous nous efforçons de fournir des évaluations positives, des commentaires critiques et des suggestions constructives afin d'améliorer les manuels scolaires. Le fruit de nos recherches et les suggestions émises sont ensuite discutées avec nos partenaires dans les différents pays.
Nous ne savons pas si notre perception des manuels scolaires sera acceptée ou même si certaines de nos suggestions seront admises. Ce n'est d'ailleurs pas notre but. Nous ne voulons pas nous immiscer dans le système éducatif d'un autre pays. C'est le droit exclusif de chaque nation de déterminer ce que l'étudiant apprend à l'école.
L'objectif est d'apporter une contribution à la discussion sur la perception par soi-même et par l'étranger d'autres religions et cultures au Proche-Orient, à l'image de ce qui a déjà été entamé en Occident. Nous sommes convaincus que l'éducation interreligieuse et interculturelle est une tâche importante tant en Orient qu'en Occident:
· Nous vivons dans un monde dans lequel les personnes de différentes cultures et religions vont de plus en plus être amenées à vivre ensemble.
· Nous vivons dans un monde où la haine contre d'autres religions et cultures est tellement excitée que des gens en arrivent à croire qu'ils agissent avec justice au nom de Dieu en recourant à des attentats terroristes pour s'en prendre à d'autres êtres humains.
· Nous vivons dans un monde où tous les dirigeants politiques, religieux et sociaux de l'Orient et de l'Occident doivent faire tout leur possible pour prévenir le "choc des civilisations" prédit par Samuel Huntington en 1993.
Plan de la présentation des résultats pour l'Egypte
Dans le texte qui suit, j'ai résumé les principales conclusions de notre enquête sur les manuels scolaires égyptiens. Ce texte est divisé en trois parties:
I. Tout d'abord, je me livre à une évaluation positive subdivisée en trois points:
1) la religion chrétienne;
2) les chrétiens en Egypte;
3) l'Occident chrétien.
II. A partir de ces mêmes trois points, je décris dans la deuxième partie certains défauts qu'il a été possible d'identifier. J'essaie également de suggérer comment la présentation du christianisme dans les manuels scolaires examinés pourrait être améliorée.
III. Dans la dernière partie, j'ai énuméré certaines différences notables entre les quatre pays sur lesquels la recherche a été menée.
Afin de stimuler un débat fructueux, ma présentation met l'accent sur la deuxième partie, en soulignant sous quels aspects le portrait du christianisme dans les manuels scolaires égyptiens nous paraît particulièrement problématique - et en fait particulièrement sensible.
I. Evaluation positive
1. Attitude fondamentale de respect pour la religion chrétienne
Chaque fois que le nom de Jésus est mentionné, il est courant de voir utilisés les titres d'honneur et de respect coutumiers dans l'islam pour un prophète important. Il s'agit fréquemment des mêmes titres que ceux qu'utilisent les chrétiens.
· Il est appelé "as-Sayed" ("le Seigneur") ou même "Sayedna" ("notre Seigneur") ainsi que al-Masih (le Messie).
· Son nom est toujours suivi par une phrase semblable à celle accolée aux prophètes dans la tradition islamique ("Salam aleihi" - "La paix soit avec lui").
· Les apôtres sont également qualifiés de "Ar-Rusul", comme Muhammad.
· Les Pères de l'Eglise considérés par le christianisme comme des saints sont appelés "al-Qadisun", bien que la notion de "saints" n'existe pas dans l'islam orthodoxe.
La naissance du Christ est considérée comme "un grand développement religieux" dans l'histoire. Tous les termes utilisés pour décrire le message de Jésus-Christ sont très positifs et également utilisés dans l'islam: "Il a appelé à la paix, à l'amour de Dieu et des fils de l'homme, à la fraternité et à la tolérance…"
Il faut noter que cette représentation positive d'une religion ne constitue pas un stéréotype de la perception traditionnelle des "Ahl Adh-Dhimma" en général, mais l'expression d'une relation spéciale avec le christianisme. (Cela nous est montré par la représentation des juifs, également considérés comme appartenant aux "Ahl Adh-Dhimma".)
2. Les chrétiens en Egypte: unis aux musulmans par le sang et le destin
Le christianisme copte, c'est-à-dire la chrétienté indigène de l'Egypte, est décrit à deux reprises explicitement dans les manuels scolaires, plus précisément dans un nouvel appendice annexé d'une part au livre d'études sociales de l'école préparatoire et d'autre part au livre d'histoire de l'école secondaire.
