Le 24 septembre 2002, le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe serbe a nommé l'évêque Jovan comme évêque canonique pour l'ensemble du territoire macédonien. Cette décision ajoute à la tension entre Eglises orthodoxes serbe et macédonienne.
Religioscope - 9 octobre 2002 - A la suite d'efforts menés dès les années 1950 pour obtenir son autocéphalie, l'Eglise orthodoxe de Macédoine proclama son indépendance en 1967, même si elle n'est reconnue par aucune autre Eglise orthodoxe.
Des contacts entre Eglise serbe et évêques macédoniens afin de briser cet isolement conduisirent au mois de mai 2002 à un projet d'accord. Puis, au mois de juin, le patriarche Pavle de Serbie proposa aux hiérarques macédoniens un statut d'autonomie au sein de l'Eglise de Serbie.
Un seul évêque en Macédoine accepta cette offre: l'évêque Jovan de Veles et Povardarie annonça l'intégration de son diocèse dans l'Eglise serbe, ce qui fut loin de faire l'unanimité parmi les fidèles. L'évêque Jovan passe pour avoir de bonnes relations avec la Grèce: il prépare d'ailleurs un doctorat en théologie à l'Université Aristote de Thessalonique.
Sa démarche lui valut, le 5 juillet 2002, d'être démis de ses fonctions par le Synode de l'Eglise de Macédoine. De violents incidents se produisirent au Monastère du Saint Mégalomartyr Georges à Negotino, où l'évêque s'était retiré avec l'accord du Synode macédonien: des opposants rassemblés diffusèrent par haut-parleur un chant intitulé "Damnés soient les traîtres" pendant que Jovan et ses partisans célébraient l'office et forcèrent finalement l'évêque - qualifié de "Judas" - à quitter les lieux pour se réfugier à Bitola.
Le 24 septembre 2002, le Saint Synode de l'Eglise serbe a décidé de nommer l'évêque Jovan en tant qu'exarque de l'Eglise orthodoxe serbe en Macédoine.
Cette décision a provoqué des réactions négatives non seulement du côté de l'Eglise de Macédoine, comme on pouvait s'y attendre, mais également de la part des autorités macédoniennes: le Ministère des Affaires étrangères de la Macédoine a exprimé ses objections et a averti que cette décision était de nature à porter atteinte aux relations entre les deux pays.
Jean-François Mayer
Pour l'arrière-plan de l'affaire, lire nos articles précédents (en anglais):
http://www.religioscope.com/notes/2002/025_macedonia_back.htm
http://www.religioscope.com/articles/2002/007_macedonia.htm
http://www.religioscope.com/notes/2002/033_macedortho.htm
http://www.religioscope.com/notes/2002/042_macedolatest.htm