L'organisation Human Rights Watch vient de publier un analyse au sujet de la persécution contre des "musulmans indépendants" en Ouzbékistan. Le cercle des groupes visés semble s'élargir, et ils ne peuvent pourtant certainement pas tous être soupçonnés d'activités violentes.
Religioscope - 26 août 2002 - Plusieurs organisations préoccupées par les questions de droits de l'homme et de liberté religieuse suivent avec grande attention les développements de la situation dans les pays de l'Asie centrale. L'Ouzbékistan est souvent montré du doigt, ainsi que le Turkménistan.
Human Rights Watch (HRW) a rendu public le 20 août 2002 un rapport sur la persécution religieuse visant des "musulmans indépendants" en Ouzbékistan. En dépit d'une amnistie qui avait permis la libération d'un certain nombre de prisonniers d'opinion en août 2001, des centaines de personnes auraient été arrêtées ou condamnées à de longues peines de prison depuis octobre 2001. Les croyants incaracérés seraient victimes de tortures pour les contraindre de renoncer à leur foi. Dans un cas, cependant, quatre policiers qui avaient torturé à mort un jeune membre du Hizb ut-Tahrir ont été condamnés à vingt ans de prison.
Le gouvernement ouzbek s'efforce de justifier ces arrestations en qualifiant les personnes appréhendées d'extrémistes. Selon HRW, cependant, la plupart des victimes seraient des musulmans non coupables d'actes de violence, mais dont les orientations déplaisent au gouvernement.
Le rapport de HRW fournit des détails statistiques et des précisions sur différents cas. Retenons surtout que trois groupes semblent visés par la répression gouvernementale en 2002:
1) des musulmans indépendants, sans affiliation particulière, mais accusés de "wahhabisme" (un terme utilisé de façon plutôt extensive sur le territoire de l'ex-URSS, et qui n'implique pas nécessairement une affiliation à ce courant saoudien);
2) des membres du Hizb ut-Tahrir (Parti de la libération), un groupe panislamique visant au rétablissement du califat, et dont le succès en Asie centrale suscite des interrogations dans les gouvernements de la région; la répression contre ce groupe aurait été intensifiée depuis la fin de l'année 2001;
3) enfin, plus récemment, le gouvernement a commencé à arrêter des musulmans attachés aux enseignements de l'influent penseur musulman turc Bediuzzaman Said Nursi (1877-1960).
Nous constatons donc des évolutions dans cette campagne contre les "extrémistes" supposés, et surtout un élargissement.
Les accusations, telles que les relatent HRW, semblent porter sur des convictions idéologiques plus que sur des actes. La simple possession de littérature du Hizb ut-Tahrir, par exemple, peut entraîner une arrestation.
De même, douze lecteurs des ouvrages de Said Nursi condamnés au mois de juin ont été accusés de lire, posséder ou diffuser ces livres, qui sont pourtant largement répandus en Turquie et n'y circuleraient certainement pas librement s'ils incitaient à la violence.
Des détenus se sont plaints à HRW de ne pas être autorisés à conserver en prison ne serait-ce qu'un seul verset du Coran.
Pour décharger le briefing paper de Human Rights Watch (format PDF, 11 pages):
http://hrw.org/backgrounder/eca/uzbek-aug/uzbek-brief0820.pdf