Ce texte offre des descriptions scientifiquement fondées sur les sujets suivants:
· la fondation de l'Eglise orthodoxe copte;
· la résistance nationale des coptes contre l'Eglise byzantine;
· la persécution des chrétiens par les empereurs romains;
· le développement des différentes branches du monachisme;
· la célèbre Ecole chrétienne d'Alexandrie;
· la libération des coptes par le conquérant musulman Amr Ibn al-As et le rétablissement de tous les droits de Benjamin Ier, alors patriarche de l'Eglise orthodoxe copte, auparavant persécuté par les chrétiens byzantins;
· il y a même un chapitre sur la culture, la littérature et l'art coptes.
Nous trouvons donc là une description détaillée du christianisme copte avant la conquête musulmane, ce qui mérite assurément d'être positivement souligné.
A la fin, l'auteur cite même deux ahadith du prophète Muhammad pour souligner le fait qu'il doit y avoir et qu'il y a foncièrement une bonne relation entre les chrétiens et les musulmans en Egypte:
a) "Lors de la conquête de l'Egypte, traitez bien les coptes, parce qu'il y a pour eux abri et miséricorde."
b) "Lorsque Dieu conquiert l'Egypte pour vous, prenez-en de nombreux soldats. Ils sont les meilleurs soldats du monde, parce qu'ils ont un lien avec le Jour du Jugement."
Dans les dernières phrases de ce passage, l'auteur souligne explicitement l'unité des chrétiens et des musulmans en Egypte, en disant qu'ils sont "d'un seul sang et d'une seule famille, qui est unie dans l'unité du pays et les objectifs communs de son destin".
3. L'Occident chrétien: une rencontre fructueuse durant des siècles
Les manuels d'études sociales et d'histoire soulignent le fait qu'il n'y a pas seulement eu des rencontres militaires mais également culturelles avec l'Occident chrétien depuis le temps des Croisades. Les Croisades, l'Espagne et la Sicile devinrent pour des siècles d'importants ponts culturels entre l'Orient et l'Occident. Ce fait est souligné et décrit en détail dans de nombreux chapitres sur la culture islamique.
Ce point est assurément très important, et encore négligé et ignoré dans beaucoup de manuels européens, qui réduisent les Croisades à de simples opérations militaires et la rencontre culturelle entre l'Orient et l'Occident à un transfert de la connaissance de la culture grecque. Or, il est vrai que la culture arabo-islamique a eu sur l'Europe durant des siècles un profond impact culturel, qui a conduit à la Renaissance.
II. Insuffisances et réflexions constructives pour une amélioration
1. La religion chrétienne: respect sans connaissance?
Comme cela a déjà été mentionné, la perception de la religion chrétienne est très positive et bienveillante. Le problème est que, à côté des mots que j'ai déjà cités, il n'y a pratiquement pas d'explications du tout sur la religion chrétienne.
Des enseignements centraux de la foi chrétienne ne sont même pas mentionnés aux écoliers:
· l'importance de la croix et de la résurrection du Christ pour les chrétiens;
· l'incarnation du Verbe et la croyance en Jésus-Christ comme le Fils de Dieu;
· la croyance en la Trinité du Dieu un.
De même, l'écolier musulman ne reçoit aucune information sur:
· les rites centraux du christianisme, tels que les services et liturgies de l'Eglise, le baptême et la communion;
· la structure de l'Eglise et les rangs ecclésiastiques (diacres, prêtres, évêques);
· la différence entre les confessions chrétiennes (orthodoxes, orthodoxes orientaux, catholiques romains, protestants);
· les principales fêtes de l'Eglise (Noël, Semaine sainte, Pâques).
Ainsi, l'écolier musulman apprend qu'il doit respecter les chrétiens. Mais il n'apprend rien sur les enseignements, sur la foi et sur la vie des chrétiens.
Autre problème: dans la plupart des passages dans lesquels le christianisme est mentionné - les chapitres sur la révélation, les prophètes et les Ecritures saintes - la perspective musulmane sur le christianisme prédomine. Les lecteurs chrétiens ont l'impression que leur propre foi est souvent mal comprise et mal interprétée.
S'il est donc vrai que l'attitude générale reflète un respect envers la foi chrétienne, ce respect ne s'adresse qu'à la perception islamiquede ce que devrait être le christianisme, et non au christianisme tel qu'il est. Le respect exprimé dans les manuels scolaires a pour objet un christianisme qui considère Jésus simplement comme un prophète, qui a appelé à l'islam (sic!), à l'amour de Dieu et des hommes et à la tolérance. Il s'agit donc d'un respect pour leur propre perception de Jésus-Christ, mais pas pour le christianisme, qui a une compréhension très différente de Jésus-Christ: Il est considéré comme le Fils de Dieu, qui a racheté l'humanité de ses péchés, qui est le Sauveur du monde en raison de Sa Passion et de Sa Résurrection et est considéré comme uni avec Dieu, ainsi que les chrétiens le confessent en disant: "Au nom du Père et Fils et du Saint Esprit, le Dieu Un."
