Le niveau académique dans le milieu universitaire évangélique aux Etats-Unis a connu de sensibles améliorations au cours des trente dernières années. Plusieurs chercheurs évangéliques ont acquis l'estime de leurs collègues non évangéliques et une notoriété qui dépasse les établissements d'enseignement évangéliques. Plusieurs causes expliquent ces développements: l'une d'entre elles est le financement de ces chercheurs par de généreuses fondations.
Religioscope - 12 juillet 2002 - C'est un passionnant article mis en ligne le 7 juillet 2002 par le magazine évangélique américain Christianity Today qui propose cette analyse, sous la plume de l'historien Michael Hamilton (Seattle Pacific University) et de l'étudiante islandaise Johanna Yngvason.
Comme on le sait, il existe aux Etats-Unis de nombreuses fondations et le mécénat y atteint un ampleur sans équivalent de l'autre côté de l'Atlantique. Or, au début des années 1980, des chercheurs évangéliques ont commencé à recevoir des subventions du Lilly Endowment et des Pew Charitable Trusts, deux fondations dont le rôle est en fait plus large, puisque nombre de chercheurs sur la religion aux Etats-Unis (et pas seulement des évangéliques) ont également bénéficié de leurs largesses, comme le soulignait un article de Mark Clayton mis en ligne au mois de mars 2002 surReligioscope. (Les deux fondations soutiennent aussi des projets sans lien avec le domaine religieux, comme par exemple le projet "Internet & American Life" appuyé par Pew.)
Lilly est issu d'une riche entreprise pharmaceutique (qui a inventé le Prozac dans les années 1980), Pew repose sur une fortune dans les pétroles. Ces fondations disposent de sommes considérables: de 1997 à 2001, Lilly était la fondation la plus riche des Etats-Unis. Même si les questions religieuses ne formaient qu'une section de son activité, cela représentait déjà des montants qui peuvent faire rêver des chercheurs universitaires.
Des expériences positives avec de jeunes et prometteurs chercheurs évangéliques conduisirent le Lilly Endowment à financer le lancement en 1982 de l'Institute for the Study of American Evangelicals (ISAE). A ce jour, cet institut a reçu à lui seul plus de 2 millions de dollars de Lilly. Pew a par la suite également contribué au financement de l'ISAE.
Les Pew Charitable Trusts ont investi en dix ans plus de 15 millions de dollars pour soutenir des chercheurs évangéliques. Dans une mesure moindre, d'autres fondations ont également contribué à encourager les recherches menées par des universitaires évangéliques.
Comme le souligne Hamilton, ce soutien financier n'explique pas tout: il s'est trouvé disponible au moment où une génération montante de chercheurs de qualité s'affirmait. Mais il ne fait guère de doute - indépendamment de la pérennité de ce soutien à l'avenir - que les moyens ainsi mis à disposition ont aidé de façon peut-être décisive l'élite des chercheurs évangéliques à poursuivre les recherches qui leur ont permis de se profiler. (JFM)