Une décision de la Commission du Patrimoine mondial de l'UNESCO, rendue publique à Budapest le 28 juin 2002, a ajouté neuf nouveaux sites culturels au patrimoine mondial, portant ainsi le total de ces sites au nombre de 730. Parmi les sites nouveaux promus se trouve le temple de Mahabodhi à Bodhgaya, le plus sacré des temples bouddhistes, lieu où Bouddha parvint à l'illumination, il y a quelque 2 600 ans.
Eglises d'Asie (EDA) - 16 juillet 2002 - La proposition en avait été faite à l'UNESCO par le responsable de l'Agence nationale du tourisme [...]. La nouvelle n'a pas provoqué de grande émotion dans le pays et la grande presse en a peu parlé.
Cependant, nombre des responsables chrétiens s'en sont réjouis. Le P. Sumit Menezes, un religieux jésuite, a déclaré que la décision historique de l'UNESCO donnerait une nouvelle renommée au temple de Bodhgaya, déjà considéré comme particulièrement sacré par les bouddhistes du monde entier. Il s'est déclaré persuadé que, grâce à la décision de l'UNESCO, des milliers de pèlerins et de touristes afflueront bientôt vers le temple et contribueront à enrichir le climat culturel et religieux du complexe bouddhiste. Quelques hindous ont également fait part de leur satisfaction. L'un d'entre eux a affirmé que le temple de Bodhgaya était déjà considéré comme un trésor culturel par les bouddhistes et les hindous depuis des millénaires. Cependant, a-t-il ajouté, la récente initiative de l'UNESCO a pour effet de proposer cette terre sainte à la vénération de l'humanité toute entière.
De son côté, l'administration de l'Etat a déjà en tête un grandiose projet de développement pour ce lieu saint du bouddhisme. Le Commissionnaire divisionnaire de Magadh qui est également secrétaire du Comité consultatif du temple de Bodhgaya et le juge du district de Gaya ont même fait une déclaration commune dans laquelle ils envisagent un projet de développement multidimensionnel pour embellir la ville sainte à la mesure de sa nouvelle dignité.
La gestion du temple est depuis longtemps l'objet d'une âpre concurrence entre bouddhistes et hindous. Dans le passé, les hindous ont longtemps gardé le contrôle du sanctuaire. En 1949, le gouvernement du Bihar établit un Comité de gestion du temple composé de cinq hindous et de quatre bouddhistes. Le poste de président du comité était réservé à un hindou, mais il était spécifié que celui de secrétaire serait dévolu à un bouddhiste. Cependant, ce sont les hindous qui accaparèrent les deux postes jusqu'en 1995. A cette époque, la partie bouddhiste réussit à obtenir un contrôle partiel de la gestion des lieux saints et c'est un religieux bouddhiste, le vénérable Prajnasheel Thero, qui en devint secrétaire gestionnaire. Or, au milieu du mois d'août 2001, le gouvernement l'a remplacé par Kalicharan Yadav, un hindou appartenant à la même caste que le ministre-président de l'Etat du Bihar, une nomination que les bouddhistes n'ont pas manqué d'interpréter comme une marque de solidarité de caste.
Bodhgaya, dans l'Etat du Bihar, est connu depuis toujours comme un lieu saint. Selon la tradition bouddhique, c'est là que Cakya Muni parvint à l'éveil auprès d'un arbre. Il libéra son esprit des attaches sensibles et eut la vi-sion de toutes ses existences antérieures et leurs raisons. Il s'en alla plus tard à Bénarès y prêcher sa doctrine. Vers 258 avant Jésus-Christ, l'empereur Asoka y fit les premières constructions dont plus rien ne subsiste. Un nouveau temple, le temple de Mahabodhi, fut construit plus tard au IIe siècle ou au Ve siècle. Il a été décrit au VIe siècle par le pèlerin chinois Hiuan Tsang. Il y eut par la suite de nombreuses restaurations dont la dernière date de 1884.
Cette information a été publiée dans le N° 357 (16 juillet 2002) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07.