Nous pouvons donc nous demander s'il ne serait pas judicieux d'ajouter un chapitre sur la religion chrétienne: les principaux enseignements, les rites et la vie des Eglises y seraient décrits.
En Allemagne, les manuels scolaires contenant des chapitres sur d'autres religions sont vérifiés par des universitaires appartenant à ces religions afin de contrôler leur exactitude avant publication. Peut-être une approche semblable pourrait-elle être adoptée en Egypte (la Turquie vient de commencer avec succès à le faire).
2. Le christianisme copte: encore une religion vivante?
L'histoire de l'Eglise orthodoxe copte est largement décrite, avec une approche très positive, jusqu'à la conquête arabe en l'an 640. Mais la poursuite de la contribution des coptes à la société égyptienne et leur vie au cours des siècles suivants sont complètement passées sous silence.
Dans les manuels d'études sociales et d'histoire, les chrétiens d'Egypte apparaissent après la conquête seulement de la façon suivante:
· ils sont l'objet de la tolérance et de la générosité des dirigeants musulmans, lorsque la société est décrite;
· leurs églises et leurs monastères sont décrits comme des lieux dignes d'être visités et d'attirer les touristes, mais pas comme les lieux de culte d'une religion vivante;
· leurs contributions financières à l'Etat musulman en payant al-Gizya et al-Kharaj sont simplement décrites comme une sorte de revenu de l'Etat, et pas comme une considérable contribution des chrétiens à cet Etat.
Le fait que les chrétiens ont continué de contribuer durant des siècles à la société égyptienne et qu'ils y forment une communauté vivante dans le cadre de l'Etat égyptien aujourd'hui est presque totalement ignoré.
Nous pensons donc qu'il pourrait être utile d'ajouter quelques passages dans lesquels certaines des plus importantes contributions des coptes à la société égyptienne seraient précisées. Par exemple, il serait possible de faire allusion à:
· la contribution des érudits coptes et des traducteurs coptes pour transmettre l'héritage antique;
· la contribution de Aulad Al-Assal dans le domaine de la philologie et de la grammaire au Moyen-Age;
· la contribution de quelques-uns des plus importants patriarches et théologiens, par exemple Amba Boulos al-Boushy, le pape Cyrille IV et le pape Cyrille VI;
· la contribution des coptes orthodoxes, catholiques et protestants durant l'époque coloniale pour réformer le système éducatif, établir des systèmes modernes d'aide sociale et de soins ainsi que fonder l'Université américaine du Caire, qui joue encore un rôle important en Egypte dans le domaine éducatif.
En outre, l'on pourrait songer à réviser les chapitres historiques avec l'aide d'une commission islamo-chrétienne d'historiens afin de surmonter les stéréotypes dans la présentation des relations entre chrétiens et musulmans: comme le sait tout historien honnête, il n'y pas seulement eu des époques harmonieuses, mais aussi d'autres plus difficiles.
3. L'Occident chrétien: un ennemi agressif envers la culture islamique?
Le fait que la rencontre entre l'Orient et l'Occident soit décrite en détail comme une rencontre culturelle mérite une mention positive. En revanche, la présentation de cette rencontre présente quelques sérieuses déficiences: on y trouve des stéréotypes et des approches unilatérales qui donnent une image totalement erronée de l'Occident chrétien. Malheureusement, cette perception est répétée et se retrouve à travers la plupart des manuels.
Ceci a représenté la partie la plus délicate et critique de l'enquête. Pour expliquer les résultats, citons cet extrait d'un manuel d'histoire pour les écoles secondaires égyptiennes:
"Même si les armées pillardes des Croisés et des Mongols contre les pays du monde islamique au Moyen-Age furent défaites, l'hostilité étrangère contre les pays islamiques ne cessa pas.
A la fin de ces périodes, l'hostilité européenne prit la nouvelle forme d'une guerre économique. Les Européens, en particulier les Portugais et les Espagnols, réussirent à frapper l'économie de l'Egypte à travers ce qui découla de leurs découvertes géographiques. Ils découvrirent ainsi une nouvelle route - autre que l'Egypte ou la Syrie - pour le commerce mondial: il s'agit de la route autour du cap de Bonne-Espérance, dont la conséquence fut de priver l'Egypte, l'un des plus importants centres islamiques à cette époque, de sa puissance militaire.
