Un appel lancé par les Frères musulmans aux groupes de l'opposition syrienne en vue de participer à une discussion sur une charte nationale le 23 août 2002 à Londres aurait rencontré de nombreux refus.
Selon Arabic News (29 juillet 2002), l'invitation aurait été adressée aux groupes de l'opposition politique syrienne et à des "figures indépendantes", apparemment dans l'espoir de favoriser des convergences. Les Frères musulmans souhaiteraient voir leur projet de charte nationale devenir la base d'un front politique.
Le service d'information arabe estime qu'il est particulièrement peu probable de voir des membres de groupes marxisants accepter cette proposition.
Quant aux autres composantes politiques, à en croire les informations recueillies par Arabic News, leurs réticences seraient notamment justifiées par l'implication du groupe dans des activités d'opposition violente dans les années 1980.
Le soulèvement des Frères musulmans syriens à Hama en 1982 avait été sévèrement écrasé par les forces armées, causant plusieurs milliers de morts et la destruction d'une partie de la ville. Le mouvement des Frères musulmans est interdit en Syrie: une loi prévoit une peine d'emprisonnement pour quiconque y appartient.
Cependant, un certain nombre de Frères musulmans (et de membres d'autres formations politiques) ont bénéficié par la suite de mesures d'amnistie.
Particulièrement depuis la disparition du président Hafez al-Assad, on note des efforts du côté des Frères musulmans pour mettre un terme à ce lourd héritage: à la fois en esquissant des ouvertures pour obtenir une attitude moins hostile des autorités syriennes (appel à une réconciliation nationale au nom de l'union contre Israël en octobre 2000) et en essayant de forger des liens avec d'autres composantes de l'opposition syrienne (appui à la déclaration d'intellectuels syriens en faveur de changements dans le pays en janvier 2001).
Jean-François Mayer