L'Eglise catholique "officielle" en Chine connaît actuellement une croissance rapide, qui s'exprime non seulement par de nombreuses constructions, mais aussi par une présence sur le terrain social.
Religioscope - 8 octobre 2002 - Comme le savent nos lecteurs, la vie religieuse en Chine présente aujourd'hui une image complexe: les groupes religieux peuvent y agir, à condition de se plier aux règles établies par le pouvoir communiste et de suivre les orientations fixées par celui-ci. A l'instigation du pouvoir avait été formée dans les années 1950 une Eglise patriotique refusant la soumission à une autorité étrangère, c'est-à-dire au Vatican. Un site officiel chinois relate sa naissance en ces termes [le lien http://www.china.org.cn/fa-book/menu20-4.htm ne fonctionne plus - 24.08.2016]:
"En novembre 1950, plus de cinq cents croyants catholiques du district de Guangyuan dans la province du Sichuan proclamèrent la Déclaration pour l'indépendance et la réforme du catholisme, en proposant de rompre toutes les relations avec les impérialistes et de créer une nouvelle Eglise catholique caractérisée par l'indépendance administrative, financière et évangélisatrice. [...] l'Eglise catholique de Chine informa le Vatican en 1957 et en 1958 de l'élection d'un évêque intérimaire et de deux évêques. Le Vatican répliqua en brandissant l'excommunication majeure, ce qui a blessé sérieusement les catholiques chinois. L'Eglise catholique de Chine est depuis lors résolue à élire et à sacrer elle-même ses évêques et à administrer les affaires religieuses dans l'indépendance. Du point de vue de la croyance, le catholicisme de Chine est identique à celui des différents pays du monde, mais sur le plan de la gestion de l'Eglise, toutes les affaires intérieures sont décidées de façon indépendante par l'Eglise catholique de Chine."
Ainsi, tandis que des communautés catholiques fidèles à Rome - avec une cinquantaine d'évêques "clandestins" - continuent de faire l'expérience d'obstacles et de persécutions (allant jusqu'à des arrestations et destructions de lieux de culte), et que l'attitude à l'égard des groupes religieux non enregistrés semble même se durcir, l'Eglise dite "patriotique" - qui compterait 115 diocèses - jouit d'une certaine liberté et semble même en plein développement.
Telle est en tout cas l'image qui en est donnée dans un intéressant article d'Elisabeth Rosenthal, publié dans le New York Times(6 octobre 2002). Elle signale notamment l'activité des services sociaux catholiques de l'Eglise "officielle", Beifang Jinde [aujourd'hui Jinde Charities, - 24.08.2016]: grâce à leurs efforts (leur site Internet contient également des textes en anglais, http://eng.jinde.org/), des fonds récoltés à l'étranger ont permis la construction d'une centaine d'églises depuis 1999 - non sans susciter ici et là des réactions soupçonneuses d'autorités locales, même si la réception de fonds d'origine étrangère a été légalisée en 1999 pour les groupes religieux officiellement enregistrés.
Mais les efforts locaux ne sont pas moins notables: selon l'article, dans la seule province du Hebei, "des centaines d'églises catholiques" auraient été bâties ces dernières années. En outre, les catholiques "patriotiques" ont pu construire des écoles et cliniques, prenant ainsi le relais de services que l'Etat n'est plus toujours à même d'offrir. Ces efforts sociaux tendent également à créer une image positive du catholicisme chez des responsables politiques locaux. L'accroissement et la diversification des activités des catholiques "officiels" ont pour conséquence de tester jusqu'où pourra aller la tolérance gouvernementale.
Sur les 12 millions de catholiques chinois (en augmentation rapide), rappelle l'article, environ la moitié seraient fidèles à l'Eglise "clandestine", bien qu'il soit difficile de fournir des estimations précises.