Le 25 septembre dernier, Rauf Hakeem, leader du parti du Congrès musulman, et ministre dans l'actuel gouvernement au pouvoir à Colombo, s'est déclaré "prudemment optimiste" à l'issue de la première session de pourparlers qui s'est tenue du 16 au 18 septembre derniers en Thaïlande et qui a réuni, sous médiation norvégienne, des délégués de Colombo et du LTTE, l'organisation politique des Tigres tamouls. L'un des résultats les plus tangibles de cette première session de négociations a été l'abandon par les Tigres de la revendication d'un Etat tamoul séparé et indépendant du reste du pays, à majorité cinghalaise.
Eglises d'Asie (EDA) - 1er octobre 2002 - Au nom de la communauté musulmane du pays, qui représente environ 7 % de la population totale du pays et qui vit concentrée principalement dans le nord et l'est du Sri Lanka, région à majorité tamoule, Rauf Hakeem, qui faisait partie de la délégation du gouvernement de Colombo, s'est réjoui que "pour la première fois, la composante musulmane de la nation a été reconnue", mais a ajouté que "les compromis doivent venir de toutes les parties. Les aspirations des musulmans ne doivent pas être subsumées par les aspirations des autres communautés." Selon Rauf Hakeem, les musulmans "veulent un partage substantiel du pouvoir avec les rebelles tamouls". Le leader du parti du Congrès musulman a insisté en affirmant que tout accord final de paix entre Colombo et le LTTE devra comprendre "des garanties institutionnelles et structurelles pour faciliter un réel partage du pouvoir, y compris avec les musulmans".
Lors des pourparlers tenus en Thaïlande, les délégués du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) ont déclaré qu'ils étaient d'accord pour autoriser le retour des musulmans à Jaffna. En 1990, lors de la prise de la ville par les Tigres, plus de 100 000 musulmans avaient dû faire leurs valises en quelques heures et, à ce jour, n'ont pas pu y retourner vivre. Le 25 septembre, Rauf Hakeem a déclaré que l'engagement des Tigres à autoriser ces retours était une bonne chose mais que "les gens ne souhaitent pas encore revenir en grand nombre car ils estiment que le climat n'est pas suffisamment sûr pour cela". Sa déclaration est intervenue quelques jours après que des tracts eurent été distribués dans la ville de Mannar. Portés par un groupe se faisant appeler Force de l'Eelam, les tracts appelaient la population musulmane à quitter la ville d'ici à la fin du mois de septembre, sauf à endurer des représailles - dont la nature n'était pas spécifiée. Le LTTE a immédiatement démenti être derrière ce groupe et cette action, déclarant saisir "cette opportunité pour, à nouveau, redire notre position, à savoir que le nord-est [du Sri Lanka] est la terre (homeland) des Tamouls et des musulmans".
Cette information a été publiée dans le N° 360 (1er octobre 2002) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).