Les croisés de l'époque moderne triomphèrent des musulmans, en réalisant ce que leurs ancêtres n'avaient pu réaliser au Moyen-Age. Et ils se vengèrent sur le monde islamique à travers leur occupation en y imposant leur système de règles et en exploitant ses revenus pour leur propre profit. Depuis le temps des batailles des Croisades, la culture et le progrès islamique s'interrompirent et furent forcés de régresser, se retrouvant ainsi paralysés. Pendant ce temps, l'Occident européen en profitait. La raison en était qu'ils s'étaient familiarisés avec la culture islamique, car il s'agissait de l'un des ponts d'échange culturel.
Les Croisades furent une guerre militaire et culturelle entre l'Orient islamique, qui avait une culture prospère, et l'Occident européen, qui se trouvait dans l'obscurité et l'ignorance - à tel point que les Européens désignèrent le Moyen-Age comme un âge sombre." [1]
Ce passage de manuel représente en condensé la perception de l'Europe, ou de ce qui est appelé l'Occident chrétien. Avec de nombreuses variations, des modèles semblables se retrouvent dans tous les manuels sur tous les sujets à tous les niveaux des écoles égyptiennes:
A. L'Occident chrétien - qui est également appelé l'Europe ou l'Ouest - est présenté comme l'archi-ennemi, l'Erzfeind de la culture arabo-islamique.
B. L'Occident chrétien est présenté comme une culture inférieure.
C. Les textes soutiennent que l'Orient islamique doit se défendre contre l'appétit impérialiste de l'Occident chrétien.
Ces trois stéréotypes sont présentés continuellement, répétés et imprimés dans différents contextes dans les esprits et les pensées des enfants de tous âges.
Dans la suite de ma présentation, je souhaite développer un peu ces trois points.
A. L'Occident chrétien est l'archi-ennemi de la culture arabo-islamique
Dans les manuels de religion et d'études sociales des écoles primaires et préparatoires, la première période de l'islam est décrite comme une guerre continuelle contre l'Empire byzantin. Le récit des différentes Ghazawât, des campagnes contre l'Empire byzantin, est utilisé comme un moyen pour structurer la présentation des événements historiques. La distinction générale entre "petit jihad" et "grand jihad" - le premier signifiant l'effort personnel sur soi-même et le second une guerre pour la défense de l'islam - ne se trouve dans aucun manuel scolaire égyptien. Cette distinction est pourtant largement admise parmi les érudits musulmans afin de dissiper les malentendus autour du jihad en Occident. En raison de l'absence de cette utile différenciation, le jihad est toujours lié pour un élève égyptien au martyre, habituellement accompli dans une campagne contre des chrétiens occidentaux.
Les conquêtes par les armées islamiques de pays et régions alors sous souveraineté byzantine sont toujours décrites comme une "libération" de l'oppression byzantine chrétienne. Dans certains cas, les populations indigènes ont explicitement demandé aux musulmans de les libérer. Ceci apparaît particulièrement dans le récit de la conquête de l'Egypte.
Citons par exemple ce passage d'un manuel d'études sociales pour les écoles préparatoires:
"Les coptes s'adressèrent à Omar ibn al-Khattâb, lui demandant d'envoyer quelqu'un pour les libérer des talons des Romains, respectivement des Byzantins, et pour les sauver de leur persécution, de la corruption de leurs fonctionnaires et du poids de leurs impôts." [2]
Et le titre du passage sur la conquête de l'Egypte: "Le soleil de l'islam se lève sur les pays du Nil." [3]
Ainsi, l'expansion de la culture islamique orientale est-elle toujours décrite comme s'il s'était agi d'un acte désintéressé de libération, tandis que l'expansion de la culture chrétienne occidentale est toujours connotée comme un acte d'oppression barbare et d'exploitation capitaliste.
Un autre accent des manuels d'histoire porte sur les motifs des Croisés au Moyen-Age. Toute motivation religieuse est niée. Selon les manuels, un but impérialiste se cachait derrière de faux prétextes religieux de libération des Lieux Saints, comme l'explique le manuel déjà cité. "A vrai dire, il s'agissait d'une hostilité impérialiste, même si elle semblait être religieuse." [4]
La cruauté des Croisés chrétiens est décrite en détail, comme aucun autre épisode historique. Le massacre sanglant lors de la conquête de Jérusalem occupe une place centrale. Plusieurs présentations de cet événement historique décrivent les Européens chrétiens comme barbares, ne connaissant aucune limite et partiaux sur le plan religieux.
