Retardé par la fusillade qui s'était produite le jeudi 4 juillet à l'aéroport de Los Angeles, le vol 106 de la compagnie aérienne israélienne El Al a finalement atterri à l'aéroport Ben Gurion de Tel Aviv durant le sabbat. Cela a provoqué la colère des partis religieux. Ce n'est pas la première fois que la compagnie se trouve confrontée à des protestations de milieux juifs orthodoxes.
Seize heures de retard au départ: le vol 106 d'El Al ne pouvait arriver en Israël avant le sabbat. De l'avis de certains représentants des partis religieux, seul une mise en péril de la vie des passagers aurait pu justifier un infraction à la règle du sabbat. Ce n'était pas le cas. Il aurait donc fallu, estime-t-il, interrompre le vol à Toronto ou sur sol européen et le faire repartir après la fin du sabbat.
Au lieu de cela, les voyageurs observant les principes religieux ont été logés dans des hôtels à leur arrivée afin de leur éviter de profaner le sabbat en poursuivant leur route.
Attaqué par le Parti national religieux, le ministre des Transports, Ephraim Sneh, a déclaré prendre l'entière responsabilité de ce vol, en soulignant que la seule attitude humaine face à des gens qui avaient subi le traumatisme d'une fusillade et un retard de 16 heures était de leur permettre de retrouver leurs familles le plus rapidement possible (Jerusalem Post, 7 juillet 2002). Il a souligné que la possibilité avait été offerte aux passagers religieux d'attendre un prochain vol à Los Angeles ou à Toronto (Ha'aretz, 7 juillet 2002).
Il ne faut pas attribuer une trop grande importance à ces escarmouches. Mais elles sont révélatrices des tensions périodiques qui se produisent en Israël entre camps religieux et juifs moins stricts ou non croyants.
La compagnie El Al s'est trouvée à plusieurs reprises confrontée à des demandes liées à l'application des règles religieuses. En effet, elle appartient principalement au gouvernement - mais sa privatisation est annoncée: le 8 juillet 2002, le gouvernement israélien a d'ailleurs annoncé vouloir vendre la totalité de ses parts. Au milieu des années 1970, El Al avait commencé à organiser des vols quittant des aéroports étrangers durant le sabbat, mais arrivant en Israël après la fin de celui-ci. Cela avait provoqué le tollé des partis religieux, qui avaient réussi à obtenir l'abrogation de cette pratique en 1981, en échange de leur soutien au gouvernement de coalition de Menahem Begin.
Selon certaines estimations, l'absence de vols durant le sabbat ferait perdre à El Al des dizaines de millions de dollars par an. Les partis religieux se montrent réticents face à la privatisation, craignant que celle-ci ne permette plus d'imposer l'interdiction des vols durant le sabbat (Jerusalem Post, 9 juillet 2002).