L'approche actuelle utilisée pour essayer de défendre l'image de l'islam en Occident est condamnée à l'échec, estime un article publié aujourd'hui dans le quotidien saoudien Arab News. Il propose donc une autre approche afin de promouvoir "une nouvelle image de l'islam".
Religioscope - 14 octobre 2002 - Religioscope a déjà évoqué des efforts saoudiens pour modifier la perception de l'islam dans les pays occidentaux. Ce besoin s'est fait particulièrement pressant après le 11septembre, avec la découverte du nombre de ressortissants saoudiens impliqués dans les événements et les frictions qui en ont découlé.
Né en 1952 en Arabie saoudite, Abdul Qader Tash est l'un des principaux éditorialistes du quotidien Arab News. Auteur de plusieurs livres en arabe, dont l'un est consacré à l'Amérique et l'Islam (1993), sa connaissance de l'Occident n'est pas simplement livresque, puisqu'il a étudié dans des universités américaines.
Selon son article "Fostering a new image of Islam", les musulmans portent une part de responsabilité dans l'image déficiente de l'islam qui existe en Occident: "nous devons atteindre l'esprit occidental en utilisant des moyens et méthodes adaptées à cet esprit." Tant l'approche qui consiste à dépouiller l'islam de ses valeurs pour qu'il s'adapte aux attentes occidentales que l'approche agressive et antagoniste envers l'Occident sont condamnées à l'échec, observe l'éditorialiste.
Que propose donc Abdul Qader Tash? Tout d'abord, il faut cesser d'essayer de réagir à l'image existante pour la corriger, mais de "produire une autre image" de façon autonome, et en développant un effort de longue haleine plus que des réactions ponctuelles.
Ensuite, il ne faut pas simplement viser les élites, mais le grand public. Le développement de technologies de l'information rend cette tâche plus aisée.
Troisièmement, l'action entreprise doit passer par plusieurs canaux: pas seulement les médias, malgré leur importance, mais également les universités ou organisations religieuses, par exemple.
Enfin, et cela rejoint des préoccupations également entendues de la part d'intellectuels de la diaspora musulmane en Occident, "les musulmans qui vivent en Occident et les musulmans qui sont originaires de ces pays doivent être au premier plan de ce projet". Leur connaissance des réalités de ces pays, leur coexistence avec leurs habitants, en font des intermédiaires privilégiés. Il faut les encourager "à s'intégrer pleinement dans la société où ils vivent", car ils exerceront ainsi plus efficacement une influence. Mais ils ont besoin, souligne l'auteur, de savoir que les pays musulmans les soutiendront et qu'ils ne seront pas seuls face aux gouvernements occidentaux.
Nous ignorons si cet article représente plus que des réflexions individuelles. Mais il exprime des préoccupations que l'on entend de plus en plus souvent se manifester dans le contexte de l'après-11 septembre. Des dirigeants et penseurs musulmans sont de plus en plus convaincus que la perception de l'islam en Occident devient aussi un enjeu stratégique, exigeant des réponses appropriées. (JFM)