En contraste, lors de la reconquête de la Ville Sainte par Salâh ad-Dîn, le conquérant musulman est présenté comme tolérant et généreux. Répété à travers les périodes postérieures, ce stéréotype marque la perception de tous les dirigeants musulmans, allant jusqu'à inclure même l'époque d'Al Hâkim bin Amr Allah, qui était pourtant (également selon la tradition musulmane) un persécuteur et un tyran.
Ce préjugé d'attitude barbare associée aux Européens se retrouve dans le récit de l'invasion française. Les écoliers lisent que Napoléon ne se borna pas à bombarder al-Azhar. Il entra avec des chevaux dans un lieu de culte durant les émeutes de 1798, pour y rechercher et y tuer les rebelles. Les manuels mentionnent également avec réprobation qu'il extermina toute la garnison de Jaffa alors que celle-ci s'était déjà rendue à condition d'être mise en liberté.
Le problème de ces descriptions historiques ne porte pas sur les faits eux-mêmes: mais ces événements sont les seuls événements historiques décrits avec un tel luxe de détails, et ils transmettent un portrait très généralisateur et limité de l'Europe. Ceci apparaît si nous regardons de plus près des événements historiques qui sont - à l'inverse - presque complètement négligés:
a) Les attaques désastreuses des Mongols, qui frappèrent l'empire islamique au centre de son pouvoir et fut accompagné de vandalisme sans précédent, ne sont relatées que sur 1½ page, alors que les Croisades font l'objet d'un récit détaillé de 16 pages. Pourtant, durant des siècles, les Croisades n'ont pas joué un rôle aussi important dans les récits des historiens musulmans. Un orientaliste allemand, Josef van Ess, a évoqué le phénomène en ces termes:
"Les Croisades furent pour les musulmans des événements locaux dans une région qui était déjà une zone de lutte entre plusieurs petits dirigeants locaux. L'atmosphère d'une guerre religieuse n'apparut pas durant longtemps. Elles ne devinrent un symbole que lorsque les Arabes de notre siècle découvrirent les parallèles entre le colonialisme européen et la politique d'expansion israélienne. […] Le seul incident traumatisant fut l'assaut mongol. Alors, en 1258, Bagdad fut détruite et le dernier Calife tué. De vastes régions, qui avaient été considérées comme régions centrales du monde musulman, passèrent durant deux générations sous une domination non islamique." [5]
b) Il est frappant, dans tous les manuels, de voir que toute la période mamelouk et ottomane - près de 500 ans jusqu'à l'invasion française - est presque entièrement ignorée.
c) La période du colonialisme moderne est ensuite reliée à l'époque des Croisades et décrite comme une poursuite directe de celles-ci par d'autres moyens: les objectifs que les croisés n'avaient pas réussi à atteindre militairement au Moyen-Age se trouvaient maintenant réalisés indirectement par les "croisés de l'époque moderne" (salîbiyû al-'asr al-hadîth) grâce à la guerre économique.
C'est pourquoi, lorsque le président Bush utilisa l'expression de "croisade" en réagissant aux attentats du 11septembre, l'étudiant égyptien ne pouvait percevoir ce propos comme un simple lapsus. A ses yeux, le propos semblait révéler ce qui a déterminé la relation entre l'Occident et l'Orient depuis la montée de l'islam: l'Occident est engagé depuis des siècles dans une croisade contre le monde islamique.
· Dans cette perception, la soif impérialiste et barbare d'expansion et d'exploitation des autres pays est devenue le principal attribut de l'Occident chrétien.
· Mais le fait que l'empire islamique se soit lui aussi étendu et ait également exploité d'autres pays pendant les premiers siècles de l'islam, qu'il ait tiré profit du commerce des esclaves de l'Afrique, ou encore que les pays arabo-islamiques aient été exploités par des empereurs mamelouks et ottomans de leur propre religion durant plus de 500 ans - tout cela n'est pas pris en compte et complètement laissé de côté.
De même, les manuels ne mentionnent pas que ce sont les Européens qui ont introduit l'idée du nationalisme et des Etats nationaux au Proche-Orient, à une époque où l'Empire ottoman exploitait ses provinces. Pas plus de mention du fait que les Européens ont également contribué de façon importante à la montée du nationalisme arabe avec leurs expéditions scientifiques qui ont redécouvert les anciennes cultures de ces régions. Enfin, l'on oublie qu'existe aujourd'hui un vaste échange culturel, qu'il y a une étroite coopération dans le domaine des projets de développement, des relations politiques et diplomatiques complexes, et de nombreuses entreprises communes dans le domaine commercial et économique. Tout cela montre que nous ne vivons plus à l'époque des Croisades ni au temps du colonialisme. Mais, malheureusement, les étudiants égyptiens n'entendent pas parler de ces développements.
