Un magazine hindou a récemment essayé de définir les grandes tendances actuelles de développement de l'hindouisme. Nous résumons ci-après quelques-unes de ces observations, qui se fondent sur la consultation par les rédacteurs d'éminents dirigeants de différents courants de l'hindouisme.
Religioscope - 14 octobre 2002 - En anglais, l'article publié dans le numéro d'octobre-décembre 2002 du magazine Hinduism Today parle de megatrends, reprenant l'expression lancée en 1982 par un ouvrage du futurologue John Naisbitt. Hinduism Today s'était déjà livré à la même entreprise en 1989, et il est donc particulièrement intéressant de la mettre à jour 13 années plus tard.
Tout d'abord, le développement de la fierté d'être hindou a continué de s'affirmer, confirmant la pérennité de cette religion à l'heure même où des idéologies modernes vieillissent et passent de mode. Les hindous s'affirment volontiers comme tels. Revers de la médaille: cette affirmation de soi peut parfois prendre des tournures militantes et violentes, comme on l'a notamment vu cette année lors des émeutes dans le Gujarat.
La philosophie hindoue, ou au moins des éléments tirés de celle-ci, continuent d'exercer un attrait non seulement parmi ceux qui sont nés hindous, mais également chez des gens appartenant à d'autres cultures. L'article donne comme exemple, parmi d'autres, la popularisation de l'Ayurveda au cours des dix dernières années. Des Occidentaux continuent d'adhérer à des communautés religieuses hindoues.
L'hindouisme de la diaspora se renforce dans les pays où il s'était déjà implanté il y a plusieurs décennies (Fidji, Guyana, Trinidad, Maurice, Malaisie...), alors que beaucoup d'observateurs tablaient sur sa lente disparition il y a cinquante ans encore. Cependant, une préoccupation pour l'hindouisme de la diaspora est le nombre croissant de mariages mixtes. Cela soulève notamment la question de savoir comment communiquer la foi aux membres de la jeune génération en situation de diaspora. A l'image des jeunes de leur âge dans les sociétés où ils vivent, beaucoup de jeunes hindous relâchent leur pratique religieuse.
Le rôle des femmes tend à s'accroître, comme on le constate déjà par la multiplication des gourous féminins qui se lancent dans des missions à travers le monde. De même, le nombre de femmes prêtres aurait connu une augmentation notable ces dernières années, et elles sont également mieux acceptées dans la population.
Notamment grâce à la générosité d'hindous de la diaspora, de beaux temples sont construits ou rénovés: un exemple frappant est celui du temple Swaminarayan de Neasden, dans la banlieue de Londres. En revanche, la profession sacerdotale connaît un déclin de plus en plus marqué: beaucoup de brahmanes dont les pères ou grands-pères étaient attachés à un temple renoncent à poursuivre dans cette voie et préfèrent s'engager dans des professions plus lucratives pour assurer à leur famille un revenu décent. Parallèlement, la qualité de formation des prêtres tend également à décroître.
L'hindouisme bénéficie considérablement du développement d'Internet. Celui-ci permet beaucoup plus aisément l'accès à des informations sur l'hindouisme conformes à la perception qu'en ont les pratiquants de cette religion. Le réseau Internet renforce les liens au sein des différents groupes de l'hindouisme à travers le monde. Il permet de diffuser et partager des informations. C'est aussi un signe de l'importance toujours plus grande acquise en Inde par les technologies de l'information.