Désireux de voir des bouddhistes contrôler le temple de Bodhgaya (Bihar), lieu où le Bouddha aurait atteint l'illumination il y a 2.500 ans, des moines bouddhistes demandent à l'ONU d'intervenir.
Religioscope - 24 août 2002 - Le comité de gestion du temple de Bodhgaya repose sur un délicat équilibre entre hindous et bouddhistes, mais comprend une majorité d'hindous.
D'origine japonaise, Bhadant Nagarjun Surai Sasai préside le All-India Mahabodhi Temple Liberation Action Committee (AIMTLAC). Ce groupe entend, comme son nom l'indique, "libérer" le temple de Bodhgaya de tout contrôle non bouddhiste. Il se plaint non seulement du contrôle hindou, mais aussi du fait que des "idoles hindoues" auraient été introduites dans le temple et que des rites hindous y auraient été célébrés, portant ainsi atteinte à la pureté du bouddhisme.
A la fin du mois de juillet, le moine bouddhiste a adressé une lettre au Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme afin d'attirer son attention sur la situation et de demander l'intervention des Nations Unies auprès du gouvernement indien, au nom du respect des droits de l'homme.
On trouvera en annexe le texte de la lettre adressée le 31 juillet 2002 à Mary Robinson.
Cependant, différents courants du bouddhisme sont présents à Bodhgaya. Il existe à Bodhgaya les différents courants du bouddhisme indien, des monastères dépendant de différents groupes bouddhistes nationaux (Birmanie, Thaïlande, Japon, Corée...), l'historique Mahabodhi Society fondée au 19e siècle par Anagarika Dharmapala, les courants du bouddhisme tibétain, sans oublier différents groupes hindous et même des rebelles maoïstes présents dans la région.
Or, même les bouddhistes ne se montrent pas unanimes. Lors du Kalachakra organisé au mois de janvier 2002 à Bodhgaya par des Tibétains, le mouvement de libération du temple a vivement critiqué le Dalaï Lama, accusé d'être un "agent des fondamentalistes hindous". Les partisans du mouvement sont allés jusqu'à déclarer que le Kalachakra n'avait "rien à voir avec le bouddhisme" et accusent également les Tibétains de porter atteinte à la sainteté du temple en y pénétrant chaussés.
Comme on le sait, les mouvements hindous militants se refusent à voir dans le bouddhisme une religion séparée et considèrent les bouddhistes, de même que les sikhs, comme un sous-groupe de l'hindouisme. L'affaire de Bodhgaya soulève donc des enjeux qui vont au-delà du simple contrôle du comité de gestion de ce haut lieu du bouddhisme. (JFM)
Site du Mahabodhi Temple de Bodhgaya.
http://www.mahabodhi.com/
Pour suivre les développements à Bodhgaya, on peut consulter le site des Bodhgaya News, créé en mars 2002 et diffusé à partir d’une université australienne et régulièrement mis à jour. Il explique notamment de façon claire quels sont les différents groupes impliqués, bouddhistes et non bouddhistes:
http://www.bodhgayanews.net/index.html