B) L'Occident chrétien est la culture inférieure
Dans plusieurs passages des manuels d'études sociales et de géographie, l'accent est fortement placé sur l'idée que le centre mondial de la culture, de la religion, du commerce et de la politique tourne autour de l'Asie, du Proche-Orient, et particulièrement de l'Egypte.
Nous pouvons résumer ainsi la façon d'avancer ces idées:
Ici, au Proche-Orient, particulièrement en Egypte et en Mésopotamie, se sont développées et ont fleuri les premières cultures et civilisations de l'humanité. C'est là que se trouve l'origine des trois religions célestes, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Ici se trouva durant des siècles le centre du commerce entre l'Orient et l'Occident.
Ici, dans cette région, le trésor des cultures anciennes fut perpétué et enrichi. Ce fut ici qu'éclorent toutes les sciences, la tolérance et la culture. Durant la même période, l'Europe passait par le sombre Moyen-Age, marqué par le fanatisme religieux et l'extrémisme, y compris la régression scientifique, la superstition et le déclin culturel. En contraste, au 7e siècle, le prophète Muhammad avait déjà établi les principes de tolérance religieuse et de droits de l'homme, auxquels il fallut des siècles encore avant d'apparaître dans l'Europe chrétienne.
Selon ces vues, même maintenant, à notre époque, le Proche-Orient devient à nouveau le cœur géostratégique du monde: depuis l'ouverture du canal de Suez, la majorité du commerce mondial passe par le monde arabe. Et les ressources pétrolières de celui-ci constituent le fondement de l'économie du monde entier.
En observant cette glorification du monde arabe, il devient difficile d'expliquer comment l'Occident a été capable de développer une telle domination politique et économique à l'échelle mondiale, et pourquoi il parvient à maintenir ce pouvoir jusqu'à maintenant.
Dans les manuels d'études sociales des écoles préparatoires et les manuels d'histoire et de géographie des écoles secondaires, les élèves apprennent que les Européens se sont appropriés la culture supérieure de l'Orient; la culture islamique et celle de l'Antiquité classique connurent un transfert graduel à travers les Croisades et les cultures islamiques raffinées en Espagne et en Sicile.
Pour cette raison, l'Europe fit l'expérience de la "Renaissance". Ensuite, la découverte de la nouvelle route océanique autour du cap de Bonne-Espérance ouvrit la route de l'Inde et de l'Extrême-Orient, en contournant le Proche-Orient et en accaparant ses plus importantes ressources et revenus.
Le déclin de la culture de l'Orient en fut la conséquence: ce développement fut conforté à l'époque du colonialisme. Le Proche-Orient se retrouva divisé en différentes colonies, et plus tard en régions d'hégémonie et "protectorats". Le but de la division, des colonies et des protectorats était d'anéantir la puissance du Proche-Orient, d'exploiter ces pays et de réduire leur économie et leur politique à un état de totale dépendance.
Dans cette perception de l'Occident chrétien, il est possible de reconnaître les polémiques anti-occidentales du mouvement de réforme islamique, telles qu'elles furent développées par ses figures de proue, Jamâl ad-Dîn al-Afghâni et Muhammad Abdûh, dans la confrontation avec les Etats colonialistes occidentaux. Ou l'on peut aussi y voir une sorte de "contre-orientalisme", qui tente de réfuter l'approche colonialiste des Mustashriqin, qui présentaient l'Europe comme le centre du monde [6].
Ainsi, l'Occident chrétien inférieur s'est efforcé durant des siècles de réaliser ses objectifs impérialistes contre l'Orient islamique. Par tous les moyens, ce dernier a sans cesse été contraint de se défendre contre cette attitude.
Cela nous conduit au troisième exemple de présentation marquée par des stéréotypes négatifs:
C. L'Orient islamique doit se défendre contre l'appétit impérialiste de l'Occident chrétien
A partir d'une telle représentation de l'histoire, nous ne pouvons être surpris de constater que, selon beaucoup de manuels, la principale responsabilité du gouvernement égyptien n'est pas de gouverner le pays ou de se soucier du bien-être, des droits, de la liberté, de l'emploi et de la dignité des citoyens, mais de "défendre l'Egypte contre les ennemis étrangers".
Quelque 80 à 90% des données historiques apprises par les élèves sont liées à la résistance contre les Croisés et au combat pour l'indépendance contre les colonisateurs. Les autres données historiques sur des événements culturels sont très réduites.
De plus, chaque année, des célébrations spéciales ont lieu dans les différentes régions du pays pour commémorer différents épisodes historiques, par exemple une émeute ou résistance locale contre les croisés, même si ces événements n'ont pas grande importance par rapport à beaucoup d'autres événements de l'histoire de l'Egypte.
Il en découle que la présentation de l'histoire dans la plupart des manuels du niveau secondaire est avant tout consacrée au récit d'événements historiques isolés, décrits comme de glorieuses tentatives de se libérer de l'influence de l'impérialisme occidental.
La position envers l'Occident chrétien (respectivement l'Europe ou l'Ouest) est avant tout défensive. Les caractéristiques culturelles de l'Europe sont ignorées, de même que l'effort de coopération qui s'est développé - dans différents domaines et à différents niveaux - entre l'Egypte et des pays européens.
La description de l'Europe moderne est essentiellement limitée à sa puissance économique. Cela est présenté positivement et avec admiration. L'alliance entre Etats dans le cadre de l'Union européenne est décrite comme un modèle d'avenir idéal pour les Etats arabes. Si une telle union économique pouvait être créée et si la domination européenne pouvait diminuer, l'Egypte et tout le Proche-Orient pourraient prospérer et fleurir à nouveau, ce qui produirait un tel succès que la culture et l'économie occidentales pâliraient en comparaison.
Propositions
Nous considérons la perception de l'Occident chrétien comme la partie la plus problématique et la plus sensible de notre recherche. Le narratif historique en Orient et en Occident apparaît comme fondamentalement différent. Nous proposons qu'une commission d'historiens et de pédagogues de l'Orient et de l'Occident soit mise sur pied pour discuter des différentes perceptions de l'Orient islamique en Occident et de l'Occident chrétien en Orient.
L'objectif commun devrait être:
· de surmonter les stéréotypes et l'attitude défensive dans la présentation d'autres religions et cultures;
· de souligner l'impact positif de la rencontre culturelle;
· de dépasser les catégories d'infériorité ou de supériorité;
· d'élargir la connaissance de la culture et de la religion de l'autre, afin de promouvoir une meilleure compréhension mutuelle.
En ce qui concerne les manuels scolaires égyptiens, il nous semble que des passages supplémentaires
· sur la culture en Europe,
· sur le rôle de la religion dans l'Europe d'hier et d'aujourd'hui,
· sur des projets lancés en coopération avec des pays de l'Union européenne,
· sur les aspects positifs de l'impact européen au Proche-Orient,
· sur des projets actuels de rencontre, d'échange et de développement (écoles, fondations politiques, projets de développement, etc.),
pourraient considérablement aider à améliorer la perception de l'Occident chrétien chez les écoliers égyptiens.
III. Principales différences dans la représentation du christianisme dans les manuels turcs, iraniens et palestiniens
Il existe beaucoup de différences entre les quatre pays qui ont fait l'objet de la recherche. Les principales différences sont les suivantes:
1. En Turquie, l'approche de l'éducation religieuse est foncièrement différente, en raison d'un gouvernement d'orientation laïciste. Il n'y a pas une éducation religieuse au sens strict dans le cadre scolaire, mais seulement une branche intitulée "Culture religieuse et éthique", qui est obligatoire aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans.
Le programme pour cette branche contient la description de toutes les religions, afin de développer la tolérance ainsi que l'éducation au patriotisme national et l'éducation civique.
En Turquie, nous trouvons beaucoup d'explications sur la religion chrétienne, ses enseignements et doctrines, sur les apôtres, sur l'histoire de l'Eglise, sur les Eglises catholique et protestante. En revanche, contrairement à l'Egypte, l'existence de chrétiens indigènes dans le passé et aujourd'hui est laissée de côté et complètement ignorée.
La coopération avec des représentants officiels et spécialistes de l'éducation a été très fructueuse. Certaines de nos propositions ont déjà été acceptées. Le Ministère de l'Education a même demandé aux Eglises chrétiennes d'établir une commission chrétienne pour réviser en détail les manuels scolaires.
2. Dans les manuels scolaires iraniens, les élèves ne reçoivent aucune information sur la religion chrétienne. Les chrétiens sont seulement mentionnés parfois dans les manuels d'histoire et d'éducation islamique, lorsqu'ils se convertissent ou font l'éloge de la supériorité de la religion musulmane.
Malgré cela, la réaction des autorités et des milieux intellectuels à notre recherche a été très positive, lors d'une visite de participants au projet en Iran en septembre 2002. Au moins de la part du mouvement réformiste, il existe un intérêt pour un "dialogue entre les cultures" et une amélioration de la présentation des religions dans le cadre scolaire.
3. En Palestine, la recherche sur les manuels scolaires constitue un sujet très sensible, du fait qu'il existe déjà un débat public autour de l'antisémitisme dans les manuels publiés sous la responsabilité de l'Autorité nationale palestinienne [7]. Il y a quatre recherches menées sur les manuels scolaires palestiniens, par des équipes alllemande, américaine, israélienne et palestinienne. Leurs résultats se contredisent. Notre enquête passe donc dans une zone de turbulences, et il est trop tôt pour en résumer les conclusions.
En tout cas, nous avons des contacts étroits avec des responsables officiels et spécialistes de l'éducation. Le Ministère palestinien de l'Education a explicitement invité des spécialistes étrangers à fournir aide et conseil pour la révision des manuels palestiniens. Il faut également remarquer que, en Palestine, il est déjà courant que des chrétiens et des musulmans participent à base égale à la révision des programmes et des manuels.
En résumé
Si nous la comparons à la situation en Turquie et en Egypte, la représentation du christianisme dans les manuels scolaires égyptiens occupe une place intermédiaire:
· Nous y trouvons un grand respect pour la religion chrétienne, mais peu d'informations sur la foi et la vie des chrétiens.
· Ils contiennent d'excellentes informations sur l'histoire ancienne des coptes en Egypte, mais presque pas d'informations sur la minorité chrétienne après la conquête de l'Egypte.
· Ils contiennent de bonnes informations sur la rencontre culturelle entre la culture arabo-islamique et l'Europe au Moyen-Age, mais beaucoup de stéréotypes négatifs décrivent l'Occident chrétien comme ennemi de la culture islamique et presque pas d'informations sur la rencontre culturelle positive aujourd'hui.
La proposition la plus importante est la création d'un réseau islamo-chrétien de spécialistes du domaine éducatif, dans le cadre duquel les questions d'éducation interreligieuse et interculturelle pourraient être discutées de façon détaillée.
C'est un défi pour les pédagogues en Orient et en Occident d'améliorer la connaissance de la religion et de la culture de l'autre, afin de transformer le "choc des civilisations" prédit par certains en un fructueux "dialogue des civilisations", qui doit débuter à l'école.
La documentation détaillée sur la représentation du christianisme dans les manuels scolaires égyptiens (longue d'environ 200 pages) sera probablement publiée en même temps que la documentation sur les autres pays à la fin de l'année 2003 par l'Institut Georg-Eckert pour la recherche internationale sur les manuels scolaires(Georg-Eckert-Institut für Internationale Schulbuchforschung / Georg Eckert Institute for International Textbook Research).
Notes
[1] Histoire pour l'école secondaire, édition 2001-2002, Le Caire, 2001, p. 81 [NDT: nous avons choisi de traduire en français les titres des manuels, plutôt que d'en indiquer les titres arabes].
[2] Etudes de la société, Premier Niveau de l'école préparatoire: Ma patrie l'Egypte. Le lieu et le temps, 2e partie, édition 2001-2002, Le Caire, 2001, p. 76.
[3] Ibid., p. 75.
[4] Histoire pour l'école secondaire, édition 2001-2002, Le Caire, 2001, p. 80.
[5] Hans Küng et Josef van Ess, Christentum und Weltreligionen, Munich, 5e éd., 2001, pp. 64 sq.
[6] Edward Said, Orientalism, Londres, 2e éd.,1995 (1ère éd. 1978); Isolde Kurz, Vom Umgang mit dem Anderen: Die Orientalismus-Debatte zwischen Alteritätskurs und interkultureller Kommunikation, Berlin, Ergon, 2000.
[7] A ce sujet, on pourra lire les articles suivants, tous rédigés par Wolfram Reiss:
· "Zur Debatte um Antisemitismen in palästinensischen Schulbüchern", in KNA-ÖKI, N° 46, 13.11.2001, pp. 10-19; version abrégée in Palästina-Journal, N° 47/48 (2001), pp. 31-34.
· "Weniger Haß und Vorurteile" in Die Zeit, 20.6.2002, 18 (= réponse à la critique des nouveaux manuels scolaires palestiniens in: "Arafat bombt, Europa bezahlt" in Die Zeit, 6.6.2002).
· "Die Palästinenser werden getadelt, wo sie stattdessen gelobt werden sollten" - clarifications sur les critiques envers les manuels scolaires palestiniens à l'occasion d'un dossier in Palästina-Journal, N° 50 (juillet 2002), pp. 32-35.
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